Dreyfus, une Affaire alsacienne
Les Saisons d’Alsace, une revue trimestrielle adossée au groupe des Dernières Nouvelles d’Alsace, et très attentive à l’histoire de l’Alsace pendant les deux siècles précédents, vient de consacrer son numéro d’août 2020 à Alfred Dreyfus, X 1878.
Les polytechniciens ont pu lire dans La Jaune et la Rouge divers articles approfondis sur ce sujet. Ils connaissent donc cette page d’histoire et notamment le rôle qu’y ont joué de nombreux X, pour ou contre leur camarade injustement accusé.
Saisons d’Alsace, en donnant le titre « une Affaire alsacienne » à son ensemble de textes documentés et remarquablement illustrés, met surtout l’accent sur l’influence que put avoir l’origine de Dreyfus sur les autorités militaires, la justice et l’opinion : on sait qu’après la défaite de 1870 une grande partie de sa famille « opta » pour la France et s’y installa. Pouvait-on malgré tout mettre en cause l’attachement de cet Alsacien à la France ?
Saisons d’Alsace cite le nom d’Alsaciens qui firent le même choix de quitter l’Alsace et se partagèrent entre antidreyfusards et dreyfusards. Parmi ceux-ci, et en plus de la famille de Dreyfus, l’histoire a surtout retenu les noms d’acteurs militant pour la révision du procès, comme Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, ou Loew, président de chambre à la Cour de cassation.
Par ailleurs, une accusation de trahison, en faveur de l’Allemagne, portée contre un officier français originaire d’Alsace, ne pouvait qu’interpeller les Alsaciens et Mosellans devenus allemands après 1871. Aussi Saisons d’Alsace offre-t-elle une originale analyse des articles de presse parus dans les journaux alsaciens, parfois très contrôlés par les autorités. Leurs rédactions, comme leurs lectorats, pouvaient cultiver des sentiments plus ou moins hostiles à Dreyfus, s’ils le croyaient coupable, ou à l’État français, pour sa gestion de cette affaire d’État.