Grâce à des investissements en R&D et en innovation, Lorflam développe des systèmes de chauffage bois à accumulation performants, réduit la consommation de bois, minimise les émissions de particules, et privilégie des solutions Low Tech et éco-innovantes pour prolonger la durée de vie et la recyclabilité de leurs produits.

Des solutions pensées et conçues au service de la décarbonation

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Stéphane LABBE
Par Fabien BALAY

Sté­phane Labbe, direc­teur géné­ral de Lor­flam et du groupe QAELI, et Fabien Balay, direc­teur tech­nique de Lor­flam, nous expliquent com­ment leur entre­prise appré­hende et intègre les enjeux liés à la décar­bo­na­tion. Ils reviennent éga­le­ment sur l’importance de l’innovation et de la R&D dans cette démarche.

Présentez-nous Lorflam.

Créée en 1984, Lor­flam était à l’origine un détaillant régio­nal spé­cia­li­sé en inserts de che­mi­née. Au fil des décen­nies, l’entreprise a éten­du son péri­mètre géo­gra­phique afin de cou­vrir l’ensemble du ter­ri­toire natio­nal. Au tour­nant des années 2000, Lor­flam a éga­le­ment réa­li­sé des inves­tis­se­ments maté­riels et humains signi­fi­ca­tifs en se dotant notam­ment d’un labo­ra­toire dédié à la R&D. Lor­flam a déve­lop­pé une com­pé­tence avé­rée en matière de com­bus­tion de bio­masse et de maî­trise de la ther­mique qui est aujourd’hui au cœur du métier et des exper­tises de l’entreprise.

Cette démarche proac­tive a, par ailleurs, per­mis d’anticiper les évo­lu­tions régle­men­taires : l’introduction des labels, dont le Label Flamme Verte qui a vu le jour en 2001 ; les contraintes sur les émis­sions de car­bone et les niveaux de per­for­mance atten­dus alors que la com­bus­tion du bois est plus par­ti­cu­lière et spé­ci­fique que celle des com­bus­tibles fos­siles nor­més et requiert une fine maî­trise et connais­sance des méca­nismes induits. 

Aujourd’hui, Lor­flam est une entre­prise à taille humaine qui emploie 24 col­la­bo­ra­teurs, avec une équipe de 4 à 5 per­sonnes au sein du labo­ra­toire de R&D dédié à la com­bus­tion. Les équipes com­mer­ciales sont, quant à elles, rat­ta­chées et cen­tra­li­sées au niveau du groupe. 

Concrè­te­ment, notre acti­vi­té s’articule autour de 3 grands axes : la com­mer­cia­li­sa­tion des pro­duits via un réseau de pro­fes­sion­nels ins­tal­la­teurs indé­pen­dants ; un ser­vice de conseil avant et après-vente dédié à ces pro­fes­sion­nels (accom­pa­gne­ment tech­nique, for­ma­tion sur les pro­duits et sur l’installation) ; et le ser­vice tech­nique qui est ados­sé au labo­ra­toire de R&D (concep­tion, modé­li­sa­tion 3D, tests de per­for­mance envi­ron­ne­men­tale, ther­mique, aéraulique…). 

Comment un acteur comme Lorflam appréhende la question de la décarbonation ? Dans ce cadre, quelle est votre stratégie ?

De par la nature de notre sec­teur d’activité, nous étions jusque-là déjà très satis­faits de contri­buer à favo­ri­ser l’utilisation d’une res­source renou­ve­lable et qua­si neutre en CO2 : le bois éner­gie, dont le suc­cès s’explique par le moindre coût aus­si bien sous forme de bûches que de gra­nu­lés. Mais nous ne pre­nions pas for­cé­ment en compte la ques­tion de la décar­bo­na­tion dans son ensemble.

