Dieu ?
L’auteur cherche à en savoir plus sur ce Dieu qui aurait créé l’homme à son image. Lui qui dit avoir été formé dans les certitudes de l’Église remet celles-ci en cause avec la rigueur scientifique dont il a fait toute sa vie. Que signifie que Dieu a créé l’Univers, si “ avant l’Univers ” n’a pas de sens ? Si l’Homme était à l’image de Dieu, Dieu ressemblerait- il à l’Homme ? Que signifient, pour un biologiste, la parthénogenèse et la Résurrection du Christ, le Saint- Esprit, les miracles ? Les dogmes essentiels du Credo sont confrontés à ce qu’en laissent penser les avancées modernes de la connaissance. Bien entendu, la lecture au premier degré de la Genèse et des Évangiles ne résiste pas un instant à cette avalanche d’arguments irréfutables. L’ouvrage est aussi concis que convaincant.
La fin de l’ouvrage me semble plus rassurante. Au lieu de terminer comme Descartes son Discours de la méthode, violent réquisitoire contre les affirmations de l’Église, en concluant (était-ce nécessaire pour être accepté par celle-ci ?) que tout ce qui précède prouve bien l’existence de Dieu, au lieu de conclure comme Teilhard de Chardin son Phénomène humain, qui déjà par des arguments scientifiques remettait en cause les certitudes de l’Église, par un dernier chapitre “ Le phénomène chrétien ” qui donne enfin à l’Homme des cavernes sa dignité humaine, Jacquard conclut plus modestement en choisissant, sans contrition hypocrite, le “ Sermon sur la montagne ” comme guide de son comportement.
Mais cette lecture me laisse deux interrogations :
Faut-il être un militant réputé par son action au service des plus démunis, comme l’est justement Albert Jacquard, pour se permettre d’étaler cette incroyance manifeste sans être taxé d’immoralité ?
Parmi ceux qui ont une culture scientifique indispensable à la compréhension de ce livre, en est-il qui considéraient encore les Écritures comme des leçons de physique, de biologie ou d’histoire ? Je crains que cet ouvrage ne prêche que des convertis.