Ensweet propose un service de téléréadaptation

Démocratiser la prévention grâce à la téléréadaptation

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°793 Mars 2024
Par Fabien WATRELOT

Ens­weet déve­loppe une solu­tion de télé­réa­dap­ta­tion des­ti­née aux patients atteints de mala­die car­diaque. Fabien Watre­lot, CEO de cette entre­prise du numé­rique en san­té, nous en dit plus sur la télé­réa­dap­ta­tion, ses béné­fices pour les patients et le sys­tème de san­té, ain­si que sur les objec­tifs de déve­lop­pe­ment de son entre­prise.  

L’ambition de Ensweet est de rendre la réadaptation accessible à tous grâce au numérique. Qu’est-ce que ce positionnement implique ? 

Le sys­tème de san­té actuel a été pen­sé et construit pour gérer des phases dites aiguës, c’est-à-dire pour soi­gner ou opé­rer les patients, et non pour pré­ve­nir la mala­die ou la rechute. En nous inté­res­sant aux prin­ci­paux postes de dépense et aux causes de mor­ta­li­té en France, mais aus­si dans le monde, nous nous sommes ren­du compte que pour les mala­dies car­diaques, qui sont très lar­ge­ment répan­dues, il existe un soin de pré­ven­tion, la réadap­ta­tion qui inter­vient suite à une crise car­diaque ou une opé­ra­tion du cœur. 

La réadap­ta­tion est, par ailleurs, ce qu’on appelle un soin de pré­ven­tion ter­tiaire et les résul­tats obte­nus sont cli­ni­que­ment très satis­fai­sants. Si la per­ti­nence et l’efficacité de ce soin sont avé­rées, la réadap­ta­tion est actuel­le­ment très mal orga­ni­sée ce qui com­plexi­fie son déploie­ment et, in fine, mini­mise son impact potentiel. 

À par­tir de l’ensemble de ces constats, Ens­weet a déve­lop­pé un logi­ciel en capi­ta­li­sant sur la puis­sance du numé­rique afin que ce soin de réadap­ta­tion car­diaque puisse être acces­sible à un plus large public, mais que les patients puissent éga­le­ment se réadap­ter en auto­no­mie super­vi­sée depuis chez eux.

“Les premiers résultats cliniques démontrent que les résultats obtenus avec Ensweet sont similaires à ceux obtenus dans le cadre de la prise en charge en établissement.”

Créée en 2020, Ens­weet se posi­tionne comme l’entreprise du numé­rique en san­té ayant pour but de rendre acces­sible les soins de réadap­ta­tion. Notre solu­tion est com­mer­cia­li­sée depuis jan­vier 2022 et a été déployée dans 25 éta­blis­se­ments de san­té à date. Nous avons pour ambi­tion de dou­bler ce chiffre d’ici la fin de l’année 2024. C’est aus­si plus de 1000 patients qui ont été télé­réa­dap­tés grâce à Ensweet. 

Avec votre solu­tion, vous contri­buez à pro­mou­voir plus de pré­ven­tion dans notre sys­tème de san­té. Dites-nous en plus.

La réadap­ta­tion est un soin de pré­ven­tion ter­tiaire des­ti­né à des per­sonnes qui ont été vic­times d’un infarc­tus. Son objec­tif est d’éviter qu’elle n’en fasse un autre. Au-delà, ce soin peut éga­le­ment être pres­crit à des per­sonnes chez qui on a détec­té des signes annon­cia­teurs d’un infarc­tus ou d’une mala­die car­diaque afin de pré­ve­nir l’infarctus ou d’éviter la phase aiguë de la mala­die, dans le second cas de figure. 

Actuel­le­ment, Ens­weet s’est posi­tion­née sur la car­dio­lo­gie. Nous ambi­tion­nons d’étendre nos ser­vices aux mala­dies res­pi­ra­toires et à d’autres patho­lo­gies qui néces­sitent des soins de réadaptation.

Revenons plus particulièrement à la téléréadaptation. Comment cela fonctionne-t-il concrètement ? 

Dans un par­cours clas­sique, un patient qui a subi un infarc­tus va être redi­ri­gé vers un éta­blis­se­ment spé­cia­li­sé afin de pou­voir y suivre un soin de réadap­ta­tion pen­dant une ving­taine de jours en moyenne. Dans les faits, 70 % des patients n’y accèdent pas parce que les éta­blis­se­ments sont satu­rés ou parce qu’ils ne sou­haitent pas faire de soin de réadap­ta­tion pour des rai­sons diverses (proxi­mi­té du centre, incom­pa­ti­bi­li­té avec le mode de vie…). 

