Axione

Démocratiser la connectivité

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°753 Mars 2020
Par Éric JAMMARON

L’accès au THD est deve­nu un vec­teur de com­pé­ti­ti­vi­té et d’attractivité des ter­ri­toires. Ana­lyse d’Éric Jam­ma­ron, direc­teur géné­ral délé­gué d’Axione. Il nous pré­sente la valeur ajou­tée de l’infrastructure télé­com mutua­li­sée et son rôle dans la redy­na­mi­sa­tion des régions.

Axione a vu le jour en 2003 pour répondre à la problématique de l’aménagement numérique. Dites-nous en plus sur votre cœur de métier.

Il s’agit de trou­ver des solu­tions pour répondre aux contraintes des ter­ri­toires en termes de connec­ti­vi­té. Le prin­cipe est de per­mettre à tous les opé­ra­teurs télé­com de pro­po­ser par­tout les meilleures offres de ser­vices sans avoir à construire le réseau jusqu’au client. Concrè­te­ment, nous conce­vons, construi­sons, finan­çons et exploi­tons des réseaux télé­com nou­velle géné­ra­tion fibre et radio, par­tant des data­cen­ters natio­naux jusqu’au der­nier bâti­ment d’un dépar­te­ment. Ces réseaux sont ensuite loués aux opé­ra­teurs. Cette pro­blé­ma­tique récente est née du fait que, notam­ment dans les ter­ri­toires peu denses, le risque lié à la ren­ta­bi­li­té des inves­tis­se­ments limite la pré­sence des opé­ra­teurs. Pour répondre à cet enjeu, nous sommes par­tis de l’idée de mutua­li­ser une même infra­struc­ture télé­com uti­li­sée par tous les offreurs de ser­vices en bri­sant l’adage « un opé­ra­teur, un réseau ».

Dans quelle mesure pensez-vous que le très haut débit favorise le dynamisme économique des territoires ?

Le numé­rique a pris une place essen­tielle dans notre vie quo­ti­dienne : san­té, édu­ca­tion, éco­no­mie, mobi­li­té, ser­vice public… Ce constat ne ces­se­ra pas d’augmenter dans les années à venir. 

En effet, un grand nombre de ser­vices, publics et mar­chands, sont aujourd’hui plus faci­le­ment acces­sible par inter­net. Il faut donc appor­ter des réponses per­ti­nentes pour que l’ensemble des ter­ri­toires soient égaux devant cette réa­li­té numérique.

Il y a aujourd’hui une contrac­tion urbaine plus forte et un désir de s’installer dans des zones moins denses. Les indi­vi­dus s’attendent à avoir en 1er lieu une bonne connec­ti­vi­té et un bon réseau. 

Inter­net est deve­nu un outil de pro­duc­tion, de com­mer­cia­li­sa­tion et de socia­bi­li­sa­tion. Bâtir une infra­struc­ture qui change la vie des gens et des entre­prises donne du sens à notre pro­jet et s’inscrit com­plè­te­ment dans une contri­bu­tion durable à une socié­té de pro­grès. Ins­tal­ler la connec­ti­vi­té par­faite et uni­ver­selle, c’est don­ner à cha­cun une chance équi­va­lente de se déve­lop­per, apprendre, se soi­gner, vendre ou créer.

Nous nous enga­geons à trou­ver les bonnes solu­tions, en fonc­tion des carac­té­ris­tiques des ter­ri­toires, en déployant le bon réseau au bon endroit.

Nous sommes aujourd’hui dans une dyna­mique euro­péenne voire mon­diale sur l’accès à l’internet dans les meilleures condi­tions possibles. 

Dans ce contexte, Axione par­ti­cipe à l’écriture de l’histoire de la connec­ti­vi­té universelle. 

Il faut trou­ver des solu­tions pérennes finan­cières, tech­niques, orga­ni­sa­tion­nelles… tout en for­mant les hommes et les femmes à ces nou­veaux chal­lenges qui sus­citent beau­coup d’attente dans les territoires.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un RIP ? En quoi peut-il être différent des autres projets de déploiement de la fibre optique ?

