La défense de l’eau pour mission
Saur ambitionne de mettre l’ensemble de ses expertises – auprès des collectivités, des consommateurs et des industriels – au service d’un objectif de long-terme : défendre l’eau à l’heure de l’urgence écologique. Rencontre avec Patrick Blethon, CEO du groupe Saur.
Qu’entendez-vous par « défendre l’eau » ?
Le grand défi du XXIe siècle est indéniablement l’adaptation de notre mode de vie et de développement aux enjeux écologiques. Comment construire des sociétés de croissance fondées non plus sur un modèle de prédation mais sur une économie qui intègre la fragilité de la ressource : voilà l’urgence du présent.
Chez Saur, cela fait près d’un siècle que nous travaillons cette ressource exceptionnelle qu’est l’eau.
“Ce service de l’eau réinventé, nous voulons en faire un modèle pour les années à venir dans nos géographies d’expansion.”
Dans un contexte où les pressions qui pèsent sur elle s’intensifient – je pense évidemment aux pollutions, aux sécheresses, à la répartition de la ressource, aux enjeux sanitaires… – un groupe comme le nôtre a le devoir de s’engager pour protéger l’eau, à la fois dans ses activités, et au-delà, en embarquant ses parties prenantes dans une dynamique collective de défense de l’eau.
Qu’est-ce que cela implique du point de vue de votre stratégie ?
De s’inscrire dans une redéfinition claire du business modèle de l’eau. Y‑a-t-il encore un sens à rémunérer les délégataires au m3 consommé et non à la performance, ce qui serait évidemment plus vertueux ? La stratégie que nous déployons aujourd’hui nous y prépare par nos choix volontaristes en termes de performances techniques, organisationnelles et de relation client.
Ce service de l’eau réinventé, nous voulons en faire un modèle pour les années à venir dans nos géographies d’expansion, comme au Moyen-Orient et en Amérique latine, et bien sûr en Europe, où l’enjeu de la consolidation d’une autonomie stratégique via la réindustrialisation du continent implique qu’un groupe comme Saur fasse monter en puissance ses expertises en matière de traitement des eaux industrielles. Notre responsabilité d’acteur de l’eau, en 2020, c’est d’assurer le service essentiel qui nous est confié, quelles que soient les circonstances, mais aussi de participer à la recréation de bassins industriels sans réimportation des pollutions.
Selon vous, la crise de la Covid-19 a donc renforcé la conviction stratégique que vous portez au sein du groupe ?
Évidemment ! En premier lieu, parce que cette crise a été une nouvelle occasion pour les collaborateurs de Saur de montrer que la seule boussole de leur engagement est l’intérêt général. Travailler dans les services de l’eau, c’est travailler à l’intérêt collectif. Et on a bien vu ces derniers mois combien les enjeux de qualité de l’eau étaient cruciaux sur le plan sanitaire ! Pour le dire clairement : être à la hauteur de sa responsabilité d’entreprise de l’eau dans la période de crise que nous traversons, c’est nécessairement s’engager à la défendre.
Comment comptez-vous y parvenir ?
En capitalisant sur notre histoire, nos valeurs et nos savoir-faire. Le groupe Saur est riche des compétences que nous avons acquises sur le terrain, au plus près des enjeux de l’eau, et cela se ressent dans l’engagement de nos collaborateurs. Quant à nos expertises, elles sont en constante évolution pour suivre les besoins de la société : nous visons l’innovation de pointe plus que la masse critique.
D’ailleurs, le marché ne s’intéresse plus à la taille mais au projet d’entreprise, à sa cohérence et à son ambition. C’est tout le sens, par exemple, des acquisitions récentes du groupe – Unidro, Econvert, Nijhuis – pour construire une véritable plateforme européenne en matière de traitement des eaux industrielles. Chaque décision que nous prenons vise à consolider notre position de référence des enjeux et des usages de l’eau pour être en mesure de la défendre au mieux.