Des carrières à la croisée des enjeux écologiques et financiers
À la tête de la direction des marchés et des financements de La Banque Postale, Pascale Moreau (X89) répond à nos questions dans cet entretien. Elle revient notamment sur son parcours dans le monde bancaire, ses fonctions actuelles et les chantiers qui la mobilisent, le rôle de la Banque de Financement et d’Investissement en matière de transition. Rencontre.
Quelle image aviez-vous en tant qu’étudiante polytechnicienne du monde bancaire et pourquoi vous êtes-vous tournée vers ce secteur ?
La finance est un secteur qui m’a toujours intéressée, car elle permet notamment d’apprécier de manière « quasi-instantanée » la façon dont les données macro-économiques et géopolitiques s’expriment sur les marchés. Au-delà, j’ai toujours eu la conviction forte que les banques avaient un rôle à jouer dans l’économie. En parallèle, j’étais aussi très attirée par la dimension « high tech » des métiers de la finance qui sont très digitalisés et technologiques.
À ma sortie de Polytechnique puis de l’ENSAE, j’ai démarré ma carrière à la Caisse des Dépôts en tant qu’ingénieur analyste quantitatif, avant de devenir trader. J’ai ensuite rejoint la Société Générale où je suis restée pendant près de 25 ans. J’ai commencé mon parcours au sein de cette banque dans la vente en occupant diverses fonctions dont celle de responsable globale. Puis, en 2020, j’ai pris la responsabilité de l’ensemble des fonctions de support aux activités de marché.
Fin 2022, j’ai rejoint La Banque Postale dans le cadre du développement de sa Banque de Financement et d’Investissement (BFI). J’ai tout de suite été séduite par ce projet enthousiasmant et l’opportunité de contribuer au développement d’une jeune BFI, qui, en plus, a une vocation citoyenne affirmée.
Dans ce cadre, en quoi consistent vos fonctions ?
J’ai rejoint La Banque Postale afin de prendre la direction des marchés et des financements de la BFI. Mon périmètre d’action couvre essentiellement trois volets :
- La salle des marchés avec des activités d’investissement et de trésorerie pour le compte de la banque, de couverture des clients sur leurs risques de marché, ainsi qu’une activité de distribution aux réseaux de la banque (banque privée, banque de réseaux…);
- Les financements structurés d’actifs et de projets notamment dans le domaine des énergies renouvelables, du ferroviaire et du matériel roulant, des télécommunications et de la fibre…, dans l’immobilier et la promotion immobilière, auxquels s’ajoutent les financements spécialisés dans le domaine corporate (LBO, Private Equity, PME…) ;
- Les financements obligataires avec le volet syndication et structuration. On retrouve aussi à ce niveau le Green Hub qui s’appuie sur une équipe dédiée dont la mission est d’accompagner au quotidien nos clients dans le cadre de leur transition écologique.
Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre La Banque Postale et comment avez-vous vécu votre arrivée ?
Lors de ma prise de poste, j’ai eu le plaisir de découvrir des équipes engagées aux compétences très pointues. Plus de 30 % des collaborateurs ont rejoint la BFI de La Banque Postale au cours des deux dernières années. Je ne suis pas donc pas la seule à avoir fait le choix de rejoindre cette banque jeune et citoyenne, qui poursuit son développement et sa structuration. Dans le monde de la finance, la plupart des acteurs bancaires ont effectivement déjà structuré leur BFI. Y travailler est une opportunité, mais également un challenge qui séduit de nombreux talents et compétences !
Nous sommes actuellement mobilisés par de nombreux chantiers stratégiques pour notre développement. Il nous faut, d’abord, continuer à construire et à développer nos offres, notamment dans le bancaire et l’obligataire en nous appuyant sur La Banque Postale Asset Management (LBP AM) et CNP Assurances. Nous avons, en effet, un modèle triangulaire assez unique dans le monde bancaire et qui est créateur de valeur pour nos clients. En parallèle, nous devons également gérer la très forte croissance que la BFI a connue en 2022, avec un enjeu de maîtrise des ressources rares et des capitaux.
Comment capitalisez-vous sur votre formation à Polytechnique dans le cadre de vos fonctions actuelles ?
