Doctegestio

Vers l’excellence de l’accompagnement

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°757 Septembre 2020
Par Bernard BENSAID (81)

Aujourd’hui, Doc­te­ges­tio est un acteur à fort impact social et soli­daire dans les sec­teurs de la san­té, du médi­co-social et du tou­risme social et fami­lial, dont « le mieux vivre des per­sonnes à tra­vers un accom­pa­gne­ment sani­taire, médi­co­so­cial et de recherche de bien-être de qua­li­té » est la prin­ci­pale mis­sion. Éclai­rage de Ber­nard Ben­said (81), pro­fes­seur, éco­no­miste et fon­da­teur du groupe Doctegestio.

L’histoire de votre entreprise au modèle unique se mêle intimement à votre parcours. Qu’en est-il ?

En 1999, après avoir été nomi­né au prix du Meilleur Jeune Éco­no­miste de France, j’ai déci­dé de me lan­cer dans la créa­tion d’entreprise. C’est ma pas­sion pour l’internet qui me fait fon­der alors Direct­Ges­tion, pre­mier admi­nis­tra­teur de biens en France sur la toile. 

En 2001, j’ai déve­lop­pé une fon­cière géné­ra­liste dans les sec­teurs de l’habitation, du com­merce et du bureau. Le fil conduc­teur de mon pro­jet a été à l’époque l’immobilier : construire et gérer un patri­moine en se ser­vant de l’internet. C’est là que je lance alors l’entreprise dans la ges­tion d’hôtels et de rési­dences. Il y aura un pre­mier tour­nant lorsque l’entreprise change de nom et de dimen­sion. L’ensemble des acti­vi­tés du groupe porte, à par­tir de 2005, le nom de Doc­te­Ges­tio. Pen­dant les années de crise 2007 et 2014, les acqui­si­tions se suc­cèdent et des marques sont créées : « Lemon Hotel », « Egg Hotel » et « DG Hotels ».

Ensuite, un deuxième tour­nant, plus impor­tant encore, est pris en 2010 avec le rachat de l’ensemble des acti­vi­tés ther­males de la ville his­to­rique de Plom­bières-les-Bains. C’est à cette époque que l’entreprise se lance dans les sec­teurs médi­co sociaux et sani­taires. S’enchaînent alors le rachat de centre de san­té et de cli­niques (Mon­treuil, Livry-Gar­gan, Mar­seille) et du pre­mier pôle de ser­vices d’aide aux per­sonnes âgées dépen­dantes de Moselle, l’Amapa.

C’est là que j’ai décou­vert un nou­veau métier dans lequel s’associent des valeurs d’humanisme et, de soli­da­ri­té. Je suis séduit. Je découvre aus­si un monde en pleine mou­vance et confron­té à de nom­breuses dif­fi­cul­tés de fonctionnement.

Le vieillis­se­ment devient une prio­ri­té socié­tale, les besoins sont iden­ti­fiés, il faut appor­ter des réponses, et des struc­tures sont en grande dif­fi­cul­té éco­no­mique. Je veux sau­ver ces entre­prises, embar­quer leurs col­la­bo­ra­teurs pour sau­ver leurs emplois et main­te­nir de l’activité en France.

Les reprises d’activités se suc­cèdent et le groupe conti­nue à gros­sir très vite et à s’implanter dans de nom­breux départements.

En juillet 2015, nous repre­nons M’Vacances, socié­té mutua­liste, qui va ren­for­cer nos objec­tifs socié­taux en intro­dui­sant dans notre groupe la dimen­sion du tou­risme popu­laire et fami­lial, avec ses centres de vacances. En 2017, le groupe lance la marque Doc­to­care et devient un nou­vel acteur glo­bal sani­taire et médi­co social. En 2018, nous appro­chons des 400 mil­lions de CA, et 8 500 col­la­bo­ra­teurs nous accom­pagnent. Ces chiffres montrent l’expansion rapide du groupe.

Ce sera l’année de la digi­ta­li­sa­tion des ser­vices. Je veux que la digi­ta­li­sa­tion, ma pas­sion d’origine se mette au ser­vice des col­la­bo­ra­teurs pour les aider dans leur mis­sion. C’est aus­si l’année durant laquelle le groupe accueille dans ses éta­blis­se­ments d’hébergement des publics fragiles.

En 2019, huit nou­veaux éta­blis­se­ments nous rejoignent. Nous ouvrons la pre­mière agence pari­sienne d’aide à la per­sonne ain­si qu’une entre­prise adap­tée en Corse. Ce sera aus­si l’année du pro­jet GO UP pour l’avenir du groupe à l’horizon 2022, avec pour objec­tif 1 mil­liard de CA et 20 000 salariés.

Le groupe et ses 10 000 col­la­bo­ra­teurs sont aujourd’hui entiè­re­ment au ser­vice de l’individu, de sa san­té et de son bien-être.

Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions ?

Nous sou­hai­tons « déve­lop­per le plus grand groupe fran­çais de ser­vice de soins et d’accompagnement pour les familles ». C’est aus­si le mes­sage géné­rique du groupe, vou­loir accom­pa­gner les familles et les indi­vi­dus tout au long de leur vie. 

