Exemple carte Wemap

Des cartes intelligentes pour l’information locale

Dossier : TrajectoiresMagazine N°732 Février 2018
Par Emmanuel MOUREN (99)
Par Hervé KABLA (X84)

Wemap une appli­ca­tion, en open source et indé­pen­dante des GAFA, qui per­met d’af­fi­cher des cartes intel­li­gentes et ren­sei­gnées sans pro­gram­ma­tion, a déjà séduit nombre de socié­té par sa sim­pli­ci­té d’emploi. 

Qu’est-ce que propose Wemap ?

Wemap pro­pose à tous les acteurs de l’information une pla­te­forme de cartes intel­li­gentes pour infor­mer leur public. Notre ambi­tion est de deve­nir l’expérience de réfé­rence – à la fois intui­tive et utile – pour l’information locale. 

Quel en est le principe ?

N’importe quel édi­teur de conte­nus peut en quelques clics créer une carte Wemap syn­chro­ni­sée avec ses conte­nus et la déployer sur ses canaux de com­mu­ni­ca­tion – site web, appli mobile, écran public, etc. 

“ Une carte est un point d’entrée indispensable pour appréhender le monde autour de soi ”

Wemap sim­pli­fie la créa­tion de tels outils d’information, et garan­tit à l’utilisateur final une expé­rience à la fois ins­pi­rante et utile. 

Les cartes sont uti­li­sées le plus sou­vent pour pré­sen­ter au public des évé­ne­ments, des actua­li­tés ou des activités. 

Cela fonctionne-t-il avec les autres plateformes de cartographie, comme celles proposées par Google ou Apple ?

Notre pla­te­forme s’appuie essen­tiel­le­ment sur la com­mu­nau­té open source Open Street Map, sorte de Wiki­pé­dia de la car­to­gra­phie, très actif, et qui fait éclore de nom­breuses inno­va­tions. Si nous sommes com­pa­tibles avec les fonds car­to­gra­phiques de Google ou d’Apple, nous n’en sommes pas dépendants. 

Avec la pla­te­forme Wemap, nos uti­li­sa­teurs – qu’ils soient jour­na­listes, entre­prises ou acteurs publics – déploient en quelques ins­tants une carte grand public avec ses conte­nus sans déve­lop­pe­ment technique. 

Cette com­bi­nai­son entre sim­pli­ci­té et qua­li­té de l’expérience offerte à l’utilisateur final n’a pas d’équivalent aujourd’hui sur le marché. 

Pour ne prendre qu’un exemple, aujourd’hui Le Pari­sien a créé des cartes avec des dizaines de mil­liers d’actualités, vues des mil­lions de fois, sans écrire une ligne de code. 

SOS-vil­lages de TF1

Comment es-tu arrivé à t’y intéresser ?

J’ai un sou­ve­nir très net de mes pre­miers contacts avec les cartes numé­riques de Map­py, Map­quest avant l’an 2000, de leur poten­tiel énorme pour aider à décou­vrir et com­prendre le monde et de la frus­tra­tion de les voir limi­tées à une sorte de Bot­tin numérique. 

L’idée qu’une carte était un point d’entrée indis­pen­sable pour appré­hen­der le monde autour de soi, dans son mou­ve­ment et dans une logique per­son­na­li­sée, m’a pous­sé dès mon pas­sage au sein de l’incubateur Ago­ra­nov à faire mes pre­miers cro­quis de ce qui allait deve­nir Wemap. 

Et qu’est-ce qui t’a poussé à créer ta société ?

J’avais déjà eu une pre­mière expé­rience de créa­tion d’entreprise pen­dant la for­ma­tion au corps des Ponts, avec un pro­jet conduit pen­dant plus d’un an avec un ami de pro­mo, sui­vi d’un pas­sage de 18 mois au sein d’Agoranov en tant que char­gé d’affaires pour le sec­teur numérique. 

Dès cette période, il était clair pour moi que je reten­te­rais l’aventure de l’entrepreneuriat tôt ou tard. Après un pas­sage dans l’administration, les condi­tions ont pu être réunies pour replon­ger : une oppor­tu­ni­té de mar­ché extra­or­di­naire avec l’ubiquité des smart­phones géo­lo­ca­li­sés, un cofon­da­teur avec qui nous par­ta­gions la même vision, et quelques éco­no­mies : nous avons alors déci­dé de créer Wemap. 

Quels sont les principaux défis à relever pour un tel projet ?

Les défis sont nom­breux et de formes mul­tiples mais si je ne devais en citer qu’un, ce serait le com­mer­cial : il faut tout réap­prendre, sur­tout quand on vend un pro­duit qu’on a conçu soi-même et qui est un peu innovant. 