La formation à Polytechnique reste une formation d’excellence reconnue à tous les niveaux et qui ouvre de nombreuses portes à ses diplômés. Sur un plan plus personnel, ma formation scientifique m’a permis de développer un esprit d’analyse et une capacité de synthèse qui sont très importants dans un univers aussi complexe que celui de la finance. Cela m’a aussi permis de cultiver une certaine rigueur et résilience au stress, ainsi qu’une forme de détermination qui me permet de faire face et de résoudre des situations à forts enjeux.
Au-delà, bien évidemment, il reste à chacun et à chacune de faire ses preuves, de progresser et d’avoir un impact sur l’organisation. Au fil des années, j’ai, pour ma part, su prendre les initiatives qui m’ont permis de grandir dans la hiérarchie et d’endosser des fonctions à très fortes responsabilités. J’ai aussi su faire preuve d’innovation et inspirer mes collaborateurs afin d’avancer ensemble.
La Banque Postale a choisi de devenir entreprise à mission. Comment la Banque de Financement et d’Investissement éclaire les enjeux de transition énergétique, innove et accompagne la transformation des pratiques de ses clients ?
J’ai tout de suite adhéré à la raison d’être de La Banque Postale*.
Il est question d’engagements forts qui se traduisent de manière opérationnelle. La banque s’est notamment dotée d’une direction de l’engagement citoyen qui reporte directement au président du directoire.
Au niveau de la BFI, cela se traduit au travers de l’offre de transition que nous mettons à disposition de nos clients afin de les accompagner à ce niveau. Dans cette démarche, nous nous appuyons sur un indice d’impact global que nous implémentons à tous nos financements. Ces informations nous permettent notamment d’orienter l’utilisation de nos ressources vers des financements alignés avec notre raison d’être, nos engagements et nos ambitions aussi bien sur le plan environnemental que social.
Plus particulièrement, les équipes expertes et transversales du Green Hub accompagnent et conseillent nos clients sur l’enjeu des transitions. La Banque Postale a notamment accompagné CNP Assurances en qualité de coordinateur ESG, dans le cadre de la mise en place de son green bond framework. En janvier 2023, il y a eu une première obligation subordonnée durable de 500 millions de la part de CNP Assurances. On peut également citer notre offre de prêts verts qui est en ligne avec la taxonomie européenne ou encore notre offre de prêts sociaux. Nous sommes fortement engagés sur la dimension sociale et travaillons avec les collectivités locales et les territoires pour soutenir les investissements sur différentes thématiques : la santé, l’éducation, le sport, la culture, le développement et la cohésion des territoires.
Comment voyez-vous cette direction des marchés financiers au féminin ?
Si aujourd’hui, il s’agit d’un sujet qui est règlementé, j’ai été une fervente défenseuse de la diversité tout au long de ma carrière. Sans tomber dans des clichés et des stéréotypes, car de nombreux facteurs entrent également en compte, les femmes vont, je pense, avoir tendance à envisager un problème dans sa globalité et entendre l’ensemble des parties prenantes avant de trancher et de prendre une décision qui soit favorable au plus grand nombre. Au-delà, on retrouve aussi dans le management au féminin la volonté de tirer les équipes vers le haut, de cultiver le collectif et de donner du sens afin de pérenniser l’activité.
Quelles opportunités de carrière, une entité comme la Banque de Financement et d’Investissement peut offrir à des diplômés de l’École ?
Les métiers bancaires sont extrêmement riches et offrent une diversité de parcours autour des marchés et des financements au service de l’économie. De plus en plus, face à l’enjeu que posent les transitions, il y a aussi de très belles opportunités autour de la RSE et des critères ESG pour toutes les personnes qui s’intéressent à cette dimension, aujourd’hui critique, dans notre secteur. Et à cela s’ajoutent bien évidemment tous les métiers commerciaux (chargés d’affaires, de comptes…), autour du paiement et de la gestion des flux, ainsi que des métiers très techniques avec une forte dimension technologique comme les data scientists…
*« Parce qu’elle est née avec une vocation citoyenne, La Banque Postale est convaincue qu’il n’y a pas de création de valeur durable sans partage, pas de dynamisme économique sans vitalité des territoires, pas de développement pérenne sans respect des limites planétaires. En proposant des services performants et accessibles, notre mission est de permettre à chacun de s’accomplir et de contribuer, par ses choix d’investissement et d’épargne, d’assurance et de consommation, à construire une société plus attentive à la planète et à tous ceux qui l’habitent. Banquier et assureur engagé, nous voulons œuvrer à cette transition juste, avec tous nos clients et tous nos collaborateurs. »