Des matériaux innovants pour assurer le développement de la ville durable

Dossier : Dossier FFEMagazine N°706 Juin/Juillet 2015
Par Yann JAUBERT (93)

Quels sont les nouveaux enjeux des villes durables en termes de matériaux ?

La ville durable doit rele­ver un défi : réduire la consom­ma­tion d’énergie et de res­sources natu­relles tout en amé­lio­rant le cadre de vie des citoyens… Les maté­riaux uti­li­sés pour son déve­lop­pe­ment et sa construc­tion doivent prendre en compte ces cri­tères et réduire leur empreinte envi­ron­ne­men­tale. Ils doivent aus­si répondre aux cahiers des charges tech­niques et assu­rer la péren­ni­té des per­for­mances des bâtiments.

D’un point de vue éco­no­mique, ils se doivent d’être pro­po­sés à un prix abor­dable pour répondre aux exi­gences des zones où l’urbanisation se déve­loppe rapi­de­ment, dans les pays émer­gents notamment.

Comment vous inscrivez-vous dans cette logique de ville durable ?

Le groupe s’appuie sur son savoir-faire his­to­rique dans le domaine des solu­tions de pro­duc­tion de maté­riaux de construc­tion pour le gros oeuvre et le second oeuvre. Cette exper­tise nous per­met d’avoir une approche com­plète et de pro­po­ser des options innovantes.

Mate­rials Tech­no­lo­gies déve­loppe par ailleurs des pro­cess inté­grant une logique d’écologie indus­trielle et a adhé­ré à l’association Les Acteurs de l’Ecologie Indus­trielle aux côtés de grands groupes tels que Véo­lia, SNCF PSA ou Renault pour déve­lop­per les expé­ri­men­ta­tions sur un ter­rain industriel.

Quels sont les besoins et attentes de vos clients ?

Presse A650 pour la fabri­ca­tion de blocs en béton.

L’Arabie Saou­dite en 2030 pour­rait être ame­née à uti­li­ser la tota­li­té de sa pro­duc­tion pétro­lière pour ses propres besoins, notam­ment pour la cli­ma­ti­sa­tion, si le royaume ne prend aucune mesure pour réduire sa consom­ma­tion éner­gé­tique ; l’amélioration de l’efficacité éner­gé­tique des bâti­ments est un levier puis­sant pour évi­ter ce scé­na­rio sur le long terme.

Autre exemple, l’Algérie doit déve­lop­per sa capa­ci­té de pro­duc­tion de maté­riaux pour répondre à sa poli­tique de construc­tion de loge­ments éco­no­mi­que­ment abordables.

Nous iden­ti­fions deux types de besoins et attentes fortes de la part des gou­ver­ne­ments : pro­duire des maté­riaux de qua­li­té à prix abor­dable pour la construc­tion de villes durables dans les pays en déve­lop­pe­ment et conce­voir de nou­veaux maté­riaux répon­dant aux enjeux éner­gé­tiques de la ville durable dans les pays au PIB élevé.

Quelles sont les solutions développées par Materials Technologies ?

Le groupe apporte des solu­tions aux attentes de ses clients en termes de maté­riaux pour le déve­lop­pe­ment de la ville durable.

L’action de Mate­rials Tech­no­lo­gies s’inscrit très en amont de cette démarche. Nous devons les accom­pa­gner dans le déve­lop­pe­ment de nou­veaux maté­riaux : il s’agit d’apporter la solu­tion de pro­duc­tion ou de manu­ten­tion qui leur per­met­tra de concré­ti­ser leur pro­jet en s’affranchissant des contraintes tech­niques et éco­no­miques. Cela implique un tra­vail sur les pro­ces­sus de concep­tion de ces nou­veaux matériaux.

Le déve­lop­pe­ment de nou­veaux blocs en béton ayant une empreinte envi­ron­ne­men­tale moindre illustre cette approche. Ils doivent par­ti­ci­per à l’amélioration de la résis­tance ther­mique du mur et faire face à des ten­sions sur la dis­po­ni­bi­li­té de cer­taines matières premières.

Le sable, par exemple, est une com­po­sante clef du béton et de nom­breux maté­riaux de construc­tion. Son extrac­tion est de plus en plus dif­fi­cile, tou­jours plus coû­teuse et les nou­veaux gise­ments sou­lèvent de nom­breuses ques­tions envi­ron­ne­men­tales. Alors qu’il faut près de 200 tonnes de sable pour la construc­tion d’une mai­son de taille moyenne, que pou­vons-nous faire pour réduire nos besoins ?

