Ecocem innove et accompagne la décarbonation de l’industrie du ciment !
Dans la course à la neutralité carbone, la décarbonation de l’industrie cimentière est un enjeu stratégique pour la France, l’Europe et le monde entier. Pour relever ce défi, Ecocem propose des solutions cimentaires haute performance à faible émission de carbone. Aujourd’hui, l’objectif est d’accélérer leur adoption dans un contexte d’urgence climatique. Le point avec Olivier Guise (X01) directeur exécutif du Groupe Ecocem en charge de la stratégie et des nouveaux business.
Ecocem propose des solutions cimentaires à faible émission de carbone depuis déjà quelques années. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ecocem est le précurseur de solutions bas carbone pour le ciment, et le premier producteur européen indépendant de laitier moulu de haut fourneau. Le groupe Ecocem a des activités en France, avec ses deux sites de production, Dunkerque et Fos-sur-Mer ; au Benelux, au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède. La technologie au cœur de l’activité d’Ecocem réside dans l’utilisation des laitiers de haut fourneau qui sont des coproduits de la production de l’acier. Nous les utilisons comme matières premières pour la production de ciments bas carbone.
Chaque année, nous produisons 2,5 millions de tonnes de liants bas carbone. Le groupe emploie près de 200 personnes, dont 15% sont dédiées à la R&D et travaillent à l’optimisation de l’utilisation de matériaux alternatifs pour réduire l’empreinte carbone du ciment. L’industrie du ciment est, en effet, connue pour être une des industries les plus émissives de gaz à effet de serre au monde.
Au niveau du scope 1, elle représente 6 % des émissions mondiales de carbone. Quand on inclut les scopes 2 et 3, cela représente 8 % des émissions mondiales de carbone. Plus particulièrement, le clinker, résultant d’une cuisson à très haute température, est responsable de 95 % de l’empreinte carbone du ciment.
La priorité de la décarbonation de cette industrie passe par une forte accélération des initiatives visant à substituer à ce dinker des matériaux qui ont une empreinte carbone beaucoup plus faible, tout en garantissant les propriétés intrinsèques des bétons.
Et justement, comment caractérise-t-on un ciment bas carbone ?
Le béton est le matériau que nous utilisons pour construire les bâtiments, les murs, les fondations, les ponts, les routes… Concrètement, le béton, c’est l’association du ciment, qui est utilisé comme une colle, avec du sable, des granulats et de l’eau. Alors qu’il ne représente que 12% en moyenne en masse du béton, le ciment est à l’origine d’environ 95 % de son empreinte carbone.
Pour décarboner le ciment, il existe différents axes et procédés. Une des principales pistes explorées par l’industrie depuis plusieurs années repose sur la réduction de l’empreinte carbone du clinker. Pour ce faire, les cimentiers travaillent sur l’amélioration de leurs procédés de production. Ils utilisent ainsi de plus en plus de carburants alternatifs, comme les pneus usagés, les déchets plastiques, les farines animales, les eaux souillées… C’est une démarche intéressante en termes d’économie circulaire, car ces déchets, généralement enfouis, sont réutilisés comme combustibles.
Toutefois, dans l’empreinte carbone du ciment, l’énergie ne représente qu’un tiers des émissions de carbone. Les deux tiers restants sont le résultat du processus chimique de production et de fabrication du ciment. Pour fabriquer du ciment, concrètement, on prend le calcaire qui est broyé puis passé au four pour en retirer le carbone et obtenir le clinker. À partir de là, pour décarboner totalement le processus, il faut premièrement utiliser une source d’énergie bas carbone pour chauffer le four et, deuxièmement, faire de la capture et du stockage de carbone.
Cette approche permet ainsi de conserver le procédé actuel de fabrication du ciment. De nombreux projets pilotes sont menés autour de la captation, du stockage et de l’enfouissement du carbone. Au vu des quantités de carbone très élevées, ces projets nécessitent un fort accompagnement technique et capitalistique.
Le carbone capté va ensuite être liquéfié pour pouvoir être utilisé par une industrie qui en a besoin pour ses procédés. S’il a vocation à être stocké, il devra être transporté afin d’être enfoui dans des réservoirs géologiques qui pouvaient anciennement contenir du pétrole, du charbon et du gaz. Comme très peu d’usines sont situées à proximité de ces gisements, ces solutions ne pourront pas être déployées à l’échelle sur plus de 20 % de la production actuelle. Au-delà ces solutions ne suppriment pas l’émission du CO2.
Quelle est la vision d’Ecocem sur le sujet ?
S’il est très important de pouvoir capter et enfouir le carbone dès sa sortie des cheminées pour éviter qu’il ne parte dans l’atmosphère, la priorité pour Ecocem est d’arrêter de produire ce carbone et de trouver des substituts au clinker. C’est ce sujet qui mobilise nos équipes depuis plus d’une décennie. D’autres acteurs travaillent aussi sur le sujet et il existe énormément de documentation et de recherche très avancées sur cet enjeu.
