Descartes & Mauss : comprendre aujourd’hui, le monde de demain
Descartes & Mauss se définit comme une StraTech dont l’ambition est d’apporter une vision nouvelle de la stratégie d’entreprise en s’appuyant sur l’IA et la modélisation systémique. Son CEO et fondateur, Maurice N’Diaye (X05) nous en dit plus sur le positionnement novateur de son entreprise et sur sa proposition de valeur dans un contexte où, comme l’a écrit l’universitaire américain Peter Drucker, « la meilleure manière de prédire le futur, c’est de le créer ».
Quel est votre cœur de métier ?
Dans un contexte incertain et instable, les dirigeants sont confrontés à une pluralité d’événements qui se superposent et impactent leur capacité à prendre des décisions stratégiques : pandémie, crise économique, inflation, instabilité géopolitique, frénésie technologique…
Face à cette nouvelle réalité, Descartes & Mauss a pour ambition d’offrir aux directions générales une nouvelle grille de lecture, non plus basée sur l’analyse d’événements passés, mais sur l’anticipation. Pour ce faire, nous capitalisons sur une expertise et une capacité avérée à modéliser l’ensemble des paramètres qui vont façonner le futur d’une entreprise grâce à l’IA. Concrètement, nous aidons les dirigeants à mieux se préparer au futur et à dé-risquer leur prise de décision afin de garantir la résilience et la croissance de leur organisation.
Dans un contexte de forte instabilité, comment l’IA peut-elle donc aider à la prise de décision en entreprise ?
L’IA et les algorithmes permettent de traiter et d’exploiter des données afin de faire des calculs et des modélisations que le cerveau humain ne pourrait pas réaliser seul. Dans le contexte actuel, les dirigeants doivent prendre en compte un nombre toujours plus important de paramètres, qui, en plus, sont instables et mouvants. En cette période marquée par l’inflation, par exemple, seule l’intelligence matricielle peut analyser de manière croisée et simultanée la manière dont évoluent les prix en magasin, les coûts de l’énergie, les taux des banques centrales, le comportement des consommateurs, et ceci par catégorie d’individus, par géographie… C’est cette approche qui peut permettre aux dirigeants de repenser la manière dont ils définissent la stratégie de leur entreprise. Nous sommes, en effet, convaincus qu’aujourd’hui les dirigeants doivent recourir à ces technologies dès la conception de leur plan d’actions, et non plus uniquement pour les mettre en œuvre.
Dans cette démarche, comment une utilisation pertinente de la data peut-elle aider les entreprises à être plus résilientes ?
Si le marketing va s’intéresser principalement aux données relatives aux consommateurs, la finance aux datas financières, les affaires publiques aux data réglementaires, le dirigeant, dans un monde en crise permanente, doit avoir une approche multi-dimensionnelle de la data. Pourtant, la data est encore très silotée dans les organisations. Chaque métier va travailler sur sa donnée et produire une lecture unidimensionnelle qui ne va pas rendre compte de la complexité du contexte et des différents facteurs qui peuvent impacter l’entreprise. Or pour penser la stratégie d’une entreprise au service de sa croissance et de sa résilience, il est impératif de prendre en compte toutes les données de manière ttransversale.
Forts de ces constats, nous avons mis en place dans nos analyses la notion de clé d’entrée pour analyser les phénomènes auxquels les entreprises sont exposées et mieux comprendre leurs causes. En effet, l’identification des données et la manière de les corréler et de les croiser sont déterminantes pour développer une analyse systémique qui va permettre de mieux se préparer et anticiper ce qui vient et qui n’est pas encore advenu.
Au-delà, le recours à l’IA transforme également le métier du conseil en stratégie. Pourquoi et comment ?
L’opposition entre l’Homme et la technologie n’a pas lieu d’être à mon sens. En effet, il y a eu un premier âge de « l’augmentation » du conseil en stratégie par l’IA qui portait essentiellement sur le recours aux sciences algorithmiques pour mettre en œuvre les stratégies.
Aujourd’hui, notre objectif est de mettre l’IA au service de l’élaboration et de la définition de stratégies. En effet, l’IA doit intervenir plus en amont, dès la conception de la stratégie afin que l’élaboration de celle-ci ne repose plus sur l’expérience et l’analyse du passé, car ce que nous vivons à l’heure actuelle est inédit.
“Nous allons assister à l’émergence d’une nouvelle matière et de nouveaux acteurs : la StraTech, c’est-à-dire des sociétés qui mêlent « by design » une approche technologique nourrie par l’IA et une approche humaine nourrie par l’expertise métier.”