Nous axons notre R&D sur des équi­pe­ments capables de fabri­quer des blocs à par­tir de matières bio-sour­cées capable de rem­pla­cer le sable et d’autres gra­nu­lats. Dans cette démarche, nous col­la­bo­rons avec le Codem-Le Bat­Lab, labo­ra­toire de déve­lop­pe­ment d’écomatériaux.

Nous en avons conclu que les fibres végé­tales peuvent être uti­li­sées dans la réa­li­sa­tion des maté­riaux des­ti­nés à la construc­tion et rem­pla­cer le sable.

Les per­for­mances ther­miques de ces blocs seront encore amé­lio­rées par l’insertion d’isolants. Les pro­cé­dés de com­plexage de maté­riaux déve­lop­pés par le groupe per­mettent l’intégration de plu­sieurs com­po­sants de natures dif­fé­rentes. Les alvéoles du bloc en béton sont com­blées avec des maté­riaux iso­lants grâce à un pro­ces­sus robo­ti­sé qui per­met de pro­duire à haute cadence.

Cette inno­va­tion a été récom­pen­sée en 2012 par le prix Glo­bal Insu­la­tion de l’innovation décer­né à notre ins­tal­la­tion FIBLOC® de découpe et d’insertion d’isolants dans les blocs. Cette capa­ci­té d’innovation est appré­ciée par nos clients, quel que soit leur pro­fil. Nous col­la­bo­rons avec de grands groupes comme Saint-Gobain, Lafarge, Knauf ou encore Alkern.

A l’international, où nous réa­li­sons plus de 85 % de notre chiffre d’affaires, nous sommes régu­liè­re­ment sol­li­ci­tés par des clients Afri­cains pour qui nous déve­lop­pons des solu­tions spé­ci­fiques. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, pour le béton, nous avons conçu des usines semi-auto­ma­tiques mais aus­si une large palette de solu­tions flexibles et évo­lu­tives pour les accompagner.

Quels sont vos axes de développement futurs ?

Ligne d’insertion d’isolant robotisée pour la construction d'habitation
Ligne d’insertion d’isolant robotisée.

Nous pou­vons, à notre échelle, par­ti­ci­per à la créa­tion d’une filière fran­çaise autour du pro­jet de la ville durable et plus par­ti­cu­liè­re­ment d’un pôle d’excellence cen­tré sur la fabri­ca­tion des maté­riaux de construc­tion du futur.

Ce modèle, proche de celui de Viva­po­lis en France, doit fédé­rer tous les acteurs et consti­tuer une offre indus­trielle qui soit une véri­table vitrine du savoir-faire fran­çais pour sa pro­mo­tion à l’international. Nous sou­hai­tons donc pour­suivre notre déve­lop­pe­ment en emme­nant si pos­sible d’autres PME dans notre sillage.

Il y a aus­si un tra­vail de réflexion à mener afin d’aller au bout de l’écologie indus­trielle. Même si ce sujet a déjà été abor­dé au niveau des ins­ti­tu­tions, il y a un réel besoin de par­tage de retour d’expérience et d’expérimentations industrielles.

Nous conti­nuons de notre côté nos études et recherches sur les boucles courtes des maté­riaux issus des déchets d’autres indus­tries comme les fibres végé­tales, des rési­dus de l’industrie agricole.

Je dirai enfin qu’il est aus­si impor­tant de ren­for­cer et de déve­lop­per les maté­riaux dit « intel­li­gents », comme les maté­riaux à chan­ge­ment de phase, qui sont dotés de pro­prié­tés phy­siques par­ti­cu­lières. Encore au stade de la recherche, ils devraient trou­ver des appli­ca­tions intéressantes.

A nous de créer les lignes de pro­duc­tion qui per­met­tront d’industrialiser leur production !

EN BREF

Mate­rials Tech­no­lo­gies est né du regrou­pe­ment de 2 socié­tés fon­dées il y a 40 ans et reprises en 2010 par Yann Jau­bert. Le groupe spé­cia­li­sé dans la concep­tion de lignes de manu­ten­tion et de pro­duc­tion compte 200 col­la­bo­ra­teurs et génère un chiffre d’affaires de 30 mil­lions d’euros.

80% de son acti­vi­té est liée au mar­ché de la fabri­ca­tion de maté­riaux de construc­tion. Depuis 2010, le chiffre d’affaires a tri­plé et le nombre de col­la­bo­ra­teurs a dou­blé. Le groupe a dépo­sé 15 bre­vets sur les 5 der­nières années et a consa­cré 7 % de son chiffre d’affaires à la R&D.

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