De l’enfance, en pas­sant par la jeu­nesse et la famille, et jusqu’à la fin de vie, nous vou­lons appor­ter du bien-être, du sou­tien et de l’accompagnement, des soins mais aus­si des loi­sirs, et de l’évasion. Nous por­tons une atten­tion forte aux besoins des per­sonnes âgées. C’est désor­mais une offre glo­bale de ser­vices que nous pro­po­sons en diver­si­fiant nos acti­vi­tés pour répondre à un maxi­mum de besoins, mais aus­si en aug­men­tant notre péri­mètre d’intervention sur de nou­veaux ter­ri­toires et en par­ti­cu­liers sur ceux qui sont oubliés.

Cepen­dant, nous vou­lons conti­nuer notre mis­sion de ras­sem­bler les entre­prises éco­no­mi­que­ment fra­giles qui pour­raient être mar­gi­na­li­sés. Notre méthode MIDI qui asso­cie la mutua­li­sa­tion des moyens, à la digi­ta­li­sa­tion de la chaîne de créa­tion des valeurs, à l’innovation le tout pilo­ter par l’intelligence col­lec­tive créée par les col­la­bo­ra­teurs, per­met de remettre pro­gres­si­ve­ment les struc­tures qui nous rejoignent à l’équilibre.

Quel a été l’impact de la crise du Covid-19 sur vos activités ?

Les impacts sont mul­tiples ! J’ai décou­vert dans les femmes et les hommes qui m’entourent des per­son­nages excep­tion­nels, faits d’abnégation, de sens du devoir, de moti­va­tion et de volon­té d’aider ceux qui en ont besoin. 

Les crises révèlent des per­sonnes d’exception.

Ensuite, les métiers que nous avons ten­dance à oublier, sont deve­nus indis­pen­sables à la sur­vie : aide à domi­cile, para­mé­di­cal, médi­cal… Leurs acteurs sont en effet deve­nus des héros temporaires.

J’ai décou­vert aus­si les consé­quences que pou­vaient engen­drer l’absence d’anticipation de la part des auto­ri­tés sani­taires qui entraîne une prise de déci­sion dans l’urgence, grave et pleine de consé­quences éco­no­miques. Enfin, j’ai décou­vert que le vieux débat et l’aversion du sec­teur public de la san­té pour le pri­vé peut res­sor­tir même au milieu d’une crise majeure. 

En effet, il fau­dra repen­ser le sec­teur de la san­té, mais il fau­dra aus­si repen­ser l’économie toute entière.

Cela étant, pilo­ter mon groupe pen­dant cette période a été exal­tant. Tout d’abord, la pro­tec­tion sani­taire des col­la­bo­ra­teurs et de nos patients ou béné­fi­ciaires est une prio­ri­té. Il a fal­lu prendre des mesures en per­ma­nence et avec une très grande réac­ti­vi­té, adap­ter les moyens aux situa­tions devient une acti­vi­té de chaque ins­tant. Je devais appor­ter des réponses aux nou­veaux besoins, être créa­tif et être rapide.

Lorsque des oppor­tu­ni­tés se créent, il faut savoir les sai­sir. Aujourd’hui, créer de nou­velles appli­ca­tions numé­riques, ins­tal­ler un centre de dépis­tage, ou orga­ni­ser la télé­mé­de­cine sont des sujets très dif­fé­rents. Cepen­dant, si cer­taines de nos acti­vi­tés sont en pre­mières lignes, d’autres sont mal­heu­reu­se­ment en perte de vitesse, ou inexis­tantes. Il faut donc pro­té­ger les col­la­bo­ra­teurs socia­le­ment et prendre les mesures pour ne pas rajou­ter une crise sociale à la crise sani­taire. Il faut aus­si assu­rer la péren­ni­té de l’entreprise. Dans ce cadre, le rôle des ser­vices sup­ports est aus­si fon­da­men­tal que celui des com­bat­tants des pre­mières lignes. 

Enfin, il faut éga­le­ment sou­te­nir les col­la­bo­ra­teurs qui sont sur le ter­rain par­fois en situa­tion dif­fi­cile. Nous avons vrai­ment décou­vert les mer­veilleuses capa­ci­tés du numé­rique pour entrer en contact avec les acteurs de l’entreprise, pri­son­niers des mesures de confi­ne­ment ou éloi­gnés en opé­ra­tion sur le terrain.

Pensez-vous que cette crise va impacter votre métier sur le long terme ?

Demain sans aucun doute, l’aide à la per­sonne va chan­ger de visage et de nou­veaux besoins vont émer­ger, en rai­son du vieillis­se­ment de la popu­la­tion. Il y aura aus­si beau­coup de struc­tures d’aide à la per­sonne, qui res­te­ront au bord du che­min suite à cette crise, nous sommes prêts à les épau­ler et à les accueillir au sein du groupe. Ain­si, notre péri­mètre en terme de nombre de per­sonnes va évoluer.

Cepen­dant, il faut tra­vailler aus­si sur ces métiers, sur leur image et sur la recon­nais­sance des femmes et des hommes qui les pra­tiquent. La san­té devra se réfor­mer elle aus­si pour être prête abso­lu­ment à de nou­velles situa­tions de crise.

Notre groupe a réus­si à sur­mon­ter la crise et sor­tir de cette période car il a su main­te­nir de nom­breuses acti­vi­tés indis­pen­sables, grâce au dyna­misme de ses acteurs. Aus­si, les leçons que nous tirons des situa­tions, ouvrent une phase de réflexion. Nous allons donc lui don­ner un élan nou­veau pour l’accompagner dans ses objec­tifs de développement.


Pour en savoir plus

Site Inter­net de Doctegestio

Le sec­teur de la san­té mise sur les ingé­nieurs, La Jaune et la Rouge n° 723, mars 2017

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