Économie du bien commun
Jean Tirole propose de classer les économistes en deux catégories : les hérissons qui, guidés par une idée fixe, défendent de façon quasi obsessionnelle un paradigme qu’ils jugent essentiel, et les renards, moins médiatiques, qui se méfient des théories globales et bâtissent, à partir de plusieurs approches, des analyses et des recommandations souvent nuancées.
Notre camarade tient de ces deux animaux. Renard, il explique en termes simples ce qu’est la science économique et quelle est l’activité de ses chercheurs ; il nous donne ensuite une analyse limpide et nuancée de grands problèmes actuels tels que les aspects économiques du défi climatique, la persistance du chômage français, le futur de l’Europe, la crise financière de 2008, les conséquences de la mondialisation et de la numérisation.
Hérisson, il porte un jugement sans appel sur ce qu’il appelle « le retentissant échec économique, culturel, social et environnemental des économies planifiées » face aux résultats obtenus par les économies de marché.
Pour autant, cela ne fait pas de Jean Tirole le partisan d’un libéralisme débridé, car il sait fort bien que ce dernier n’amène à l’optimum économique prévu par la théorie classique que si chaque produit ou service est proposé à de nombreux clients par de multiples fournisseurs, tous ces acteurs étant bien informés et agissant de façon rationnelle.
Dès qu’un marché s’écarte de ces conditions idéales, des groupes de pression et des sociétés sont en mesure de profiter au maximum de rentes de situation.
Dans un tel contexte, Jean Tirole estime que la responsabilité des économistes est de proposer aux politiques les mesures réglementaires d’organisation des marchés dont la mise en œuvre inlassable incitera les fournisseurs majeurs de biens et de services à continuer à innover, à optimiser la qualité et le coût de leur production et à la vendre à des prix qui en permettront une diffusion maximale, et à ne pas se contenter d’exploiter jusqu’à l’excès leurs positions dominantes.