Démographie, évolutions nouvelles et tendances anciennes
Si la comparaison des dernières statistiques (2011) avec celles de 2001 montre la poursuite de la baisse de la fécondité mondiale, cette tendance générale cache de profondes disparités.
Si la comparaison des dernières statistiques (2011) avec celles de 2001 montre la poursuite de la baisse de la fécondité mondiale, cette tendance générale cache de profondes disparités. L’Afrique subsaharienne reste très prolifique. Avec en moyenne près de trois enfants par femme, l’Asie méridionale et l’Asie occidentale restent en expansion, tandis que l’Asie orientale (surtout la Chine) est tombée plus bas que l’Europe avec 1,5 enfant par femme. Conscient du problème, le gouvernement chinois autorise depuis 1996 les Chinois des campagnes à avoir un deuxième enfant, et même un troisième depuis une douzaine d’années. Les Amériques et l’Asie du Sud-Est sont dans une situation intermédiaire, très voisine de l’équilibre. Avec 1,6 enfant par femme, l’Europe en est encore bien loin, mais s’en rapproche lentement, particulièrement en Russie où de nombreuses mesures natalistes ont été prises.
L’Afrique du Nord adopte un comportement démographique inattendu. Dans cette région du monde, comme ailleurs, la fécondité a fortement baissé entre 1970 et 2005, mais on constate un arrêt de la baisse en Tunisie et au Maroc, et même une remontée spectaculaire en Algérie. Une évolution liée sans doute aux variations de l’âge du mariage, à celles de la contraception, à la diffusion de l’instruction, et peut-être à la fin de la sanglante guerre civile algérienne.
Mais les surprises démographiques ne se limitent pas à la fécondité. Ainsi, tandis que l’espérance de vie progresse à peu près partout, un phénomène longtemps tenu pour marginal prend de l’ampleur : l’avortement sélectif des filles devient un vrai problème en Inde, en Chine et dans quelques autres pays. Des associations chinoises, coréennes, taïwanaises vont chercher des épouses pour les jeunes célibataires dans tous les pays de l’Asie du Sud-Est.
Enfin, il faut se pencher sur l’évolution particulière de l’Europe. Avec partout, même en France, une natalité insuffisante pour le simple renouvellement des générations, malgré des efforts et des progrès récents, l’Europe reste tributaire d’une immigration de plus d’un million de personnes par an. Certes, avec de nouveaux moyens de communication, les différences nationales, linguistiques ou raciales ne sont plus les obstacles qu’elles étaient autrefois, mais les différences culturelles demeurent prégnantes.
La civilisation européenne, essentiellement gréco-latine et judéo-chrétienne, possède une grande homogénéité qui favorise les migrations intra-européennes. Certains immigrants venus d’autres pays s’y adaptent remarquablement (Vietnamiens, Cambodgiens). Il n’en est pas de même des migrants originaires des pays musulmans. Le fossé culturel n’est pas si grave en ce qui concerne les immigrants de la première génération : ils savent bien qu’ils ne sont pas chez eux. Il n’en est pas de même pour leurs enfants et leurs petits-enfants qui, consciemment ou non, voudraient que la société dans laquelle ils vivent fonctionne en harmonie avec leurs convictions. Cela présage-t-il un conflit des cultures ? Pas nécessairement, car il existe des signes encourageants, en particulier en ce qui concerne l’évolution des musulmans modernes.
On peut penser que l’avenir du monde dépend de ces évolutions, au moins autant que des faits démographiques ou économiques purs.
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Et la capacité de la planète ?
Etonnant de voir un dossier sur la démographie mondiale passer sous silence les problèmes de développement durable. La majorité des articles semble soutenir l’idée qu’il faut encourager les naissances ; la planète n’est pas forcement de cet avis.