De retour au pays, ils aident aux réformes
Le rôle des returnees s’inscrit dans une longue tradition du recours par le pouvoir politique à des experts, « passeurs » entre vision occidentale et chinoise, pour préparer des réformes.
La liberté académique sur les campus et la qualité de vie dans les grandes villes s’améliorent en effet rapidement, de même que les perspectives de carrière.
REPÈRES
L’envoi des premiers étudiants chinois à l’étranger date de 1872. Le retour est un phénomène récent, important depuis les années 1990. Une des raisons en est la mise en place par le Parti-État de programmes d’aides sous forme de prix ou d’avantages pour encourager le retour de professionnels de haut niveau formés à l’étranger.
Une capacité de négociation
Après une expérience professionnelle à l’étranger, souvent aux États-Unis, les returnees ont une capacité de négociation plus forte car ils font valoir la rareté des ressources qu’ils apportent : langue, réseau de connaissances internationales, accès aux financements étrangers, compétences, style d’enseignement et de communication, etc.
Les mille talents
Les programmes d’aide les plus connus sont « Les Mille Talents », le « plan Chunhui » (bourgeon de printemps) et le « prix Changjiang ». Une liste en est publiée sur le site du service de l’éducation de l’ambassade de Chine : http://www.edu-ambchine.org
Ce « capital transnational » permet une amélioration statutaire et du niveau de vie, mais il profite aussi à l’institution d’accueil, voire à l’ensemble de la communauté académique. Les returnees ont rendu possibles le transfert de savoir-faire, l’introduction de nouveaux outils pédagogiques, l’obtention de ressources financières supplémentaires, la renaissance de disciplines, la diffusion d’idées et de références nord-américaines.
Une expérience différente
Avec l’accroissement de leur nombre, les returnees deviennent des acteurs du changement. Ils ont vécu dans des sociétés et sous des régimes politiques différents. L’éloignement a poussé certains d’entre eux vers un nationalisme identitaire, mais en général, à leur retour, ils ont une attitude prudente, pragmatique et non dogmatique.
Une attitude prudente, pragmatique et non dogmatique
L’expérience des limites des autres systèmes les rend en général favorables aux transformations progressives. Si leur influence directe en tant qu’intellectuels est encore discrète dans la prise de décision politique, leur rôle est important car, par leurs recherches, ils sont une source d’information.
Au sein du Parti
L’accroissement du pouvoir des universitaires returnees va de pair avec l’augmentation de la représentation des diplômés à l’étranger au sein du comité central du Parti. Cantonnés jusqu’à la fin des années 1990 aux ministères et administrations dits « techniques », ils sont aujourd’hui admis dans quasi toutes les administrations et à tous les niveaux du gouvernement.
La méfiance du Parti à leur encontre s’estompe peu à peu. À l’avenir, les returnees occuperont sans doute des positions de pouvoir dans la plupart des universités, accélérant la montée en gamme de l’enseignement supérieur chinois et des capacités d’innovation scientifique et technologique du pays.