Sous-marin à propulsion humaine, structure interne

De Plymouth à Saint-Malo en sous-marin à propulsion humaine

Dossier : ExpressionsMagazine N°687 Septembre 2013
Par Antoine DELAFARGUE (00)
Par Michael De LAGARDE (00)

Le défi peut sem­bler fou : pas­ser une semaine au fond de la Manche, entre Ply­mouth et Saint- Malo, dans un sous-marin de poche à pédales.

Parce qu’ils le valent bien
Comme l’avouent avec jubi­la­tion ses inven­teurs, Antoine Dela­fargue et Michael de Lagarde, ce pro­jet de tra­ver­sée de la Manche en sous-marin à pédales est un peu fou.
Pour­tant, il est étu­dié avec une grande rigueur : posez leur une ques­tion sur la concep­tion du sous-marin, la navi­ga­tion, les aléas de la Manche, la ges­tion de la sécu­ri­té, les risques de san­té, les appli­ca­tions scien­ti­fiques ou la com­mu­ni­ca­tion, et ils vous expo­se­ront leur ana­lyse. Inter­ro­gez-les sur les par­te­naires, indus­triels, de vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique, et ils vous pré­sen­te­ront leurs démarches.
Devant un pro­jet à la fois si fou et si construit, je ne pou­vais que leur appor­ter mon sou­tien. Aidez-les, ils le méritent.

J.-F. Mins­ter (70),
par­rain du projet

Pour­tant l’entreprise est très sérieuse et lon­gue­ment réflé­chie, puisqu’elle est née d’un authen­tique rêve de gamin, nour­ri de Jules Verne, Rack­ham Le Rouge, J.- Y. Cous­teau, et des images des pre­miers sub­mer­sibles his­to­riques, à pro­pul­sion humaine eux aus­si. Avec l’âge et les res­pon­sa­bi­li­tés, on oublie trop faci­le­ment ces rêves d’exploration et de véhi­cules exotiques.

Pour­tant ils ont bien sou­vent gar­dé notre curio­si­té et notre ima­gi­na­tion en éveil et été à l’origine de nos voca­tions d’ingénieurs. Ce pro­jet est ain­si pour nous une façon de trans­mettre aux plus jeunes notre pas­sion pour les défis techniques.

Un défi physique et technique

Les obs­tacles à sur­mon­ter sont au ren­dez-vous et couvrent des domaines variés, des pro­cé­dures de sou­dage à la phy­sio­lo­gie du sport en pas­sant par l’optimisation hydrodynamique.

Avec l’âge, on oublie trop faci­le­ment les rêves d’exploration et de véhi­cules exotiques

La coque du sous-marin devra notam­ment résis­ter à la pres­sion de l’eau au plus pro­fond de l’itinéraire (– 120 m), qui exer­ce­ra sur la trappe d’entrée une force équi­va­lente au poids d’un semi-remorque.

La forme du sous-marin et le train de pro­pul­sion doivent être opti­mi­sés pour tirer le maxi­mum des 150 watts de nos jambes, dans une région où les cou­rants de marée sont par­mi les plus forts au monde.

La navi­ga­tion le long du fond, à l’estime et sans GPS, pimen­te­ra l’aventure, même si un bateau sui­veur sera là pour nous pré­ve­nir en cas de sor­tie d’un péri­mètre prédéfini.

Sur le plan phy­sique, enfin, le péda­lage en relais à deux coû­te­ra en calo­ries à cha­cun de nous l’équivalent d’un mara­thon par jour. Avec un tel méta­bo­lisme, l’air devra être recy­clé dans l’habitacle au même rythme que si nous étions cinq au repos. Et nous devrons tenir à deux dans moins de deux mètres cubes pen­dant une semaine.

Vue de la coque interne en acier et des réser­voirs d’oxygène.

Sous-marin à propulsion humaine, pédalage
Poste avant de pilo­tage et pédalage.

Le sous-marin sera ain­si pro­ba­ble­ment le plus petit sous-marin auto­nome en haute mer jamais construit, et le pre­mier de ce type à pro­pul­sion humaine.

En atten­dant les tests en gran­deur nature, nous nous repo­sons sur des cal­culs, tests phy­sio­lo­giques et nos par­te­naires, notam­ment Mar­lin Sub­ma­rines, spé­cia­listes des marins de poche auto­nomes situés par chance à Plymouth.

La Manche inconnue

Le choix de la Manche Ouest a été facile. Pour un Bre­ton, la Manche fait par­tie du pay­sage, mais sous l’eau ? Les plon­geurs locaux témé­raires s’y risquent pen­dant la courte période de ren­verse des cou­rants, mais les images sous-marines sont qua­si incon­nues du grand public. C’est dom­mage, car la Manche regorge d’énergie et de vie sans par­ler des cen­taines d’épaves qui y gisent.

Pour en savoir plus
Pour suivre ou même l’aventure, ren­dez-vous sur www.projetpoissonpilote.com

Nous comp­tons donc enre­gis­trer des images du fond en conti­nu sur près de 300 km, mais sans pour autant faire notre tri entre images de faune, flore, épaves ou déchets. Le sous-marin et les images seront ensuite expo­sés au grand public dans l’un des musées ou aqua­riums de la région de Saint-Malo.

Nous espé­rons ain­si que ces images repré­sen­ta­tives éclai­re­ront les acteurs des poli­tiques publiques dans leur choix concer­nant les quo­tas de pêche, parcs marins, pro­jets éoliens et hydroliens.

Et cette mois­son d’images sans pré­cé­dent inté­resse aus­si des cher­cheurs en bio­lo­gie marine du CRESCO de Dinard (Centre d’études et d’enseignement sur les sys­tèmes côtiers), par­ti­cu­liè­re­ment dans la zone cen­trale plus profonde.

Agen­da du projet

  • Été 2013 : lan­ce­ment du pro­jet, ingé­nie­rie détaillée et construc­tion du sous-marin.
  • Jan­vier-juillet 2014 : assem­blage et tests du sous-marin.
  • Août 2014 : tra­ver­sée de Ply­mouth à Saint-Malo, puis expo­si­tion du sous-marin dans la mari­na de Saint-Malo.
  • Sep­tembre 2014-mi 2015 : expo­si­tion du sous-marin et des images de la Manche (pro­ba­ble­ment au Grand Aqua­rium de Saint-Malo, avec lequel nous sommes en discussion).
  • 2015 et au-delà : le sous-marin est dis­po­nible pour des expo­si­tions ou d’autres expé­di­tions du même type.

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