De la défense à la sécurité : une vision industrielle
Mondialisation et progrès technologique sont étroitement liés. Il en résulte un changement de nature complet sur les menaces qui affectent tant les personnes que les États : sécurité et défense nécessitent une approche commune et transnationale. Les réponses à mettre en oeuvre reposent désormais sur des solutions de plus en plus globales, combinant technologies civile et militaire.
Phénomène global et multiforme touchant toutes les dimensions de la vie économique, sociale et politique des sociétés contemporaines, la mondialisation se caractérise d’abord par le formidable essor des flux de personnes, de biens, de capitaux et de données par-delà les frontières des États.
Aéronautique et dualité
Face à une clientèle de plus en plus exigeante, il est indispensable de disposer d’atouts exceptionnels, à commencer par l’approche duale, depuis les fonctions et produits communs destinés aux avions civils et militaires jusqu’aux technologies et expertises de ses équipes.
Par exemple, l’expérience de la conduite du développement des grands systèmes logiciels complexes, acquise dans des programmes militaires, se décline naturellement dans le domaine civil sur les systèmes de gestion de vol de l’avion (Flight Management System) ou de multimédias de bord destinés aux passagers (In Flight Entertainment).
La sécurité est un enjeu transnational
Le progrès technique joue un rôle déterminant dans cet essor. Il permet le développement rapide des infrastructures indispensables à la mondialisation : moyens de communication et systèmes d’information qui servent de support aux flux de capitaux et de données ; réseaux de transport aériens, maritimes et terrestres indispensables à la mobilité des personnes et des biens ; réseaux d’énergie permettant une rencontre de l’offre et de la demande d’énergie.
La mondialisation offre d’abord des libertés nouvelles aux individus : liberté de circuler, d’investir, d’échanger des idées… Mais elle offre aussi des opportunités nouvelles à ceux qui veulent déstabiliser nos sociétés pour des motifs criminels ou politiques.
Un centre opérationnel Thales Battlespace Transformation.
Les groupes visant l’accumulation de profits illégaux (grand banditisme, mafias, narcotrafic) ou la déstabilisation de l’ordre politique au sein d’un ou de plusieurs États donnés (terrorisme, séparatisme, fondamentalisme religieux) bénéficient eux aussi des libertés nouvelles de la mondialisation qui décuplent leurs possibilités de communiquer et favorisent leur accès à des équipements, à des savoirs ou à des technologies autrefois protégés derrière les frontières étatiques ; et ils y puisent de nouvelles possibilités d’action. Ainsi quel serait, par exemple, l’impact sur l’économie mondiale d’une attaque cybernétique de grande ampleur contre le système financier mondial ?
Dans ce contexte, les États ne peuvent plus s’abriter derrière leurs frontières géographiques pour protéger leurs populations, avec la police pour assurer la sécurité à l’intérieur et l’armée pour protéger les frontières. La sécurité des sociétés et des personnes est un enjeu profondément transnational, qui exige des États qu’ils déploient des moyens d’action nouveaux, par-delà les frontières et en coopération avec leurs partenaires. Ces moyens d’action doivent tirer le meilleur parti du progrès technologique, tout en restant compatibles, dans les sociétés démocratiques, avec le respect des droits et libertés du citoyen.
Un continuum défense-sécurité
Dans ce contexte, la séparation entre politique de sécurité et politique de défense tend à s’estomper au profit d’une vision d’ensemble des menaces de toute nature et des réponses qu’il est possible d’y apporter. Le vocable sécurité est à prendre ici dans un sens très général, englobant aussi bien la prise en compte des menaces à caractère intentionnel que celle des risques de toute nature.
Moyens militaires et civils sont employés conjointement
Le constat est partout fait que, dans un monde ouvert, la préservation de la sécurité nationale commence, en amont de toute réponse de nature militaire, par la capacité de protection des grandes infrastructures devenues critiques pour l’exercice par chaque citoyen de ses libertés fondamentales : liberté de voyager (transport aérien et ferroviaire), liberté de communiquer (Internet), liberté d’investir et d’entreprendre (sécurité du système financier), accès à l’énergie. Et cette capacité nécessite de doter les pouvoirs publics des moyens adaptés de surveillance, de contrôle et d’observation de manière à prévenir autant que possible les attaques. À cette continuité des menaces fait écho une continuité opérationnelle qui dessine une zone grise où les moyens militaires et civils sont employés conjointement, où des moyens militaires peuvent servir à des fins civiles et des moyens civils à des fins militaires. Après la réorientation de la politique de sécurité américaine au lendemain du 11 septembre 2001, ce constat est au cœur des stratégies de sécurité nationale récemment adoptées par la France (Livre blanc » Défense et Sécurité nationale ») et par le Royaume-Uni.
Solutions globales et technologies duales
Face à cette mutation profonde et durable des enjeux de défense et de sécurité, les États et leurs partenaires (pouvoirs locaux, opérateurs d’infrastructures) rechercheront de plus en plus des solutions de sécurité. C’est pourquoi les entreprises leaders du marché ont choisi de se développer dans les deux domaines de la défense et de la sécurité, pour bénéficier et faire bénéficier leurs clients de la dualité des technologies et des solutions développées.
Ce choix repose sur la conviction que l’action des pouvoirs publics et des opérateurs d’infrastructures critiques dans le domaine civil repose sur un socle dual de technologies et de savoir-faire qui ont déjà bénéficié d’investissements importants dans le domaine militaire et qui peuvent être déclinés dans le domaine civil.
On peut citer parmi les composantes majeures de ce socle :
- les techniques de détection et d’identification de menaces et d’anomalies ;
– l’intégration de systèmes complexes ;
– la capacité de traitement de l’information en temps réel ;
– l’extraction d’informations pertinentes dans les très grandes bases de données ;
– les systèmes d’aide à la décision ;
– les systèmes de communication sécurisés.
Les défis de la sécurité nationale et transnationale ne peuvent trouver de réponses qu’auprès de groupes industriels experts en intégration de systèmes et ayant la double compétence des systèmes civils et militaires. Ils sont les mieux à même d’apporter des réponses adaptées aux défis de la sécurité nationale. Faire vivre cette dualité doit être un souci permanent de ces groupes, qui s’assurent que les outils de développement, les technologies et les compétences circulent, pour tirer le meilleur parti possible de leurs performances au service de la sécurité globale de leurs clients.