Des bénévoles pour réduire le chômage
Le chômage est l’affaire de tous. Chacun peut aider les chômeurs à retrouver une activité. À travers l’exemple de l’Association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), l’auteur dégage quelques orientations essentielles : des bénévoles accompagnent le chômeur dans ses recherches et lui procurent éventuellement un emploi de transition financé par des donateurs.
Créée en 1985, sous l’impulsion de Jean-Baptiste de Foucauld, par un groupe d’amis qui ne se résignaient pas à l’augmentation fatale du chômage (« On a tout essayé »), l’Association fonctionne sur deux principes simples : accompagner le chômeur dans sa recherche ; créer un emploi de transition en cas de besoin.
Repères
L’Association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), forte de 2 300 membres, est présente dans une centaine de villes ou de quartiers.
Elle accompagne tous les ans près de mille cinq cents chômeurs dans leur recherche d’emploi, et plus de 60 % d’entre eux retrouvent du travail à l’issue de cet accompagnement.
www.snc.asso.fr
Un soutien moral
Chaque chômeur qui le demande est accompagné par un binôme. Cet accompagnement a pour but le retour au travail. C’est d’abord un soutien moral, un appui, une écoute, qui font contrepoids à la solitude et au vide auquel le chômeur est confronté. Les deux bénévoles qui constituent le binôme épaulent le chômeur, bâtissent avec lui une stratégie de réinsertion professionnelle et l’aident à la mettre en oeuvre pas à pas. Les personnes accompagnées ont en général plus d’un an de chômage. Le binôme rend compte de son accompagnement et échange tous les mois à ce sujet avec les membres d’un » groupe de solidarité » composé d’une dizaine d’accompagnateurs. Cet accompagnement dans la durée – environ dix mois en moyenne – suffit dans la très grande majorité des cas à permettre la reprise du travail, en contribuant à la remobilisation du chômeur.
Un emploi de transition à durée déterminée
Si le chômage se prolonge, l’Association peut créer un » emploi de transition » sur mesure, adapté à chaque personne sans emploi et à ses compétences, mais à durée déterminée. L’Association finance le salaire et met la personne gratuitement à la disposition d’une association tierce, qui organise le travail à accomplir et bénéficie de ses fruits.
Un accompagnement de dix mois en moyenne suffit dans la très grande majorité des cas à permettre la reprise du travail
L’ex-chômeur ainsi employé est payé pour sa tâche, il a le pied mis à l’étrier et trouve beaucoup plus facilement du travail à l’issue de son CDD que s’il était resté sans emploi (l’accompagnement se poursuivant, bien sûr, pendant et après le contrat). La combinaison de ces deux principes simples, accompagnement personnalisé et création d’emploi adapté, avec le refus des subventions publiques (à l’exception du recours aux emplois aidés, ouverts à toute association), permet de démontrer que chacun d’entre nous, quel qu’il soit, actif ou retraité, peut aider un chômeur en étant bénévole ; et cette aide aboutit le plus souvent – dans 60 % des accompagnements – à l’emploi. L’écoute, le conseil, la remobilisation des compétences facilitent grandement la reprise d’activité. Et si cet accompagnement ne suffit pas, la création d’un emploi adapté de courte durée est une transition efficace vers la reprise durable d’un travail.
De généreux donateurs
Bien entendu, tout cela coûte de l’argent, en particulier pour financer les heures de travail payées aux personnes accompagnées qui bénéficient de ces emplois de transition (dans le cas de SNC, 100 000 heures en 2007 pour une centaine de personnes). Des donateurs versent environ 500 000 euros par an, soit en moyenne 250 euros par personne. Ils ont la satisfaction de savoir que cet argent est beaucoup plus efficace en matière de création d’emplois que la plupart des politiques publiques en la matière. L’accompagnement de chômeurs est exigeant. SNC connaît une certaine rotation de ses bénévoles, de l’ordre de 20 à 25 % par an, mais augmente régulièrement ses effectifs. De nouveaux » groupes de solidarité » sont créés. Si vous vous sentez concernés par le sujet, si vous avez par exemple dans votre entourage un chômeur que vous voudriez aider sans lui donner directement de l’argent, et si vous ne savez que faire, voilà une méthode qui fonctionne bien depuis vingt ans.