Le Réseau d’Initiative Publique (RIP) est une notion née d’une loi de 2004. Il y a plus de 15 ans, les opé­ra­teurs ne vou­laient pas inves­tir dans les ter­ri­toires les plus ruraux. Les col­lec­ti­vi­tés locales ont donc été auto­ri­sées à éta­blir des réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tion pour les mettre à dis­po­si­tion des opé­ra­teurs. La notion d’infrastructure mutua­li­sée était née, notion sur laquelle Axione s’est développée.

La grande dif­fé­rence avec le réseau d’un opé­ra­teur pri­vé, c’est que le RIP est un ser­vice public local qui se tra­duit par un contrat public avec des enga­ge­ments en termes de cou­ver­ture, de qua­li­té de l’infrastructure et de l’exploitation. Gérer un RIP, c’est res­pec­ter un cer­tain nombre d’engagements d’intérêt géné­ral contrac­tuels et péna­li­sables par des mesures coer­ci­tives. Par exemple, dans les ter­ri­toires les plus avan­cés, 100 % de la popu­la­tion doit être éli­gible au FTTH1.

Tous les acteurs du THD en conviennent, le déploiement de la fibre optique est passé à la vitesse supérieure l’année dernière. Quels sont vos enjeux pour les prochaines années ?

Le pre­mier enjeu est de conti­nuer d’apporter LA connec­ti­vi­té uni­ver­selle for­cé­ment évo­lu­tive dans le temps et de par­ti­ci­per ain­si à la dyna­mique d’évolution des villes et des cam­pagnes en France et au-delà des fron­tières. Tant en très haut débit fibre optique (FTTH) et radio (4 et 5G), qu’en bas débit radio (Lora…). Pour cela, nous devons pour­suivre notre indus­tria­li­sa­tion, main­te­nir notre effi­ca­ci­té de pro­duc­tion tout en satis­fai­sant l’intérêt géné­ral por­té par nos clients publics, la crois­sance d’abonnés de nos clients opé­ra­teurs et l’atteinte des cash flows pro­mis à nos investisseurs. 

Le modèle de la mutua­li­sa­tion des inves­tis­se­ments per­met d’agir sur l’intensité concur­ren­tielle, favo­ri­ser un vaste choix d’offreurs et, de fait, la diver­si­té des ser­vices. Nous l’avons fait depuis plus de 15 ans dans les zones les plus rurales. Et nous le fai­sons désor­mais via notre filiale City­Fast dans les plus grandes métro­poles fran­çaises : Paris, Lyon, Mar­seille, Bor­deaux… Nous cher­chons à appor­ter conti­nuel­le­ment une plus grande valeur ajou­tée là où nous inter­ve­nons tant en France qu’à l’international. Le digi­tal élar­git le champ des pos­sibles. Nous ne nous inter­di­sons aucun axe de déve­lop­pe­ment addi­tion­nel pour que le numé­rique soit acces­sible à tous.

Le financement public est-il déterminant pour le développement des infrastructures ou existe-t-il des alternatives ?

Le finan­ce­ment public a été très impor­tant au démar­rage des infra­struc­tures numé­riques, et éga­le­ment dans le début de l’histoire d’Axione. His­to­ri­que­ment, les mar­chés finan­ciers ne connais­saient pas les pro­blé­ma­tiques des infra­struc­tures mutua­li­sées. Ils n’avaient donc pas d’appétit à vou­loir sou­te­nir des pro­jets d’investissement sur de telles infra­struc­tures sans inter­ven­tion directe auprès des clients finaux et, de fait, avec des cash-flows dépen­dants de ses clients opé­ra­teurs. Désor­mais, ce mar­ché est deve­nu un pla­ce­ment recher­ché par les inves­tis­seurs finan­ciers. Au-delà de leur uti­li­té publique, ces pro­jets repré­sentent aus­si des ren­de­ments pré­vi­sibles, le risque qu’internet dis­pa­raisse étant très peu probable.

Je dirais qu’aujourd’hui, plus que le finan­ce­ment public, c’est le par­te­na­riat contrac­tuel avec la puis­sance publique qui fédère les dif­fé­rentes éner­gies et nous pousse col­lec­ti­ve­ment à trou­ver des solu­tions dans un envi­ron­ne­ment par­ti­cu­liè­re­ment mou­vant. Le quo­ti­dien de nos col­la­bo­ra­teurs passe par l’innovation tech­nique, finan­cière, struc­tu­relle… et beau­coup de prag­ma­tisme terrain !

