Deux livres de Marc CHERVEL (52)
Le fonctionnement du marché suivant les lois commerciales de la rentabilité ne semble pas conduire spontanément le monde vers un état harmonieux d’équilibre et de bienêtre : le quart de l’humanité vit avec un revenu de moins de un dollar par jour, et pour les pays riches comme les nôtres des déséquilibres tels sont apparus (chômage, déficits) qu’ils sapent les fondements mêmes de nos sociétés.
À côté du calcul de rentabilité financière des activités et des projets nouveaux, qui régule nos économies libérales, s’impose peu à peu la nécessité de mettre en place un autre calcul, un calcul de rentabilité plus global qui chercherait à prendre en compte directement les objectifs de croissance, d’emploi et de mieux-être de l’ensemble des populations de chaque pays. La programmation des actions de développement prenant en compte les résultats de ce calcul et les politiques économiques correspondantes devraient pouvoir conduire à une croissance plus harmonieuse et à une réduction de ces déséquilibres.
Deux procédures concernant “l’évaluation économique de projets ” ont été présentées depuis une trentaine d’années : la “ méthode des effets ” fondée sur les études et les procédures existant au sein des administrations économiques nationales, méthode qui a été retenue en particulier par les organismes français de coopération, et les “ méthodes prix de référence ”, fondées sur la théorie néoclassique dominante, qui ont la faveur des organismes internationaux (Banque mondiale, ONU, OCDE).
L’ouvrage de Publisud, après un rappel des outils de comptabilité nationale et de calcul économique utilisés, présente de manière succincte ces deux séries de méthodes, des applications schématiques ainsi que l’historique de ces méthodes et une comparaison critique.
L’ouvrage publié par Orbiter est consacré à la seule méthode des effets. Après un exposé détaillé de cette approche, trois projets étudiés selon cette approche sont présentés : l’exploitation d’un gisement de charbon en Colombie, une cimenterie en Birmanie et un projet agro-alimentaire au Sénégal. Rédigé initialement pour l’ONU (Développement industriel), ce manuel a été jugé trop hétérodoxe par rapport aux errements en vigueur – tant est fort le conformisme de ce qu’on appelle maintenant “ la pensée unique ”.
Il n’a pu être publié qu’avec retard par un éditeur italien.