Une majorité des publications confirment qu’il est possible de se passer d’environ deux tiers du clinker dans le ciment tout en conservant les mêmes propriétés du béton. Ecocem a d’ores et déjà mis au point un certain nombre de solutions pour remplacer une grande partie du clinker grâce au laitier issu des hauts fourneaux. En parallèle avec son département R&D, Ecocem travaille sur d’autres voies facilement exploitables pour limiter le taux de clinker.
Dans le cadre du déploiement de votre offre bas carbone, quels sont vos principaux défis ?
Tout d’abord, nous sommes confrontés à une barrière normative : comment faire pour que la réglementation, les normes et les certifications permettent d’utiliser ces innovations comme des produits de masse et non de niche, dans des délais raisonnables ?
En effet, pour avoir un impact réel sur la réduction du carbone de l’industrie cimentière, il faut pouvoir déployer notre technologie à grande échelle. De ces normalisations et règlementations va dépendre l’assurabilité de la technologie. Sans ces préalables, il ne sera tout simplement pas possible de généraliser la construction de bâtiments ou de toute infrastructure avec le ciment bas carbone d’Ecocem.
En parallèle, tout cela doit se faire très rapidement pour tenir les objectifs et ambitions de décarbonation de l’Europe et les accords de Paris. Actuellement, l’industrie cimentière est mobilisée autour de deux axes pour accélérer sa décarbonation : sécuriser la faisabilité technologique de la capture du carbone, et changer la composition même du ciment pour ne plus produire de carbone. La plupart des subventions, des financements et des fonds se concentrent sur le premier axe. Un important travail doit encore être mené pour que les solutions alternatives, comme la nôtre, puissent également bénéficier de ces soutiens financiers.
Aujourd’hui, l’objectif d’Ecocem n’est pas de venir concurrencer l’industrie cimentière, mais plutôt de créer des synergies et un partenariat avec celle-ci. L’idée n’est donc pas de créer une nouvelle industrie du ciment, mais d’accompagner cette industrie historique et traditionnelle vers des voies et des initiatives différentes, mais compatibles avec leurs outils industriels. Et sur un plan plus personnel, mon rôle est justement de développer ces partenariats avec les cimentiers pour que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice de la décarbonation. Ensemble, nous serons plus cohérents, plus efficaces et nous irons plus vite.
Et en votre qualité de directeur exécutif du Groupe Ecocem en charge de la stratégie et des nouveaux business, quel est votre périmètre d’action et les grandes lignes de votre feuille de route ?
Après 18 ans au sein du groupe LafargeHolcim, j’ai rejoint Ecocem parce que je suis intimement convaincu que l’industrie cimentière a besoin d’acteurs comme ce dernier pour réussir sa décarbonation. Aujourd’hui, j’apporte à Ecocem une fine compréhension du secteur et de l’écosystème du ciment. Pour transformer cet univers, il faut le connaître de l’intérieur. Et cette volonté de ne pas concurrencer l’industrie cimentière traditionnelle se retrouve aussi au niveau de l’intitulé de mes fonctions : « nouvelles activités ». Il s’agit en effet de créer et d’imaginer des modes de collaboration nouveaux avec l’industrie cimentière pour trouver, déployer et accélérer ensemble les « briques » technologiques qui permettront d’accélérer la décarbonation effective du ciment.
Comment capitalisez-vous sur l’innovation afin de progresser en ce sens ?
Dans le monde du ciment, Ecocem est une des rares sociétés qui alloue 15 % de son effectif à la R&D. Cela se traduit par le dépôt de plusieurs brevets au cours des dernières années à la fois pour protéger notre technologie, mais aussi pour qu’elle puisse être diffusée dans des conditions optimales sans être dévoyée. Une prochaine étape est de pouvoir travailler sur les licences afin que nos technologies soient accessibles rapidement à l’ensemble de l’industrie.
Qu’en est-il des ambitions du groupe ?
La raison d’être d’Ecocem est de participer activement à la décarbonation de l’industrie cimentière, d’abord sur les territoires où nous sommes implantés, puis dans le reste du monde. Si le ciment représente 8 % des émissions mondiales de CO2, plus de 70 % de ces émissions sont localisées en Chine, en Inde et dans les pays africains qui se développent fortement. Ce sont des pays qui sont moins avertis sur les sujets liés au carbone, avec des schémas de taxation inexistants en matière de carbone.
Ce sont aussi des pays qui n’ont pas les moyens économiques de développer la capture de carbone, un procédé qui coûte cher. Et au-delà, ils doivent aussi pouvoir utiliser une énergie décarbonée pour que la capture du carbone soit réellement pertinente. Face à ces constats, la technologie d’Ecocem est une alternative très intéressante pour ces pays, car elle ne nécessite pas plus d’énergie que les procédés traditionnels, et surtout elle peut être déployée progressivement d’ici 2030 – garantissant ainsi le respect des Accords de Paris en matière de limitation du réchauffement climatique.