Découvertes (à l’Est)
Une noix
Qu’y a‑t-il à l’intérieur d’une noix
Qu’est-ce qu’on y voit
Quand elle est ouverte
On n’a pas le temps d’y voir
On la croque et puis bonsoir
On n’a pas le temps d’y voir
On la croque et puis bonsoir
Les découvertes.
Charles Trenet, Une noix
George Enescu – Symphonies
Enescu est connu comme chef et comme violoniste – qui n’a été ému aux larmes à l’écoute du Concerto pour deux violons de Bach avec un Yehudi Menuhin de 16 ans ? – moins comme compositeur. Or son œuvre ne se limite pas à la Rapsodie roumaine n° 1, pièce à l’enthousiasme communicatif : il aura été un grand symphoniste, comme on peut le découvrir à l’écoute des trois Symphonies enregistrées par son concitoyen Cristian Măcelaru à la tête de l’Orchestre national de France. Écrites toutes trois dans les premières années du XXe siècle, elles caractérisent bien l’évolution du langage musical à cette époque charnière, de la première dans la lignée de Brahms à la ‑troisième, avec chœurs – la plus belle à notre avis –, contemporaine de La Mer de Debussy et de Daphnis et Chloé de Ravel, dont elle s’inspire clairement. Ce que révèlent ces trois œuvres singulières, c’est un talent d’orchestrateur qui ne le cède en rien à Ravel et Richard Strauss. Les deux Rapsodies roumaines – la deuxième très rarement jouée, autre découverte – complètent cet album, qui ravira les amateurs de belle ‑architecture musicale et de riche orchestration.
3 CD Deutsche Grammophon
Gidon Kremer – Chants du destin
Gidon Kremer est un musicien des plus extraordinaires du XXe siècle ; à la fois letton, russe, allemand, suédois et, par-dessus tout cela, juif. C’est précisément cette judéité qui constitue le cadre de l’album Chants du destin qu’il a enregistré à la tête de son célèbre orchestre de chambre Kremerata Baltica, composé de musiciens des pays baltes. Il présente d’abord des pièces de compositeurs baltes contemporains : Ceci aussi passera, de Rymantė Šerkšnytė, pour violon, violoncelle, vibraphone et orchestre à cordes ; des chants dont la Lamentation de David, Prélude Kaddish, etc., avec une soprano, de Giedrius Kuprevičius, Lignum de Jēkabs Jančevskis. L’autre moitié du disque est consacrée au grand Mieczysław Weinberg, disciple de Chostakovitch, dont il a été question à plusieurs reprises dans ces colonnes : Nocturne et Kujawiak, pour violon et orchestre, des chants yiddish et une sublime Aria pour quatuor à cordes. Toutes ces musiques sont marquées du sceau du tragique qui empreint la culture des Juifs d’Europe de l’Est et, en même temps, de cette espérance qui n’a jamais abandonné le peuple juif tout au long de son histoire.
1 CD ECM
Weinberg – Sonates pour violoncelle seul
C’est précisément à Gidon Kremer que le violoncelliste italien Mario Brunello doit sa découverte de la musique de Weinberg, dont il vient d’enregistrer les quatre Sonates pour violoncelle seul. On sait que Weinberg a eu une existence difficile, fuyant sa Pologne natale pour échapper aux nazis pour trouver, en Union soviétique, les purges staliniennes auxquelles seule la protection de son ami Chostakovitch lui a permis d’échapper. Aucune joie, aucune insouciance dans ces quatre Sonates, musique pure et dure « en noir et blanc » comme l’écrit ‑Brunello, que l’on écoute en pensant aux Suites de Bach dont elles s’inspirent clairement. Une œuvre profondément originale et qui mérite la découverte.
1 CD ARCANA