Décarbonation des PME et ETI : il ne faut pas se tromper de combat !
Bpifrance Le Lab aide les entreprises, PME et ETI, à mieux appréhender l’enjeu climatique afin d’intégrer cette nouvelle donne dans leur stratégie. Explications d’Élise Tissier, directrice Bpifrance Le Lab.
Pouvez-vous nous présenter Bpifrance Le Lab et son périmètre d’action ?
Bpifrance Le Lab est un laboratoire d’idées sur et pour les PME-ETI françaises. Nous sommes entre le laboratoire de recherche en sciences de gestion et la cabinet de conseil : rigueur scientifique et souci du « client » sont deux principes forts. Et selon ces deux principes, nous menons des études pour mieux comprendre le fonctionnement des PME-ETI et de leurs dirigeants. Parmi les études les plus marquantes : la solitude des dirigeants, la transformation digitale, la marque employeur ou plus récemment la raison d’être et la société à mission.
Plus particulièrement, comment accompagnez-vous les PME et les ETI afin de mieux s’adapter à l’enjeu climatique et environnemental ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Le Lab s’inscrit complètement dans le plan stratégique de Bpifrance qui finance et accompagne les entreprises dans leur transition. De manière très concrète, nous avons mené deux études : une première étude « diagnostic » pour comprendre l’opinion des dirigeants et leurs actions à la tête de leur entreprise pour répondre aux enjeux d’atténuation et d’adaptation, et une seconde pour proposer des grilles d’analyse cohérentes avec la Stratégie Nationale Bas Carbone et pour faciliter le passage à l’action. Nous poursuivons ces travaux en les élargissant à l’économie régénératrice, et en multipliant les partenariats notamment avec le centre interdisciplinaire Energy4Climate. Parmi les enseignements issus des études de cas d’entreprises précurseurs : le degré intensif en innovation et la nécessité de développer des partenariats (avec d’autres entreprises et/ou des laboratoires de recherche), l’importance de la conduite du changement et de la formation de tous les collaborateurs, la nécessité d’engager son écosystème amont/aval.
Dans cette démarche, quels sont les principaux enjeux ?
Les enjeux sont bien sûr multiples. J’en citerai trois : d’abord ne pas se tromper de combat. Il s’agit pour les entreprises de développer des business models durables et pas simplement de décarboner leurs activités. Avoir une empreinte carbone nulle mais plus de clients n’est pas possible, d’où cette nécessité de concilier enjeux climatiques et enjeux économiques. Ensuite, ne pas culpabiliser les entreprises, mais en faire de véritables instruments de la transition : l’innovation et la capacité à se ré-inventer sont au cœur des PME. Toutes les PME précurseurs que nous avons rencontrées ont une forte culture de l’innovation et investissent significativement pour proposer une nouvelle offre à leurs clients voire à de nouveaux clients. Et enfin, ne laisser personne sur le bord de la route. Toutes les entreprises seront concernées, par la voie de la réglementation ou par la voie du client. Il est donc important de faire de la pédagogie et de permettre aux entreprises d’agir maintenant pour saisir les opportunités en lien avec la transition vers un monde décarboné et quoi qu’il arrive déréglé. C’est aussi un vecteur d’attractivité de talents de plus en plus sensibles à l’engagement sincère et entier des entreprises.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?
L’objectif pour Bpifrance est d’engager un maximum d’entreprises dans la transition. Pour y parvenir, nous avons un plan climat qui s’appuie sur 3 piliers : le soutien aux offreurs de solutions (ENR et Greentech), le financement et l’accompagnement des entreprises dans la transition, et enfin la mise en transition de Bpifrance elle-même. Le second pilier s’appuie sur des diagnostics réalisés avec l’Ademe pour optimiser les flux (énergie, eau, matière) au sein des PME-ETI, pour évaluer l’empreinte carbone et mettre en place un plan d’actions, ou encore pour optimiser la performance énergétique du parc immobilier.