Réunion de travail France Israël à la CCI de Paris-Île-de-France

Des Chambres de commerce pour rattraper notre retard en Israël

Dossier : Israël : Les X et la Start-up NationMagazine N°728 Octobre 2017
Par Henri CUKIERMAN (64)

La Chambre de com­merce France Israël CCFI et son homo­logue israé­lienne CCIIF s’ac­tivent à amé­lio­rer les échanges éco­no­miques entre les deux pays, en retard notam­ment vis-à-vis de ceux de l’U­nion euro­péenne. Pour cela, il faut mieux expli­quer les images réci­proques des deux pays qui ne cor­res­pondent pas actuel­le­ment tou­jours à la réalité. 

La réa­li­té israé­lienne vaut le détour et est un encou­ra­ge­ment à ren­for­cer sen­si­ble­ment les échanges entre la France et Israël. 

Pour la com­prendre, rien de tel que d’aller sur place. Les entre­pre­neurs qui se rendent en Israël pour la pre­mière fois sont sur­pris de voir un pays en paix avec moins de poli­ciers à Tel-Aviv qu’à Paris. 

“ À Hadassah, le plus grand hôpital israélien, la moitié des patients et des médecins sont arabes ”

Un autre éton­ne­ment est de consta­ter le mélange des popu­la­tions : le vice-pré­sident de la Cour suprême est arabe ; le Tech­nion, uni­ver­si­té clas­sée au 69e rang dans le clas­se­ment de Shan­ghai et avec laquelle l’X a signé un accord de coopé­ra­tion, compte 20% d’élèves arabes comme dans l’ensemble de la popu­la­tion israé­lienne ; à Hadas­sah, le plus grand hôpi­tal israé­lien, la moi­tié des patients et des méde­cins sont arabes. 

Les valeurs humaines israé­liennes et fran­çaises sont d’autant plus proches que 15 à 25% des Israé­liens sont d’origine francophone. 

REPÈRES

En 2016, la croissance économique d’Israël était de 4 % ; en 2015, le taux des prélèvements obligatoires était de 36,7 %, la dette publique était tombée à 65 % et le déficit public à 2,1 % du PIB, enfin le taux de chômage était de 4,3 %.

UN PARTENAIRE INTÉRESSANT

Israël est-il un par­te­naire inté­res­sant ? Sur le plan macroé­co­no­mique, c’est l’un des pays de l’OCDE qui a le mieux tra­ver­sé la crise (voir l’encadré Repères). 

Cela ne veut pas dire que c’est un pays par­fait : deux seg­ments de la popu­la­tion, les Juifs ortho­doxes et les familles arabes tra­di­tion­nelles, sont pauvres car il s’agit de familles nom­breuses dont un seul parent tra­vaille, le mari dans les familles arabes et la femme chez les Juifs ortho­doxes car les maris étu­dient les textes sacrés toute la journée. 

De même, la pro­por­tion­nelle inté­grale conduit à un grand nombre de par­tis poli­tiques et à des gou­ver­ne­ments dont la vie est courte. 

UN NIVEAU TRÈS ÉLEVÉ DE DÉPENSES EN R & D

Com­ment expli­quer les points forts d’Israël alors que son envi­ron­ne­ment géos­tra­té­gique lui impose un bud­get mili­taire éle­vé et que ses res­sources gazières récem­ment décou­vertes com­mencent à peine à être exploitées ? 

Son sur­nom lui va comme un gant : dans la Start-up Nation, la R & D repré­sente 5 % du PIB, à com­pa­rer à envi­ron 2 % pour l’UE ; on trouve en Israël la plus forte den­si­té au monde de start-up, d’ingénieurs et de cher­cheurs par rap­port à sa population. 

Et Israël est en 3e posi­tion sur le Nas­daq, der­rière les États-Unis et la Chine. 

Shi­mon Per­es disait qu’Israël veut deve­nir le labo­ra­toire du monde. 

DES CHAMBRES DE COMMERCE TRÈS ACTIVES

Que font la CCFI en France et la CCIIF, Chambre de com­merce et d’industrie Israël France à Tel Aviv, pour amé­lio­rer l’image d’Israël en France et de la France en Israël ? 

Tout d’abord, nous nous concen­trons sur l’économie et ne tou­chons pas au poli­tique, c’est une chance quand tout un cha­cun sait com­ment résoudre le conflit israé­lo-pales­ti­nien alors que, comme le disait aus­si Shi­mon Per­es, il y a deux choses qu’on ne peut pas faire en public, l’amour et la paix. 