Si l’IA permet un gain de productivité et de temps sur les tâches chronophages et manuelles, elle va surtout permettre d’optimiser la production de scénario et de planning qui sont la base de toute stratégie. Les méthodes traditionnelles qui permettent de proposer un nombre limité d’hypothèses et de scénarios ne sont plus adaptées à un contexte aussi mouvant. L’enjeu est donc d’outiller les dirigeants afin qu’ils puissent s’appuyer sur des scénarios et des hypothèses qui vont véritablement leur permettre de se préparer et de se projeter sur le moyen et long terme. À partir de là, nous avons développé une plateforme qui développe et produit de manière semi-automatisée et à l’échelle des scénarios relatifs à l’évolution d’un marché. Enfin, à cela s’ajoute la nécessité de compléter le conseil en stratégie par des capacités technologiques de modélisation nouvelles qui permettront de développer une analyse systémique aujourd’hui indispensable pour appréhender toute la complexité du monde dans lequel nous évoluons.
Sur ces sujets et enjeux, quelle est la valeur ajoutée de la modalisation systémique développée par Descartes & Mauss ?
Nous allons assister, à mon sens, à l’émergence d’une nouvelle matière et de nouveaux acteurs : la StraTech, c’est-à-dire des sociétés qui mêlent « by design » une approche technologique nourrie par l’IA et une approche humaine nourrie par l’expertise métier. Et aujourd’hui, Descartes & Mauss est fier de se positionner et de se présenter comme la première StraTech.
En effet, la promesse de la modélisation systémique repose sur la capacité à comprendre le monde tel qu’il est aujourd’hui, mais surtout tel qu’il sera demain en identifiant les opportunités et les risques de son marché à deux, trois ou cinq ans pour mieux s’y préparer et, in fine, en tirer profit.
Dans cette démarche, nous proposons aux entreprises une infrastructure dédiée, une plateforme, qui va produire des éléments de modélisation en croisant des données de sources et de natures différentes afin de mettre en place un alignement qui va apporter de la clarté sur les enjeux et problématiques auxquels sont confrontés les organisations. Notre plateforme peut aussi très rapidement être mise à jour si un changement ou un nouvel événement se produit. En effet, l’intégration de l’analyse systémique dans la plateforme permet non seulement d’évaluer une situation, mais aussi d’adapter très vite une trajectoire. Cette approche permet aussi d’introduire des éléments de métrique afin de hiérarchiser les hypothèses et donc d’éclairer la prise de décision des dirigeants. Enfin, ces derniers vont pouvoir s’appuyer sur une compréhension plus complète du marché et ainsi identifier des territoires d’innovation, d’investissement… et déployer en conséquence des actions plus ciblées et spécifiques.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?
Dans le secteur de l’alimentaire, jusque-là, imaginer le futur de celui-ci consistait à étudier les différentes tendances de consommation et leur évolution dans le temps. Aujourd’hui, nous pouvons analyser de façon simultanée des milliers d’informations émanant de parties prenantes très différentes et bâtir un système unique qui intègre les attentes des ménages en matière d’origine, de composition ou de prix des produits mais aussi la disponibilité des matières premières nécessaires au packaging, l’évolution du coût du transport ou encore les changements réglementaires en matière de procédés de fabrication ou d’empreinte carbone.
En parallèle, la modélisation systémique peut être utilisée pour appréhender tous les grands changements mondiaux, comme la lutte contre le réchauffement climatique. Sans une approche systémique portant sur l’ensemble des facteurs sous-jacents au réchauffement de la planète, il est illusoire de prétendre lutter efficacement contre celui-ci. Développer la voiture électrique sans développer des solutions pour limiter la pollution liée à l’extraction des métaux nécessaires à son développement est une aberration. Dans ce cas précis, le recours à la modélisation systémique doit permettre d’empêcher que le développement durable ne soit un jeu à somme nulle.
Sur ce marché, comment vous projetez-vous ? quelles sont vos perspectives de développement ?
Grâce à notre approche différenciante, nous avons réussi, en un peu plus d’un an, à nous faire une place dans le marché très compétitif du conseil en stratégie. Nous sommes très fiers d’accompagner les directions générales de leaders mondiaux comme McDonald, Danone ou L’Oréal et sommes en discussion avec plus d’une cinquantaine d’autres entreprises d’envergure comparable. Pour soutenir ce développement, nous avons récemment fait une levée de fonds d’amorçage qui va nous permettre de renforcer notre équipe de data scientists. Notre objectif est aussi d’accroître en 2023 notre présence aux États-Unis et d’ouvrir un bureau en Asie.