En admettant que l’objectif de 92 % FTTH soit atteint à l’horizon 2025, il resterait 8 % de la population qui aurait besoin d’une solution alternative. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Pour Axione, la cible est 100 % FTTH. Nous quit­tons l’ère du réseau télé­pho­nique tra­di­tion­nel. D’ailleurs, la fer­me­ture du réseau cuivre a été annon­cée d’ici 2030. La fibre repré­sente ain­si l’alternative la plus pérenne et adap­tée à son remplacement.

En paral­lèle, nous tra­vaillons avec les opé­ra­teurs mobiles pour le déploie­ment de la 4G/5G. En effet, nous n’opposons pas la fibre aux réseaux mobiles. Ces der­niers exi­ge­ront une capil­la­ri­té de la fibre assez forte. Plus un ter­ri­toire est équi­pé en fibre, meilleure sera la cou­ver­ture 5G, les deux s’auto-alimentent et sont interdépendants.

Il y a une tem­po­ra­li­té et un calen­drier à gérer pour atteindre cet objec­tif de la fibre pour tous. Paral­lè­le­ment à ces déploie­ments qui demandent du temps, d’autres solu­tions peuvent répondre tem­po­rai­re­ment aux besoins comme le THD radio (LTE) que nous déployons dans plu­sieurs dépar­te­ments, la 4G fixe des opé­ra­teurs mobiles ou le satellite…

On évoque souvent la difficulté de recruter dans les métiers de la fibre. Qu’en est-il au sein d’Axione ?

Les col­la­bo­ra­teurs sont au cœur de la réus­site de nos acti­vi­tés et de la valeur ajou­tée de l’entreprise. Tra­vailler au sein d’Axione per­met à cha­cun de par­ti­ci­per à un pro­jet d’entreprise col­lec­tif, ambi­tieux et d’utilité publique. Nous accom­pa­gnons nos col­la­bo­ra­teurs pour qu’ils puissent évo­luer au sein de l’entreprise. Nos métiers sont très diver­si­fiés : finance, tech­nique, ges­tion, mar­ke­ting, com­merce, inno­va­tion, com­mu­ni­ca­tion… Nous consi­dé­rons que cha­cun a une pierre à appor­ter à l’édifice. Axione est avant tout une aven­ture humaine et indus­trielle. La direc­tion géné­rale de l’entreprise est là pour moti­ver, accom­pa­gner et pro­mou­voir l’intelligence col­lec­tive qui consti­tue l’un de nos moteurs. Nous sommes tou­jours plus forts à plu­sieurs et les bonnes idées peuvent venir de chacun.

En 2020, nous avons plus de 700 recru­te­ments pré­vus en France et à l’international. Nous avons de belles pers­pec­tives de car­rière à offrir à nos futurs talents. Les pro­blé­ma­tiques de l’aménagement numé­rique et de l’équipement des ter­ri­toires sont uni­ver­selles. De nom­breux pays sont en plein déve­lop­pe­ment tels que l’Allemagne et le Royaume-Uni où la fibre optique devient un enjeu impor­tant. Nous avons sans aucun doute des choses à appor­ter dans ces pays. C’est pour­quoi nous avons créé cette année Axione UK pour expor­ter ce modèle de l’infrastructure mutua­li­sée et pour­suivre l’aventure outre-Manche.


1 Fibre To The Home pour fibre optique jusqu’au logement


En bref

  • 2 200 collaborateurs ; 
  • 550 mil­lions d’euros de chiffre d’affaires consolidé ;
  • 6 500 com­munes déjà des­ser­vies en haut débit soit 13 mil­lions d’habitants et 2 500 zones d’activités THD ;
  • 150 opé­ra­teurs client ;
  • 4 mil­lions de km de fibres déployées par an ;
  • 24 réseaux d’Initiative Publique ;
  • 6 mil­lions de prises FTTH contractualisées ;
  • 700 recru­te­ments en 2020.

Visi­ter le site Inter­net d’Axione

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