L’impact car­bone n’étant pas uni­que­ment lié à l’usage du pro­duit, notre enjeu est main­te­nant d’intégrer l’ensemble du cycle de vie. Dans cette conti­nui­té, nous avons lan­cé un diag­nos­tic RSE en 2022 avec le sup­port de la CCI du Mor­bi­han et avons recru­té un char­gé de mis­sion en alter­nance à la Green Mana­ge­ment School pour nous accom­pa­gner dans l’élaboration et la défi­ni­tion de notre poli­tique et stra­té­gie de décar­bo­na­tion. Nous venons dans cet objec­tif de lan­cer la réa­li­sa­tion de notre pre­mier bilan car­bone avec le sou­tien du cabi­net de conseil Good­will Mana­ge­ment. Nous nous for­mons aus­si sur des sujets en lien avec ces pré­oc­cu­pa­tions, comme les achats res­pon­sables. C’est véri­ta­ble­ment une démarche proac­tive et volon­taire, car en tant que petite PME Lor­flam n’est pas sou­mise aux diverses obli­ga­tions en la matière, comme la CSRD. 

Comment cela se traduit-il de manière opérationnelle ? Comment faites-vous évoluer vos équipements en ce sens ?

Grâce à nos inves­tis­se­ments en matière de R&D et d’innovation, nous maî­tri­sons tota­le­ment le volet concep­tion et déve­lop­pe­ment de nos pro­duits, dont nous sous-trai­tons par choix la fabri­ca­tion à des par­te­naires que nous avons rigou­reu­se­ment sélectionnés.

Nous pri­vi­lé­gions l’éco-innovation dans une logique de réduc­tion de notre impact. En ce sens, nous explo­rons plu­sieurs pistes : le « juste besoin » et le Low Tech, la modu­la­ri­té et la démon­ta­bi­li­té des com­po­sants pour pro­lon­ger la durée de vie, la recy­cla­bi­li­té et la prise en compte de la fin de vie de nos pro­duits. Nous cher­chons ain­si à déve­lop­per des poêles à accu­mu­la­tion de plus en plus per­for­mants. D’ailleurs, ces poêles à accu­mu­la­tion sont consi­dé­rés par l’École Cen­trale de Nantes comme une illus­tra­tion du Low Tech. Concrè­te­ment, ces poêles vont réduire signi­fi­ca­ti­ve­ment la consom­ma­tion de bois, émettre moins de par­ti­cules et appor­ter un meilleur confort d’usage qui se tra­duit par une auto­no­mie pro­lon­gée, qui est le fruit de la res­ti­tu­tion lente de cha­leur. La preuve en vidéo :

De plus, ces poêles, qui n’utilisent pas de régu­la­tion élec­tro­nique, offrent une alter­na­tive inté­res­sante alors que se pose la ques­tion de la dépen­dance de notre pays aux com­po­sants élec­tro­niques. Aujourd’hui, c’est une piste de déve­lop­pe­ment que nous allons creuser.

En paral­lèle, nous tra­vaillons avec nos par­ties pre­nantes pour rele­ver ces défis. Avec nos sous-trai­tants, nous cher­chons à réduire nos déchets d’emballages, à opti­mi­ser les flux, dis­tances et modes de transports.

Le tra­vail de fond sur notre bilan car­bone, depuis près de deux ans, nous a aus­si per­mis de for­ma­li­ser plu­sieurs de nos ambi­tions et enga­ge­ments, mais est éga­le­ment un vec­teur d’innovation sur le plan tech­no­lo­gique et en matière de déve­lop­pe­ment de nou­veaux maté­riaux pour nos équi­pe­ments de chauf­fage au bois.

Des solutions pensées et conçues au service de la décarbonation

Sur le plan technologique, quelles sont les pistes que vous explorez ?

