De la pluie et du beau temps
Il se dit que le président Mitterrand abhorrait ce sujet et défendait qu’on l’évoquât devant lui : « Le temps, il est ce qu’il est ! Cela suffit. » À la différence du père du narrateur de Proust qui s’offusquait : « Comment ? Il [Bloch] ne peut même pas me dire le temps qu’il fait ? Mais il n’y a rien de plus intéressant ! C’est un imbécile. »
Après un été dont le début a été marqué, ici par des épisodes caniculaires exceptionnels, là par des chutes de grêle jamais vues, ailleurs par un Alaska transformé en Côte d’Azur, vous serez sans doute curieux d’en savoir plus sur l’état de la discipline scientifique, les applications et les perspectives de la météorologie : ce sera un dossier copieux, que deux numéros de la J&R ne suffiront pas à épuiser !
“Le polytechnicien ne craint pas
les caprices du temps :
il lui suffit de les comprendre”
Comme son nom l’indique, la météorologie nous incite à regarder vers le haut. L’homme moderne ne scrute plus le ciel en quête de réponses des dieux à ses questions existentielles, mais d’indications utiles pour ses voyages, ses cultures, ses activités diverses… Pas un média qui ne propose ses prévisions, sans cesse mises à jour, et de plus en plus précises et fiables.
À l’heure des infox en tous genres, des prévisions complotistes et des oracles rendus par quelque jeune pythie scandinave, la rubrique météorologique est sans doute la dernière où l’on ne redoute pas (pas encore ?) d’être victime d’une désinformation ou d’un canular (à part, peut-être la météo du Télégramme de Brest en période estivale, visiblement orientée ad usum des vacanciers crédules…). Ayant semble-t-il perdu confiance dans l’honnêteté des politiques, la probité des journalistes, la ponctualité des trains, le prix de la baguette et l’efficacité de l’homéopathie, nous nous tournons vers le dernier oracle sûr.
Ainsi informé, le polytechnicien, homme ou femme de science et de raison, ne craint pas les caprices du temps : il lui suffit de les comprendre.