De nouvelles perspectives pour l’industrie spatiale
Vous avez rejoint le CNES dès votre sortie de l’École.
Dites-nous-en plus.
Je suis entré au CNES en 1989 pour travailler sur les vols spatiaux habités en tant que responsable sécurité puis Chef de Projet avec notamment la création du CADMOS , centre opérationnel de préparation et suivi des vols situé à Toulouse.
J’ai ensuite été en charge de l’ensemble des projets scientifiques avant de prendre la responsabilité de tous les projets de satellites du CNES. J’ai ensuite pris la direction adjointe du Centre de Toulouse.
En 2015, on m’a demandé de mettre en place une nouvelle direction au CNES : la Direction de l’Innovation des Applications et de la science et depuis mi 2017 , je suis Directeur Général Délégué.
Le monde spatial vit une véritable révolution.
Qu’en est-il?
Le domaine spatial s’est développé autour de 2 piliers stratégiques : la science et la défense. D’ailleurs, nos ministères de tutelle sont le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation et le Ministère des Armées.
Aujourd’hui, l’observation de la Terre et la navigation permettent de plus en plus d’applications et ne concernent plus uniquement ces deux sujets. Nous développons des missions de plus en plus diverses qui répondent à des enjeux sociétaux et apportent des solutions dans des domaines très variés ; agriculture, aménagement du territoire, sécurité, transport, santé, tourisme…
Cette évolution de nos activités expose le domaine à la concurrence internationale donc aux impératifs de compétitivité et de réduction des coûts. En une quinzaine d’années, nous sommes passés de 4 à 5 puissances spatiales à plusieurs dizaines de pays qui se positionnement sur ce secteur.
Comment cela vous impacte-t-il?
L’évolution du contexte nous pousse à nous remettre en question : comment positionner une agence et un centre technique comme le CNES dans ce nouveau panorama ? Comment continuer à apporter de la valeur ajoutée dans ce nouveau système ? Comment s’interfacer avec des acteurs et des utilisateurs de plus en plus variés ?
Dans un écosystème complètement ouvert, nous sommes face à des enjeux forts de compétitivité, de réactivité, d’industrialisation de la technologie et de changement d’échelle. En parallèle, nos domaines historiques, notamment la défense, vont pouvoir tirer profit de cette nouvelle dynamique.
Et en sciences, nous sommes positionnés sur des missions de plus en plus ambitieuses. Nous réalisons de nombreuses missions dans le cadre de l’Agence Spatiale Européenne ou en coopération bilatérale avec la NASA notamment pour l’exploration ou l’océanographie opérationnelle mais nous coopérons aussi avec des dizaines de pays très différents.
Cette explosion des possibles pose la question de la gestion de nos ressources. En tant qu’agence nationale, nous nous devons de répondre à tous ces enjeux et cela nécessite une évolution de nos métiers, de nos processus et de nos modes d’intervention.
Quels sont les sujets qui vous mobilisent à l’heure actuelle?
Nous travaillons beaucoup sur Ariane 6 qui est en cours de développement avec pour ambition de nous positionner dès maintenant sur les lanceurs de demain.
Nous sommes aussi très mobilisés autour du changement climatique avec un axe autour des océans, la mesure des gaz à effet de serre, la gestion de l’eau, des prévisions météo…
Nous développons avec nos partenaires des satellites pour pouvoir surveiller tous ces phénomènes, mais aussi des solutions pour optimiser le traitement et le partage des données collectées.
Nous utilisons cette connaissance de la donnée spatiale afin de proposer des solutions dans d’autres domaines aussi divers que le B T P ou encore l’agriculture de précision. 67