EDF Collectivités, La smart city : fondements et ambitions

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°747 Septembre 2019
Par Jean-Pierre FRÉMONT

Ren­contre avec Jean-Pierre Fré­mont, Direc­teur EDF Collectivités.

Quelques mots sur EDF Collectivités et son périmètre d’action ?

Par la recherche d’une meilleure effi­ca­ci­té éner­gé­tique de leur patri­moine, par la valo­ri­sa­tion des res­sources locales, par le déve­lop­pe­ment des sys­tèmes locaux, des réseaux de cha­leur et de froid ou encore des solu­tions per­for­mantes de mobi­li­té, d’éclairage et de ser­vices urbains… les col­lec­ti­vi­tés et leurs élus savent qu’ils doivent être au ren­dez-vous de l’histoire de la tran­si­tion éco­lo­gique, avec un objec­tif, un seul : la neu­tra­li­té car­bone. Ils agissent bien sûr par enga­ge­ment pour la pré­ser­va­tion de la pla­nète mais éga­le­ment par volon­té de ren­for­cer la moder­ni­té et l’attractivité de leur ter­ri­toire. La loi les a d’ailleurs consa­crés comme déci­deurs de pre­mier ordre. Pour mener à bien leurs ambi­tions, ils ont besoin d’expertises poin­tues, de réponses concrètes et de tech­no­lo­gies inno­vantes. Ils veulent s’appuyer sur un par­te­naire de confiance, qui les connaît bien, qui les écoute, qui les sou­tient dura­ble­ment. EDF Col­lec­ti­vi­tés est en capa­ci­té de répondre à leurs attentes.

Mais notre champ d’action est bien plus large. À la confluence des besoins éner­gé­tiques de toutes celles et tous ceux qui pensent le déve­lop­pe­ment urbain – élus locaux, urba­nistes, archi­tectes, amé­na­geurs, pro­mo­teurs, bailleurs… – nous appor­tons le savoir-faire d’EDF et celui des filiales du groupe.

En un mot, EDF Col­lec­ti­vi­tés est “l’architecte-ensemblier” des solu­tions décen­tra­li­sées pro­po­sées par EDF pour les territoires.

Vous avez pour ambition de répondre aux enjeux des villes de demain. Dites-nous en plus sur ce positionnement ? Quelle est votre conception de la Smart City dont nous entendons de plus en plus parler ? 

Plus que jamais, la notion de “smart” est sur toutes les lèvres. En fran­çais – par­don­nez mon clas­si­cisme ! –, on ne compte plus les adjec­tifs qui défi­nissent les ter­ri­toires enga­gés dans une démarche “smart“ : ils se doivent d’être “attrac­tifs”, “rési­lients”, “durables”, “sobres”, “res­pon­sables”, “intel­li­gents”…

On voit ain­si appa­raître la dif­fi­cul­té à pro­duire un ima­gi­naire col­lec­tif, ras­su­rant, com­pré­hen­sible, dans lequel nos conci­toyens sont emme­nés et transportés.

Répondre à votre ques­tion néces­site de défi­nir le “pour­quoi” (pour­quoi le smart ?) et le “com­ment” (com­ment ren­dons-nous un ter­ri­toire smart ?).

Le “pour­quoi“, d’abord. Pen­ser le “smart”, c’est anti­ci­per un modèle de pro­duc­tion où les besoins éner­gé­tiques ne seront plus exclu­si­ve­ment cou­verts par les seules éner­gies fos­siles. C’est éga­le­ment cor­ri­ger, dès à pré­sent, notre manière d’appréhender le déve­lop­pe­ment ter­ri­to­rial. Cela revient, enfin, à façon­ner des ter­ri­toires, des villes, sus­cep­tibles de répondre au défi cli­ma­tique : l’augmentation de la tem­pé­ra­ture, à sa baisse ou encore aux crises – inon­da­tions, tem­pêtes, cani­cules. Là sera le défi du XXIe siècle.

« Penser le “smart”, c’est anticiper un modèle de production
où les besoins énergétiques ne seront plus exclusivement couverts
par les seules énergies fossiles. »

Le “com­ment”, ensuite. Pour ce faire, il faut pro­mou­voir des archi­tec­tures nou­velles – en termes de bâti, d’énergie, de mobi­li­tés… En un mot, il faut “adap­ter“ les ter­ri­toires et leur pla­ni­fi­ca­tion. Il faut per­son­na­li­ser nos solu­tions beau­coup plus que les stan­dar­di­ser… sans rien renier à la qua­li­té de vie !

Pour nous, le ter­ri­toire “smart” de demain sera :

  • Res­pon­sable : il sau­ra conju­guer sobrié­té éner­gé­tique et qua­li­té de vie des citoyens (air, sécu­ri­té)… Il relè­ve­ra les enjeux de rési­lience cli­ma­tique, éco­no­mique et sociale.
  • Bas car­bone : il per­met­tra le rem­pla­ce­ment des éner­gies fos­siles par des solu­tions décarbonées.
  • Connec­té : il garan­ti­ra l’ouverture sur le monde et les nou­velles tech­no­lo­gies au béné­fice des usagers.

