Des solutions innovantes et performantes pour fabriquer à grande échelle du gaz et du carburant de synthèse
Entreprise française innovante, KHIMOD se développe sur le marché des molécules de synthèse en fournissant des installations performantes, robustes et fiables pour produire du méthane, du méthanol et des carburants de synthèse. Nicolas Serrie (X01), président de KHIMOD, revient sur les spécificités de cette activité et nous en dit plus sur ces réacteurs-échangeurs de chaleur développés par son entreprise pour fabriquer ces molécules de synthèse.
Votre activité s’inscrit au cœur des enjeux de décarbonation de l’industrie. Qu’en est-il ?
Nous appréhendons la décarbonation de l’industrie au travers de la production de molécules de synthèse. Concrètement, KHIMOD développe et fabrique des équipements destinés à la production de trois types de molécules de synthèse : le méthane de synthèse, le méthanol de synthèse et les carburants de synthèse aussi appelés SAF (« Sustainable Aviation Fuels » ou Carburant d’Aviation Durables).
Pour ces molécules, dans nos systèmes et nos procédés, nous utilisons principalement du CO₂, que nous recyclons ainsi que de l’hydrogène décarboné.
Enfin, nous opérons aussi dans le domaine de la chimie avec des équipements qui permettent indirectement de décarboner certains process de chimie fine grâce à l’hydrogénation de molécules.
Concrètement, quel est votre positionnement et que proposez-vous ?
KHIMOD propose donc des équipements modulaires adossés à un réacteur-échangeur de chaleur qui permet de réaliser des réactions de manière très efficace grâce à notre fine maîtrise des conditions de température et de pression.
Nos équipements permettent d’avoir un important rendement et une très bonne sélectivité, ce qui contribue à avoir une très bonne valorisation des molécules générées et donc de réduire significativement le coût de production de ces molécules. Enfin, nos solutions sont très flexibles et modulaires, ce qui permet d’avoir les mêmes performances et coûts de production, quelle que soit la taille du projet.
Aujourd’hui, les projets de production de carburant et de molécules de synthèse développés dans le monde ont des tailles encore relativement petites, alors qu’ils reprennent des procédés issus du monde du pétrole et du gaz, qui ont été pensés pour des volumes de plusieurs millions de tonnes de CO₂ traitées par an. Aujourd’hui, notre approche permet de s’adapter à toutes les tailles de projet de manière performante, depuis les petits projets jusqu’aux plus gros.
Revenons plus particulièrement sur vos solutions industrielles qui permettent de fabriquer des molécules de synthèse. Comment fonctionne-t-elle ? Pouvez-vous nous partager des cas d’usage ?
Ces solutions sont basées sur nos réacteurs-échangeurs de chaleur, dans lesquels se réalisent des réactions chimiques pour la fabrication de ces molécules de synthèse. Concrètement, nous allons mélanger de l’hydrogène et du CO2 (ou du monoxyde de carbone en fonction de la disponibilité des intrants) afin de produire une molécule de synthèse avec une maîtrise parfaite de la chaleur, ce qui permet, comme précédemment mentionné, d’optimiser les coûts et d’avoir un très bon taux de conversion et de valorisation des molécules.
Dans le secteur de l’aérien, le principal cas d’usage consiste à fabriquer du kérosène de synthèse pour décarboner la mobilité aérienne. Dans ce cadre, nous collaborons avec Elyse Energy pour le projet d’AVEBIO, projet soutenu dans le cadre de France 2030 et visant à développer une filière française de production de carburants aéronautiques durables. KHIMOD fournit les réacteurs-échangeurs de chaleur pour les unités d’hydrogénation du CO2 ainsi que les briques technologiques Reverse Water-Gas-Shift et Fischer-Tropsch.
“KHIMOD propose donc des équipements modulaires adossés à un réacteur-échangeur de chaleur qui permet de réaliser des réactions de manière très efficace grâce à notre fine maîtrise des conditions de température et de pression.”
Avec le méthanol de synthèse, nous sommes notamment positionnés sur des cas d’usage visant la décarbonation du transport maritime, le domaine de la chimie (le méthanol peut être utilisé pour la production de plastique (procédé methanol-to-olefins) ou la décarbonation de l’aérien (via le procédé methanol-to-jet).
Le développement de ces molécules de synthèse au service du transport aérien et maritime s’inscrit, par ailleurs, dans la continuité d’une directive européenne votée en 2023 et qui impose l’incorporation graduelle de ces carburants de synthèse entre 2030 et 2050. Cette obligation réglementaire donne un nouvel élan à ce marché.
Enfin, le méthane de synthèse s’impose, quant à lui, comme une alternative pertinente et performante, pour des industries dont les processus ne peuvent pas être décarbonés via l’hydrogène ou l’électrification. Ces processus difficiles à décarboner représentent, d’ailleurs, près de 70 % des procédés industriels.
Sur un plan technique et technologique, en quoi votre approche est-elle différenciante ?
Nos réacteurs-échangeurs de chaleur sont innovants. Aujourd’hui, KHIMOD est un des seuls acteurs au monde à proposer cette solution technologique avec cette fine maîtrise de la température et de la pression, ce qui permet d’avoir une forte flexibilité en termes de charge.
Aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre développement et la mise sur le marché de vos solutions ?
Nous avons près d’une douzaine de pilotes et de démonstrateurs en opération autour des différents cas d’usage mentionnés plus haut et nous sommes aujourd’hui dans une phase de commercialisation. Sur le carburant de synthèse ou SAF, comme précédemment mentionné, nous sommes mobilisés sur le projet AVEBIO. Sur le méthane de synthèse, nous sommes notamment mobilisés sur le projet pilote, Jupiter 1000, basé à Fos-sur-Mer et qui est un des plus gros pilotes au monde à date.
Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché ?
KHIMOD est une entreprise française, mais les marchés adressés sont mondiaux et sont principalement tirés par l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie et les pays du Golfe dans une moindre mesure.. Il s’agit donc pour nous d’accélérer notre développement à l’international avec un focus sur ces zones géographiques.
Pour poursuivre ce développement, nous avons bien évidemment un enjeu de recrutement dans les mois à venir.
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La fabrique à grande échelle de méthane et de carburant de synthèse est un enjeu vital pour faire face au réchauffement climatique, à condition que ce soit avec une filière non carbonée. Ce peut être une forme de stockage des énergies renouvelables intermittentes : éolien et photovoltaïque et, peut-être, une alternative au tout électrique en matière de déplacement.
Une question fondamentale se pose alors immédiatement : actuellement, quel est le coût de revient du méthane et des carburants de synthèse en comparaison avec l’obtention des mêmes molécules par une filière carbonée ? Une question secondaire se pose aussi : si le prix est encore élevé, quelles sont les perspectives de baisse des coûts de la filière décarbonée ?