Sol­li­ci­ter, démar­cher, outre­pas­ser des refus, tous ces actes qui font le quo­ti­dien du com­mer­cial exigent des com­pé­tences et un état d’esprit qui sont rigou­reu­se­ment absents de notre formation. 

Par ailleurs, nous avons fait le choix – dès la créa­tion de Wemap – de fonc­tion­ner « à dis­tance », en loca­li­sant notre équipe tech­nique au sein d’un éco­sys­tème por­teur, à Mont­pel­lier, et les équipes com­mer­ciales au plus près de leurs mar­chés en France et en Amé­rique du Nord. 

Cette orga­ni­sa­tion, bien que de plus en plus répan­due, est un chal­lenge : pour créer une culture com­mune, pour assu­rer que l’enthousiasme se dif­fuse chez tous les membres de l’équipe, où qu’ils soient, c’est un défi au quotidien. 

Sai­son cultu­relle – Minis­tère de la Culture

Comment fais-tu face à ce défi ?

Côté com­mer­cial, le salut est pour moi dans la répé­ti­tion. Il a d’abord fal­lu se jeter à l’eau et les pre­miers suc­cès com­mer­ciaux donnent un élan for­mi­dable. Mais aujourd’hui, c’est en met­tant en place des pro­ces­sus, en ren­dant nos démarches mesu­rables, répé­tables, nos réus­sites et échecs quan­ti­fiables qu’on arrive à pro­gres­ser. La vente reste tou­jours une occa­sion for­mi­dable de remise en question ! 

Quant au défi de la dis­tance au sein de l’équipe, nous avons beau­coup misé sur les outils de com­mu­ni­ca­tion qui sont le véri­table cor­don ombi­li­cal de la socié­té. Depuis les outils de chat jusqu’aux outils de pla­ni­fi­ca­tion et de sui­vi des tâches : sans faire de pub, Slack, Jira, Trel­lo sont désor­mais essen­tiels à nos opérations. 

Quels sont les atouts des start-up françaises comme la tienne ?

L’environnement fran­çais – les qua­li­fi­ca­tions, les acteurs publics, la fis­ca­li­té, mais éga­le­ment l’état d’esprit – me paraît un atout fort pour Wemap. 

“ L’environnement français me paraît un atout fort ”

Depuis les entre­pre­neurs jusqu’aux comi­tés exé­cu­tifs du Cac 40, j’ai été frap­pé par le tonus mani­feste de tous dans les allées du salon Vivatech. 

Cela se tra­duit aus­si par une volon­té forte d’innovation ouverte dans les grands groupes ou les grandes admi­nis­tra­tions qui four­nissent des efforts impor­tants pour tra­vailler vite et tôt avec des socié­tés innovantes. 

Par ailleurs, je pense qu’un atout plus spé­ci­fique au sec­teur de Wemap est notre indé­pen­dance vis-à-vis des grandes pla­te­formes du Web : nous sommes vus comme une alter­na­tive aux archi-domi­nants, nous sommes plus agiles et sans doute plus à l’écoute des demandes des clients. 

Et leurs faiblesses ?

Étant basé en Amé­rique du Nord, je constate que des inves­tis­se­ments mar­ke­ting sont indis­pen­sables pour per­cer sur le mar­ché amé­ri­cain. Si le capi­tal néces­saire pour pro­duire une solu­tion tech­nique logi­cielle est désor­mais réduit, cette « légè­re­té » est lar­ge­ment com­pen­sée par les coûts d’acquisition d’une audience et d’une pre­mière clientèle. 

Et à ce jeu, les start-up finan­cées avec des capi­taux fran­çais sont au désa­van­tage par rap­port à leurs homo­logues amé­ri­caines, même si l’écart a ten­dance à s’amenuiser.

Le site de Wemap

Et comment y fais-tu face chez Wemap ?

Nous avons beau avoir une vision géné­rale de pla­te­forme d’information, nous avons mis en place une stra­té­gie de crois­sance très concen­trée, ciblée sur trois indus­tries, ce qui nous per­met d’acquérir une noto­rié­té sur nos quelques « niches » et d’accéder aux déci­deurs en enga­geant des dépenses de mar­ke­ting très limitées. 

Par exemple notre pla­te­forme répond à des besoins spé­ci­fiques des acteurs de la presse locale, ce qui nous per­met de déve­lop­per un dis­cours com­mer­cial qui parle aus­si bien à un quo­ti­dien régio­nal en France qu’à un groupe de presse dans le sud des États-Unis. Nous nous appuyons aus­si sur la qua­li­té de nos réfé­rences françaises. 

Ain­si dans le sec­teur du tou­risme, le lan­ce­ment de notre par­te­na­riat avec Air France a beau­coup faci­li­té le démar­rage de dis­cus­sions avec les autres grands acteurs du monde du voyage. 


Exemple carte Wemap

Exemple carte Wemap

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