Le pré­sident du Medef israé­lien disait que, si on lui avait don­né mis­sion ain­si qu’au Medef pales­ti­nien de négo­cier un accord de paix, ce serait fait depuis long­temps ; il rap­pe­lait que le fer de lance de l’économie pales­ti­nienne est, comme en Israël, la high-tech et que 100 des 300 entre­prises high-tech pales­ti­niennes ont des accords avec des entre­prises israéliennes. 

RENCONTRES SUR LE TERRAIN

Nous orga­ni­sons, seuls ou en col­la­bo­ra­tion avec le Medef ou les cabi­nets minis­té­riels concer­nés, des délé­ga­tions de chefs d’entreprises qui accom­pagnent les pré­si­dents de la Répu­blique suc­ces­sifs, les ministres de l’Économie ou du Numérique. 

Cer­tains groupes sont spé­cia­li­sés par sec­teurs d’activité et font le tour d’homologues israé­liens. Cer­tains voyages sont orga­ni­sés à l’occasion de salons ou d’expositions pro­fes­sion­nelles : ain­si la délé­ga­tion fran­çaise a pu être la plus impor­tante au Fes­ti­val d’innovation DLD (Digi­tal Living Desi­gn).

Enfin, un der­nier type de voyage est tou­ris­tique, mais inclut des petits-déjeu­ners, déjeu­ners ou dîners avec des per­son­na­li­tés intéressantes. 

DES COMPTES ÉQUILIBRÉS

Comme pour l’ensemble de leurs acti­vi­tés, la CCFI et la CCIIF fonc­tionnent comme des PME qui se doivent d’équilibrer leurs comptes, cela implique de délé­guer tout ce qui peut l’être en par­ti­cu­lier à des agences de voyages qui fac­turent leurs pres­ta­tions à des coûts com­pé­ti­tifs, la CCFI et la CCIIF se concen­trant sur les points forts de leurs diri­geants béné­voles, expé­rience et com­pé­tence pro­fes­sion­nelle et car­net d’adresses pour les contacts avec les entre­pre­neurs fran­çais et israéliens. 

La CCFI et la CCIIF font éga­le­ment connaître Israël par un site mis à jour quo­ti­dien­ne­ment www.israelvalley.com, et dont 1 ou 2 articles appa­raissent en géné­ral en pre­mière page dès qu’on lance sur inter­net une recherche concer­nant l’économie israé­lienne ou la vie des affaires. 

RENCONTRES ÉCONOMIQUES ET TECHNOLOGIQUES

D’autres évé­ne­ments consti­tuent une excel­lente occa­sion de rap­pe­ler les carac­té­ris­tiques de l’économie israé­lienne et faire se ren­con­trer des entre­pre­neurs ou des intra­pre­neurs des deux pays : depuis plus de dix ans, les Ren­contres éco­no­miques et tech­no­lo­giques France Israël sont orga­ni­sées avec la Chambre de com­merce et d’industrie de Paris Île-de-France ; elles portent sur la cyber­sé­cu­ri­té et donnent lieu à 150 à 250 one to one d’une demi-heure entre grands groupes, PME et start-up fran­çais et israéliens. 

“ En matière d’échanges économiques avec la France, Israël est passé en quelques années de la 13e à la 8e place ”

Le dîner annuel de la CCFI est en géné­ral pré­si­dé par notre ministre des Finances ou des Affaires étran­gères, il regroupe 400 à 500 lea­ders d’opinion, PME et grands groupes. 

Les gou­ver­ne­ments fran­çais et israé­liens marquent alors l’importance qu’ils attachent au déve­lop­pe­ment des rela­tions éco­no­miques entre la France et Israël. 

DES MARGES DE PROGRÈS IMPORTANTES

Où nous mènent toutes ces actions très volon­ta­ristes ? Pas bien loin : la France est 5e dans le monde en matière d’échanges éco­no­miques. En Israël, en quelques années, nous sommes pas­sés de la 13e à la 8e place alors que l’ensemble de l’UE est envi­ron deux fois plus pré­sente en Israël que dans le reste du monde. 

Nous bou­geons donc, mais trop len­te­ment. Israël est un pays qui bouge vite. De grands groupes amé­ri­cains comme les GAFA et IBM y ont créé des centres de R & D de plu­sieurs mil­liers de scientifiques. 

Les pôles israé­liens de quelques grands acteurs éco­no­miques fran­çais se déve­loppent, mais à l’image de l’ensemble de l’économie de notre pays, nous devons être glo­ba­le­ment plus com­pé­ti­tifs et ce, en par­ti­cu­lier, dans l’un des pays les plus dyna­miques et innovants.

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