Des opportunités de partenariats scientifiques et universitaires
Au delà des liens directs de l’enseignement et de la recherche, les gouvernements français et israélien ont créé le HCST (Haut-Conseil franco-israélien pour la science et la technologie) pour mettre en œuvre des projets conjoints dans des domaines stratégiques et s’engager dans une coopération de longue durée.
Le HCST a notamment pour instrument le programme Hubert- Curien (PHC) Maimonide, qui finance des projets franco-israéliens de recherche et de mobilité.
“ Cinq volontaires internationaux chercheurs effectuent leurs recherches dans un laboratoire israélien ”
Chaque année, nous choisissons deux thématiques qui font l’objet d’un colloque bilatéral puis d’un appel à projets. Plusieurs dossiers sont retenus, pour une durée de deux ans.
Au total, chaque gouvernement mobilise un budget annuel de 500 000 €.
Pour la première fois en 2017, nous avons également décidé d’organiser, en complément, une rencontre sur un sujet de science appliquée et avons retenu le thème des villes intelligentes. Elle aura lieu à l’École centrale les 12 et 13 décembre.
REPÈRES
La recherche et l’innovation sont au cœur du développement économique d’Israël, premier pays de l’OCDE en pourcentage du PIB consacré à la recherche (4,2 % en 2015). Nous pouvons nous réjouir de l’intensité de ses liens scientifiques avec la France.
Nous sommes son 5e partenaire dans le monde en nombre de copublications et le 2e dans le programme Horizon 2020 de l’Union européenne (Israël est associé depuis vingt ans aux programmes européens de recherche, avec succès puisque l’ensemble des financements obtenus s’élève à 1,7 milliard d’euros pour un investissement de 1,375 milliard).
DES DISPOSITIFS FACILITANT LA MOBILITÉ DES CHERCHEURS
La France soutient aussi les mobilités de jeunes chercheurs entre nos deux pays, afin de préparer les coopérations de demain. Chaque année, des bourses sont attribuées à des doctorants ou postdoctorants israéliens, à travers le programme Chateaubriand, pour un budget de 200 000 €. En sens inverse, la France finance en permanence cinq volontaires internationaux chercheurs, doctorants ou postdoctorants, qui effectuent leurs recherches dans un laboratoire israélien.
“ Les établissements français trouvent en Israël des partenaires de rang mondial ”
Ils participent également à l’action du service de coopération scientifique et universitaire de l’ambassade de France, notamment pour son travail de veille scientifique.
Ces dispositifs sont cruciaux pour l’avenir de nos coopérations, et la valorisation de toutes les opportunités de mobilités doctorales et postdoctorales doit être notre priorité.
DES INITIATIVES QUI SE MULTIPLIENT
Plusieurs grandes universités et institutions de recherche françaises ont choisi de s’engager dans un partenariat de long terme avec un établissement israélien.
UNE LARGE MOBILISATION
Au-delà de l’engagement du ministère chargé des Affaires étrangères et du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, c’est tout le dispositif de recherche français qui se mobilise.
L’Inserm et le CNRS, notamment, financent des coopérations scientifiques et des associations entre laboratoires. Sans oublier le Centre de recherche français à Jérusalem (CRFJ), sous la double tutelle du ministère chargé des Affaires étrangères et du CNRS.
Le plus ancien est le programme Pasteur- Weizmann qui soutient, depuis quarante ans, grâce à une politique de levée de fonds commune, une coopération autour de projets de recherche, de visites de professeurs et de mobilités de jeunes chercheurs.
D’autres initiatives ont été prises plus récemment, avec l’objectif de créer des relations pérennes entre équipes pour obtenir des financements, notamment européens.
L’École polytechnique est à la pointe dans toutes ces actions, en coopération avec le Technion, l’Université hébraïque de Jérusalem et l’Institut Weizmann autour de projets scientifiques, de visites de professeurs, de cotutelles de thèses, d’écoles d’été et de mobilités d’étudiants.
FORTE CONCURRENCE
Les liens scientifiques entre la France et Israël constituent un précieux atout pour attirer des étudiants israéliens en France. Mais la concurrence est forte et la France n’est que la 12e destination des étudiants israéliens en mobilité internationale.
L’X EN POINTE
Avec ses nouveaux cursus totalement en anglais, l’École polytechnique saura attirer d’excellents étudiants israéliens.
La présence de jeunes polytechniciens dans les meilleures universités israéliennes, pour un stage scientifique, un master ou une thèse contribuera également au rayonnement de l’École.
Les établissements français qui bénéficient d’une reconnaissance mondiale et d’une offre de formation en anglais sont les plus attractifs, à l’image de Sciences Po ou de l’Insead.
