Deux théatres à Paris : Les Déchargeurs et Théatre Rive-Gauche
Il faut de tout pour faire du théâtre, y compris une défunte fromagerie, depuis 1979 transformée en pittoresque “ Théâtre des Déchargeurs ”, sis à Paris, près du Forum des Halles. Une notice ajoute que la fromagerie s’était elle-même établie dans un ancien “ relais de poste ”.
Un relais de poste, en plein Paris ? Intrigué, j’ai fouiné et découvert qu’il s’agit en fait du Bureau general de la Po∫te de Paris. Dans un document de 1708 je lis en effet que ce bureau e∫t à present rue des Déchargeurs. Là ∫e trouve la boîte où il faut jeter les lettres aux heures marquées, à faute de quoy elles re∫teront pour l’ordinaire suivant. Le document ? Rien moins que l’ALMANACH ROYAL, POUR L’ANNE’E BISSEXTILE MIL SEPT CENS HUIT, CALCULE’ AU MERIDIEN DE PARIS, Où l’on trouve… les routes des Me∫∫agers, les Foires et Po∫tes du Royaume... atterri dans ma bibliothèque il serait trop long de vous dire comment. Je vous garantis en tout cas la répétition fidèle de l’orthographe et de l’accentuation.
Si je vous raconte tout ça, c’est parce que le Théâtre des Déchargeurs a récemment joué une amusante pièce, Look en stock, écrite par Madame Brigitte Sergent-Avenas, épouse d’un de nos camarades, et montée par la Compagnie Vicky Messica, dans une mise en scène du chef de la Compagnie.
Dans ces lieux de naissance du théâtre, les pièces ne demeurent hélas pas longtemps à l’affiche, et c’est dommage.
Vous vous seriez divertis au spectacle d’un directeur d’agence vendant de l’apparence – du look – à une jeune prof de math, si craintive qu’elle doit se cantonner dans la correction de copies au sein d’un cours par correspondance, et qui voudrait bien sortir de sa timidité ; à un ministre en mal de célébrité, gros ahuri terrifié à l’idée que ses électeurs pourraient l’oublier.
On assistait aussi à une exposition de sculptures contemporaines (un seau en plastique, un amas de fils de fer…), montée pour un artiste (?) client de l’Agence.
Cette première pièce de l’auteur est peut-être pourtant un peu trop cérébrale, pas tout à fait assez théâtre pour mon goût, porté sur la virevolte des mots, et, pourquoi pas, des corps, au moins dans la comédie. Je me suis demandé si le metteur en scène, qui prête volontiers sa voix à Rimbaud, Cendrars, Apollinaire, n’était pas plus à l’aise dans la sombre poésie que dans le rire.
En fait de virevolte des mots, Monsieur Jean-Laurent Cochet nous aura comblés cet automne au Théâtre Rive-Gauche. Assis derrière sa table de conférencier, il racontait, et trouvait moyen de jouer, quelques grandes scènes du répertoire français, sans oublier La Fontaine qui, s’il n’a jamais écrit pour le théâtre, n’en est pas moins un maître es montages scéniques :
Six forts chevaux tiraient un coche
es dialogues aussi :
Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Théâtre Les Déchargeurs,
3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris Tél. : 01.42.36.00.02.
Théâtre Rive-Gauche,
6, rue de la Gaîté, 75014 Paris Tél. : 01.43.35.32.31.