EDF, au coeur du renouveau nucléaire
La relance du nucléaire est pour EDF une opportunité de valoriser son expérience et l’avance technique que lui confère le futur réacteur EPR de Flamanville. La volonté d’EDF d’être un acteur mondial de ce renouveau se traduit par une série de 10 EPR d’ici 2020, déjà en réalisation pour trois réacteurs (Flamanville 3 et Chine), ou en phase de développement (Grande-Bretagne et États-Unis).
Après deux décennies d’insouciance, la prise de conscience des défis énergétiques et environnementaux qui sont devant nous est désormais partagée. L’énergie nucléaire, non émettrice de CO2, compétitive face au charbon et au gaz est un élément essentiel de la solution à ces défis ; et la crise financière et économique actuelle ne remet pas en cause les besoins industriels de long terme nécessaires au mix énergétique de la planète pour le XXIe siècle.
REPÈRES
Monde : aujourd’hui, 440 réacteurs nucléaires, pour une puissance électrique de 370 GWe, fournissent 17 % de l’électricité mondiale et 23% de celle des pays de l’OCDE. Une trentaine de centrales nucléaires sont en construction dans le monde, principalement en Asie, et les perspectives de construction de nouvelles capacités nucléaires sont estimées à 140 GWe, d’ici 2020, plus de 300 GWe d’ici 2030.
France : EDF exploite un parc de 58 réacteurs (63 GWe) sur 19 sites, assurant 85 % de sa production ; si l’on y ajoute environ 10 % de production hydraulique, c’est 95 % de la production qui est indépendante du prix des hydrocarbures, et qui n’émet pas de CO2, permettant à EDF, en France, des émissions de CO2 sept fois inférieures à la moyenne européenne du secteur électrique.
Acteur majeur du renouveau nucléaire, EDF bénéficie de deux atouts essentiels : le savoir-faire tiré de trente ans d’exploitation d’un important parc de réacteurs et son rôle pionnier dans le déploiement de réacteurs de troisième génération (EPR de Flamanville 3).
Les réacteurs à eau s’avèrent aptes à fonctionner près de soixante ans
Dès l’origine, EDF s’est positionnée comme architecte-ensemblier et a misé sur une forte standardisation des réacteurs (trois modèles seulement de 900, 1 300 et 1 500 MWe et une seule technologie, les réacteurs à eau pressurisée), favorisant ainsi la sûreté et la compétitivité, grâce à un fort retour d’expérience. Cette boucle de progrès, par le retour d’expérience, concerne, d’une part, le parc actuel, à travers des travaux de modernisation des centrales réalisés tous les dix ans, qui permettent ainsi une amélioration régulière du niveau de sûreté ; elle est par ailleurs largement à la base de la conception du modèle EPR qui intègre 1 200 années-réacteur d’expérience du parc français.
Enjeux intrinsèques et nouveaux enjeux
Depuis plus de trente ans, les priorités pour EDF sont tout d’abord la sûreté nucléaire, priorité absolue et sur laquelle repose, avec l’information du public, la confiance des Français, en second lieu, les autres performances opérationnelles, en particulier la disponibilité des centrales (la réduction de la durée des arrêts pour rechargement en combustible et pour travaux de maintenance et la réduction des arrêts fortuits).
Un très fort besoin en compétences nouvelles
Plus du tiers des 25 000 salariés EDF qui exploitent le parc nucléaire partiront en retraite d’ici 2015 ; EDF a désormais engagé le recrutement de plus de 500 ingénieurs et 500 techniciens par an, pour les dix prochaines années ; le même enjeu de renouvellement des compétences concerne tout le tissu industriel nucléaire, constructeurs et prestataires de services de maintenance ; pour disposer de ces compétences, EDF et tous les acteurs de l’industrie travaillent avec les lycées comme avec les grands établissements supérieurs pour développer la formation des techniciens et ingénieurs de demain.
Deux défis nouveaux sont à relever : le renouvellement et le renforcement des compétences (cf. encadré) et l’allongement de durée de fonctionnement des centrales. Prévus pour une durée de fonctionnement de quarante ans, lors de leur conception initiale dans les années 1960, les réacteurs à eau s’avèrent, aujourd’hui, sur la base du retour d’expérience international, aptes à fonctionner près de soixante ans, grâce à la simplicité et à la robustesse de leur conception (la quasi-totalité des composants sont remplaçables) ; ainsi, aux États-Unis, dès aujourd’hui, plus de la moitié des réacteurs ont été autorisés par l’Autorité de sûreté américaine pour une durée de fonctionnement de soixante ans. Dans le cadre réglementaire français, EDF engage le développement d’un programme industriel permettant d’étendre la durée de fonctionnement significativement au-delà de quarante ans. Cette extension de la durée de fonctionnement permettrait de repousser le renouvellement des centrales actuelles et de le lisser (70 % des centrales ont été mises en service, en seulement dix ans, entre 1980 et 1990).