Nous nous concen­trons sur plu­sieurs axes. Nous sou­hai­tons nous ins­crire dans une démarche d’optimisation conti­nue des per­for­mances de com­bus­tion (ren­de­ment, émis­sion de pol­luants). En paral­lèle, nous tra­vaillons sur le trai­te­ment des émis­sions de par­ti­cules et sommes en lien avec l’ADEME sur plu­sieurs pro­jets d’optimisation de la chambre de com­bus­tion. Nous col­la­bo­rons avec des uni­ver­si­tés à Nantes, à Mul­house, à Lille et à Dun­kerque sur dif­fé­rents enjeux, comme les tech­no­lo­gies orien­tées Low Tech ou encore la régu­la­tion élec­tro­nique pour opti­mi­ser les per­for­mances sans impac­ter le confort d’utilisation. Ain­si que sur l’impact du chauf­fage au bois sur la qua­li­té de l’air. Nous nous inté­res­sons aus­si à de nou­veaux maté­riaux d’accumulation plus per­for­mants et qui font moins appel à l’extraction minière. Nous envi­sa­geons aus­si d’évaluer la per­ti­nence du recours à l’IA dans notre sec­teur. Enfin, il s’agit de conti­nuer à pro­po­ser des solu­tions simples à uti­li­ser et à main­te­nir à un coût compétitif.

Dans cette démarche, êtes-vous confrontés à des enjeux ?

Nous devons faire face à une infla­tion règle­men­taire et nor­ma­tive. Si les nou­velles régle­men­ta­tions peuvent contri­buer à faire avan­cer les choses, on y retrouve très sou­vent des consi­dé­ra­tions qui auraient néces­si­té une réflexion appro­fon­die, voire même des posi­tions par­ti­sanes. On peut notam­ment citer l’imposition d’une « élec­tro­ni­fi­ca­tion » exces­sive qui se pro­file dans la révi­sion 2024 du Règle­ment Eco­de­si­gn de nos pro­duits ou encore le déclas­se­ment Eco­la­be­ling envi­sa­gé par rap­port aux pompes à cha­leur. Lor­flam est for­te­ment mobi­li­sée sur ces sujets et nous par­ti­ci­pons régu­liè­re­ment à dif­fé­rents groupes de tra­vail sur la nor­ma­li­sa­tion euro­péenne et les futures régle­men­ta­tions. Au-delà, nous croyons en un mix éner­gé­tique équi­li­bré, car aucune éner­gie, à elle seule, ne nous per­met­tra de réus­sir notre tran­si­tion énergétique. 

Alors que la décarbonation s’accélère et que la question énergétique est de plus en plus prégnante, comment vous projetez-vous sur le marché ?

Nous pour­sui­vons nos efforts en matière de R&D pour confor­ter notre posi­tion­ne­ment et faire par­tie des acteurs lea­ders sur un mar­ché où la res­source a voca­tion à être réser­vée aux solu­tions et pro­duits à meilleur ren­de­ment et moindre consom­ma­tion. Le Syn­di­cat des éner­gies renou­ve­lables est clair et ambi­tieux à ce sujet en enga­geant la filière sur la voie de la baisse de consom­ma­tion glo­bale de bio­masse éner­gie en 2035 (66 TWh contre 76TWh en 2023), avec une aug­men­ta­tion de 33 % du parc d’installations d’appareils de chauf­fage domes­tique au bois. Ceci étant tout à fait réa­liste grâce d’une part à l’amélioration ther­mique des loge­ments et d’autre part au renou­vel­le­ment du parc par des appa­reils plus performants.

Pour relever ces défis, recrutez-vous ? Quels sont les profils que vous recherchez ?

Nous ren­for­çons, en effet, notre équipe R&D, avec de nou­veaux étu­diants en ther­mique en alter­nance ou en stage, avec à la clé des recru­te­ments. En paral­lèle, nous avons récem­ment recru­té un char­gé de mis­sion RSE et déve­lop­pe­ment durable qui va nous accom­pa­gner sur l’ensemble de nos nou­veaux pro­jets.  

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