Grâce à notre solu­tion de télé­réa­dap­ta­tion, nous offrons une alter­na­tive plus souple et flexible : l’idée est ain­si que le patient passe 3 à 4 jours en éta­blis­se­ment au démar­rage du soin et fina­lise la télé­réa­dap­ta­tion à domi­cile depuis son smartphone. 

Concrè­te­ment, le patient va télé­char­ger notre appli­ca­tion de télé­réa­dap­ta­tion car­diaque sur son télé­phone pour y suivre son pro­gramme de soin. En plus de l’appli, nous met­tons à la dis­po­si­tion des patients les cap­teurs de fré­quence car­diaque ain­si que le maté­riel de réadap­ta­tion néces­saire pour qu’ils puissent suivre le pro­gramme en toute sécu­ri­té. À par­tir de là, les don­nées de san­té de chaque patient vont être retrans­mises à l’équipe de soin qui va pou­voir réa­li­ser un sui­vi tout au long du soin.

Quels sont les bénéfices de la téléréadaptation proposée par Ensweet ? 

Avec notre solu­tion, nous ren­dons ce soin acces­sible à beau­coup plus de patients en rédui­sant les contraintes d’ordre organisationnel. 

On observe éga­le­ment un fort taux d’observance de l’ordre de 90 %. Le taux de satis­fac­tion des patients et des soi­gnants est aus­si excellent. Pour atteindre ce niveau de satis­fac­tion, nous avons accor­dé une atten­tion par­ti­cu­lière à l’ergonomie de notre solu­tion, le ser­vice client ou encore le sup­port technique. 

Les pre­miers résul­tats cli­niques démontrent que les résul­tats obte­nus avec Ens­weet sont simi­laires à ceux obte­nus dans le cadre de la prise en charge en éta­blis­se­ment. 25 % des patients reprennent leur tra­vail tout en se réadap­tant, ce qui faci­lite et accé­lère leur réin­ser­tion, mais per­met aus­si d’avoir un gain finan­cier notable au niveau de l’Assurance Mala­die et des arrêts-maladies. 

Sur un plan technologique, quels sont les vecteurs de différenciation de Ensweet ?

Pour per­mettre le sui­vi des patients à domi­cile dans le cadre de leur soin de réadap­ta­tion, nous avons déve­lop­pé des algo­rithmes pour ana­ly­ser avec finesse les résul­tats des séances. Pour plus d’ergonomie et une réelle sim­pli­ci­té d’utilisation, nous avons réus­si à com­bi­ner, en une seule appli­ca­tion, dif­fé­rents modules. Tra­di­tion­nel­le­ment, pour réa­li­ser un soin de réadap­ta­tion, un éta­blis­se­ment de san­té a recours à plu­sieurs logi­ciels pour l’activité phy­sique, l’éducation thé­ra­peu­tique, les visio­con­fé­rences et les mes­sages. Toutes ces fonc­tion­na­li­tés sont regrou­pées en un seul logi­ciel qui est uti­li­sé aus­si bien par les patients que l’équipe de soignants. 

Comment vous projetez-vous sur le marché ?

Dès notre lan­ce­ment sur le mar­ché, nous avons béné­fi­cié d’un pré-rem­bour­se­ment, avec un finan­ce­ment de l’Assurance Mala­die. Au cours des deux der­nières années, Ens­weet a lar­ge­ment démon­tré la per­ti­nence de sa preuve de concept avec des pre­miers résul­tats cli­niques très satisfaisants.

“La santé numérique en France en est encore à ses prémices et pour accélérer son développement et positionner notre pays comme un acteur leader, aussi bien en Europe que dans le monde, il est important de favoriser les partenariats entre les autorités et les pouvoirs publics, les industriels et les acteurs de la santé.”

Aujourd’hui, il s’agit donc de conso­li­der notre posi­tion­ne­ment, d’accélérer notre déve­lop­pe­ment sur le mar­ché de la car­dio­lo­gie et de vali­der le volet rem­bour­se­ment. Au-delà, nous vou­lons aus­si étendre notre péri­mètre d’action à la réadap­ta­tion res­pi­ra­toire, mais aus­si déployer nos solu­tions à l’international. Enfin, la san­té numé­rique en France en est encore à ses pré­mices et pour accé­lé­rer son déve­lop­pe­ment et posi­tion­ner notre pays comme un acteur lea­der, aus­si bien en Europe que dans le monde, il est impor­tant de favo­ri­ser les par­te­na­riats entre les auto­ri­tés et les pou­voirs publics, les indus­triels et les acteurs de la santé. 

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