Flamanville, étape clé pour le futur
L’EPR (European Pressurized Reactor) combine la robustesse d’un concept éprouvé et les améliorations issues d’un retour d’expérience. Développé dans le cadre d’une coopération franco-allemande associant électriciens, industriels et autorités de sûreté des deux pays, ce réacteur de 1 600 MWe améliore les performances : sûreté, rejets dans l’environnement, disponibilité.
10 projets d’EPR dans le monde
Sa compétitivité est aujourd’hui confirmée ; son coût de construction de 4 milliards d’euros (2008) conduit à un coût de production de 54 €/MWh, à comparer à une fourchette de 70 à 90€/MWh, pour un cycle combiné à gaz (fourchette de 60 à 90 $/baril pour le prix du pétrole) ou une centrale au charbon (fourchette de 60 à 75 $/tonne pour le prix du charbon).
L’expérience qu’EDF est en train d’acquérir à Flamanville 3 est ainsi un atout précieux pour développer une série de centrales identiques, EDF disposant en effet de nombreux sites en France. La réalisation, pilotée par EDF, d’un second EPR sur le site de Penly (Seine-Maritime) vient conforter cet objectif de standardisation. EDF associera à cette réalisation des investisseurs, en particulier GDF-SUEZ, dans le cadre de partenariats équilibrés.
Une ambition mondiale
Chine, centrale de Daya Bay – 2005. |
L’ambition d’EDF est d’intervenir comme investisseur, constructeur et exploitant de centrales dans des pays engagés dans le renouveau du nucléaire, cela dans un partenariat adapté au contexte institutionnel et industriel de chaque pays.
D’ici 2020, c’est 10 projets EPR dans le monde qu’EDF a l’ambition de développer, afin de bénéficier au plan mondial de la standardisation : maîtrise des délais et coûts de construction, maîtrise de la sûreté nucléaire. À ce jour, trois pays font l’objet de projets en réalisation (Chine) ou en développement (Grande-Bretagne et États-Unis).
EDF est engagée en Chine, en association avec son partenaire de plus de vingt ans, la China Guangdong Nuclear Power Company, un des leaders de la production nucléaire chinoise (4 GWe installés et 20 GWe en construction ou en projet). Le 10 août 2008 a été signé l’accord de création d’une joint venture (EDF 30 % – CGNPC 70 %) pour la construction et l’exploitation de deux EPR sur le site de Taishan, dans la province du Guangdong ; le » premier béton » de la première unité sera coulé en 2009, dix-huit mois après celui de Flamanville 3.
La relance britannique
Grande-Bretagne, centrale nucléaire de Sizewell B. |
Avec le nécessaire renouvellement de près de la moitié de ses moyens de production d’ici 2025, la Grande-Bretagne, qui a publié le 10 janvier 2008 son » Nuclear White Paper « , après trois ans de débats et concertations sur sa politique énergétique, devient le pays leader de la relance nucléaire en Europe. L’objectif d’EDF est d’y construire et d’y exploiter 4 EPR avec une première mise en service en 2017, puis une nouvelle unité tous les dix-huit mois. EDF, conjointement avec Areva, a engagé mi-2007 le processus de licensing du modèle EPR-Flamanville 3 auprès de l’Autorité de sûreté britannique.
Le succès, avec le soutien du gouvernement britannique, de l’offre publique d’achat amicale sur British Energy, le principal producteur nucléaire britannique (10 GWe), contribuera à cet objectif par l’apport de compétences précieuses d’ingénierie et d’exploitation et par l’apport de sites.
Un cadre réglementaire aux États-Unis
USA, centrale nucléaire de Calvert Cliffs – photomontage de la centrale avec un EPR en incrustation |
Disposant du premier parc nucléaire mondial (104 réacteurs assurant 20 % de la production d’électricité), les États-Unis ont engagé en 2005, à travers » l’Energy Policy Act « , la mise en place d’un cadre réglementaire favorisant la relance du nucléaire. En juillet 2007, EDF et l’électricien Constellation, exploitant de cinq centrales nucléaires, reconnu pour ses performances d’exploitation et ayant fait le choix du modèle EPR (accord signé avec Areva en novembre 2005), créent la joint venture UniStar Nuclear Energy LLC (EDF 50 % – Constellation 50 %).
Cette joint venture a pour ambition de développer des centrales EPR aux États-Unis, et, dans une première étape, de construire une série de 4 réacteurs avec une première mise en service prévue en 2016 (centrale de Calvert Cliffs 3, dans le Maryland). Le lancement, fin 2008, d’une offre d’acquisition de la moitié des actifs nucléaires de Constellation consolide cette stratégie, en permettant des synergies d’exploitation et d’ingénierie entre le parc de production actuel et les futures centrales EPR ; il conforte, en outre, les perspectives de développement de la filière nucléaire française aux États-Unis.