Dictionnaire de stratégie
Pour ceux qui s’intéressent à la stratégie dans le domaine politico-militaire, ce gros ouvrage de 600 pages, auquel ont contribué soixante-dix spécialistes sous la houlette du directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), doit être considéré comme un ouvrage de référence.
Environ 140 articles y explorent les concepts stratégiques tels que les ont formulés au fil des siècles les principaux théoriciens, explicitent le vocabulaire et les pratiques militaires, mettent en évidence les aspects juridiques, culturels, éthiques… de la stratégie.
Le titre de dictionnaire ne rend pas bien compte de ce qu’est réellement cet ouvrage, il s’agit plutôt d’une encyclopédie, où chaque auteur a bénéficié, dans un style qui reste toujours dense, de toute la place pour développer son analyse (accompagnée chaque fois d’une abondante bibliographie) : sept pages pour explorer tout ce que l’on peut mettre sous le mot de “ gestion des crises ”, cinq pour disserter sur la culture arabo-musulmane de la guerre, six pour la théorie des jeux, sept pour la géostratégie…
En revanche, de Gaulle n’a droit qu’à deux pages, Liddle Hart à une et Clausewitz à trois ; ce qui montre bien l’ambition des auteurs : présenter la stratégie et ses concepts plutôt que les hommes, qu’ils soient stratégistes (théoriciens) ou stratèges (praticiens).
On pourra regretter le peu d’articles consacrés aux armements et à leur évolution, et par exemple au grand bouillonnement intellectuel qui se prépare avec la révolution de l’information ; mais ce n’est qu’un des rares reproches que l’on puisse faire à un ouvrage dont, par ailleurs, la présentation est extrêmement soignée, ce qui en rend particulièrement aisée et agréable la consultation.
Depuis la fin de la guerre froide et la réapparition de multiples crises, la stratégie redevient une discipline essentielle : le Dictionnaire de stratégie de Thierry de Montbrial est en effet le troisième d’une série, laquelle comprend également le Dictionnaire de stratégie militaire de Gérard Chaliand et Arnaud Blin, paru chez Perrin en 1998, et qui, plus que celui de Thierry de Montbrial, s’intéresse aux grandes batailles et aux stratèges, ainsi que le Dictionnaire de la pensée stratégique, de François Géré, qui vient de sortir chez Larousse, et qui semble incontournable si l’on s’intéresse aux fondements de la stratégie.
Trois ouvrages français, il faut le souligner, qui méritent donc de figurer dans la bibliothèque de l’homme cultivé.