Plus globalement, la mobilité des étudiants israéliens en France passera par un renforcement des programmes d’échange étudiants, notamment en s’appuyant sur les opportunités de bourses du dispositif européen Erasmus +.
UNE SOURCE D’INSPIRATION
Les établissements français trouvent en Israël des partenaires de rang mondial. Ils peuvent être source d’inspiration, que ce soit par l’ouverture interdisciplinaire qui irrigue la recherche ou encore par la connexion directe avec le monde de l’innovation et de l’entreprenariat à travers les sociétés de transfert de technologies, les incubateurs et les programmes de formation à la création d’entreprise.
Réception donnée à la résidence de France en l’honneur de la remise de la Légion d’honneur à M. Dan Shechtman, lors du HCST, le 5 juillet 2016 à Tel-Aviv Yafo. © ALEXANDRE SUPERVILLE
L’École polytechnique a d’ailleurs déjà mis en place une coopération entre son accélérateur, X‑Up, et celui du Technion, le T‑Factor.
DES LIENS À RENFORCER
Lors de mes visites dans les universités israéliennes et mes discussions avec leurs dirigeants, j’ai pu constater leur volonté de renforcer leurs liens avec la France, dont ils apprécient le haut-niveau scientifique, l’ouverture internationale et la culture.
Le Haut Conseil doit faciliter ces coopérations en incitant les universités et grandes écoles françaises à saisir les opportunités de partenariat en Israël.
Avec le soutien de l’ambassade de France en Israël et de l’ambassade d’Israël en France, trente-trois représentants d’universités, organismes de recherche et grandes écoles françaises se sont rendus en Israël en 2016.
Nous poursuivons cet effort en 2017 et pourrons, en 2018, nous appuyer sur une magnifique occasion de célébrer et renforcer encore nos coopérations : la Saison croisée France-Israël.
Jacques GOLDBERG professeur émérite au Technion
ISRAËL AU CERN : UNE LONGUE ATTENTE
Quittant la France voici trente ans pour créer le groupe du Technion, j’ai soulevé auprès de Bernard Grégory, alors directeur général du Cern, la possibilité de l’association d’Israël, idée immédiatement rejetée, car « elle paralyserait l’activité du Cern en y important le conflit du Moyen- Orient ».
Ce n’est que le 6 janvier 2014 qu’Israël a été officiellement admis au Cern à l’unanimité. Aucune activité du Cern n’a été paralysée ni avant ni depuis. Aucun conflit ne s’y est produit.
DÉTECTER LE BOSON DE HIGGS
La plupart des expérimentateurs israéliens y travaillent au sein du programme Atlas destiné à tenter d’observer (tentative réussie depuis), puis d’étudier l’objet théorique dit « boson de Higgs » capable de par son existence d’attribuer une masse aux particules qui peuplent l’univers.
L’appareil détecteur est un cylindre instrumenté de 46 m de long et 25 m de diamètre. Les deux extrémités ont été conçues et fabriquées en Israël, puis installées sous terre.
Depuis leur mise en service, les constructeurs analysent les données issues d’Atlas, dont 440 000 canaux pour ces détecteurs israéliens par cycle de 25 nanosecondes de l’accélérateur LHC (Large Hadron Collider).
DE LA RECHERCHE À L’INDUSTRIE
J’ai cédé à un autre caprice, participer à répondre par l’expérience à une des questions posées par André Lagarrigue en composition de physique le 16 janvier 1957 : « La masse du neutrino est-elle mathématiquement nulle ou trop faible pour être mesurée ? »
Réponse en 2010, mesurée très vraisemblablement non nulle, et établie depuis 2015.
Les connaissances acquises sur ces sujets qu’on pourrait juger futiles m’ont conduit au lancement d’une start-up en vue de l’interception de transferts frauduleux de matériaux fissiles et, beaucoup plus gratifiant pour moi, à réduire le nombre de chômeurs dans le pays où je vis.
Joseph ZYSS (69) professeur émérite à l’École normale supérieure Paris-Saclay
DE NABI À IMAGINANO, UN FRUCTUEUX PARTENARIAT DU CNRS AVEC L’INSTITUT WEIZMANN
Le Laboratoire européen associé en nanobiophotonique (LEA NaBi) associe, depuis sa fondation en 2008, plusieurs unités mixtes de recherche du CNRS (six au total) aux départements de physique et de chimie de l’Institut Weizmann.
Il constitue un axe majeur de la stratégie internationale du CNRS au travers de deux de ses instituts nationaux (Sciences de l’ingénierie et des systèmes, Physique), en association avec plusieurs établissements universitaires français (École normale supérieure Paris- Saclay, École normale supérieure Paris, université Paul-Cézanne), auxquels sont venus se joindre depuis 2016 l’Institut Langevin (ESPCI), l’université Paris‑V (faculté de médecine des Saints-Pères) et l’université Joseph-Fourier à Grenoble.
Du côté israélien, le partenariat s’est ouvert en 2016 à l’Université de Tel-Aviv et à l’Université hébraïque de Jérusalem, tout en prenant le nouveau nom de « ImagiNano ».
UNE APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE
Cette opération résulte de la volonté du CNRS d’explorer en collaboration avec un partenaire de premier plan au niveau international un domaine émergent à la frontière des nanosciences, de la photonique et des sciences du vivant, dans sa double dimension fondamentale et appliquée.
Le professeur Dan Oron, codirecteur d’ImagiNano, synthétisant des nanoparticules de semi-conducteur par voie colloïdale « douce » à l’Institut Weizmann.
Dans ce contexte, l’Institut Weizmann se positionne comme un partenaire idéal compte tenu de sa culture favorable au décloisonnement entre disciplines, mais aussi de son aptitude éprouvée au transfert industriel.
Symétriquement, la réputation d’excellence bien établie des laboratoires et instituts français concernés dans les domaines de l’optique moderne, tout particulièrement en optique non-linéaire, et des nanosciences est apparue attractive à nos partenaires israéliens, s’appuyant de plus sur une longue et fructueuse tradition de collaboration entre scientifiques des deux pays.
DES RÉSULTATS PROMETTEURS
La vie scientifique du laboratoire s’articule autour d’une douzaine de projets de recherche cofinancés associant au moins une équipe française à une équipe israélienne, selon les axes principaux suivants : innovations en microscopie et imagerie biologique, processus biologiques photo-induits, biocapeurs et biochips, nanophysique.
Ces recherches ont abouti à une floraison de résultats ayant fait l’objet de nombreuses publications mais aussi de prises de brevets communs, en particulier dans les domaines de l’endoscopie de nouvelle génération permettant une analyse fine des tissus explorés, des nano-antennes métalliques couplant les échelles micro et nanométriques, l’élaboration d’une nouvelle famille de matériaux pour la photonique à base de polypeptides fonctionnalisés, l’analyse d’images dans des milieux fortement diffusants, ou encore de nouvelles méthodes de nanoscopie multiphotonique.
Michel GOLDBERG (58) président honoraire du Conseil Pasteur – Weizmann
LE CONSEIL PASTEUR – WEIZMANN
Créé en 1975 à l’initiative de Robert Parienti (délégué général de l’Institut Weizmann), du professeur André Lwoff (prix Nobel de médecine) et de la ministre de la Santé Simone Veil, le Conseil Pasteur- Weizmann (P‑W) est une association à but non lucratif visant à susciter et soutenir des collaborations actives entre chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Institut Weizmann.
Depuis sa création, elle a organisé et financé 25 symposiums se déroulant alternativement à Pasteur et à Weizmann et, depuis 1990, des missions de prise de contact dans l’institut partenaire pour plus de 100 chercheurs, 4 bourses postdoctorales, 185 bourses pour jeunes chercheurs et 51 programmes de recherche impliquant chacun au moins un laboratoire dans chaque institut.
Sur les 43 premiers programmes financés, 18 ont généré des publications conjointes, 9 des publications de chacun des laboratoires partenaires, et 9 des publications d’un seul des partenaires.
DES PROJETS SOIGNEUSEMENT ÉVALUÉS
Institut Pasteur Paris.
Le succès de ces collaborations est dû avant tout à la qualité des chercheurs impliqués, mais aussi à la rigueur de l’évaluation des projets.
Chaque année, ils sont classés par un comité spécialisé dans chaque institut puis, sur la base de ces deux classements, le choix des projets soutenus est réalisé par le conseil scientifique de P‑W. Ce dernier pilote également les symposiums, l’attribution des bourses et les missions.
Le financement – entre 250 et 400 k€ par an – provient exclusivement de la générosité du public sous forme de cotisations, dons, legs, et bénéfices de prestigieux galas auxquels des personnalités éminentes du monde artistique prêtent leur concours.
UN PARTENARIAT PRODUCTIF
Considérée dans chacun des deux instituts comme le plus durable et le plus productif de ses partenariats internationaux, la collaboration P‑W a largement contribué non seulement à d’importantes découvertes dans le domaine de la santé, mais aussi à des liens professionnels et amicaux entre les communautés scientifiques française et israélienne.