Bien plus que cette notion de “smart city”, nous devons don­ner des signaux à tous les ter­ri­toires. Face au défi cli­ma­tique et à la tran­si­tion éner­gé­tique, des métro­poles aux zones rurales, nous sommes dans le même bateau !

Comment faites-vous pour rendre smart votre territoire ?

Grâce aux outils digi­taux de “ciblage” et à des car­to­gra­phies d’une pré­ci­sion incroyable, nos équipes sont en capa­ci­té d’identifier les carac­té­ris­tiques éner­gé­tiques d’un ter­ri­toire, d’analyser ses besoins et de lui pré­sen­ter les assem­blages de solu­tions répon­dant à ses attentes.

C’est ain­si que nous des­si­nons la “signa­ture éner­gé­tique et car­bone“ d’un ter­ri­toire : cha­cun a sa sin­gu­la­ri­té et néces­site que nous puis­sions nous adap­ter à ses carac­té­ris­tiques pour savoir où agir.

L’exemple le plus par­lant pour illus­trer cette ques­tion de l’adaptabilité concerne les ENR.

La diver­si­té des pay­sages fran­çais est une chance pour le déve­lop­pe­ment d’énergies renou­ve­lables plu­rielles, en adé­qua­tion avec les res­sources régio­nales : le pho­to­vol­taïque, l’éolien, la bio­masse, la géo­ther­mie et l’aérothermie.

En un mot – et cela peut sem­bler du bon sens – on n’imagine pas la pré­sence des ENR de la même nature à Mar­seille (réseau de cha­leur tha­las­so-ther­mique) ou dans l’est de la France (solu­tions bio­masse), dans des zones enso­leillées ou des ter­ri­toires venteux.

Plus glo­ba­le­ment, plu­sieurs sec­teurs per­mettent de rendre un ter­ri­toire “smart“. Evo­quons d’abord la mobi­li­té élec­trique ! C’est un champ d’expérimentation, aux poten­tia­li­tés incroyables. C’est un com­plé­ment essen­tiel des éner­gies renou­ve­lables, à com­men­cer par le pho­to­vol­taïque. Car la bat­te­rie d’un véhi­cule n’est pas seule­ment utile pour ali­men­ter son moteur, elle peut aus­si se trans­for­mer en un outil de sto­ckage par­ti­cu­liè­re­ment performant.

La réno­va­tion du bâti est éga­le­ment un enjeu pour l’ensemble des ter­ri­toires. Les “pas­soires ther­miques“ qui sont sou­vent le lot des plus humbles ne sont, aux yeux de nos conci­toyens, plus accep­tables… et ils ont raison !

« La rénovation du bâti est également un enjeu pour l’ensemble des territoires. »

De nou­veaux modèles doivent être inven­tés pour, tout à la fois, savoir indus­tria­li­ser les opé­ra­tions de réno­va­tion et trou­ver des modèles éco­no­miques qui per­mettent de prendre en consi­dé­ra­tion des temps de retour sur inves­tis­se­ment sou­vent long. À l’inverse, n’oublions pas qu’en France 4 mil­lions de chau­dières domes­tiques au fioul peuvent être rem­pla­cées par des pompes à cha­leur et per­mettre de divi­ser par 10 les émis­sions de CO2 . Sur le bâti d’une col­lec­ti­vi­té, nous pou­vons éga­le­ment agir par le mana­ge­ment de l’énergie. Il s’agit de cap­ter et trans­mettre des infor­ma­tions en temps réel sur les usages et consom­ma­tion, et adap­ter en consé­quence le fonc­tion­ne­ment des réseaux élec­triques pour une meilleure effi­cience glo­bale. Ce sché­ma peut éga­le­ment s’étendre à l’espace public, via la créa­tion d’une pla­te­forme de ges­tion de l’espace urbain.

Par­mi les demandes fortes, nous voyons enfin se mul­ti­plier les sol­li­ci­ta­tions en matière d’autoproduction et d’autoconsommation… notam­ment par le photovoltaïque.

Si les ini­tia­tives indi­vi­duelles pro­gressent, il s’agit encore d’un défi tech­nique et juri­dique dès lors que l’on sou­haite par­ta­ger l’énergie pro­duite entre plu­sieurs usa­gers : loge­ments col­lec­tifs, lotis­se­ments, éco-quartiers…

Pour nous, c’est un pari à rele­ver pour les pro­chaines années ! Ce déve­lop­pe­ment pho­to­vol­taïque est aus­si l’affaire des col­lec­ti­vi­tés : ins­tal­la­tion de cen­trales au sol, ombrières de par­kings, cou­ver­ture de bâti­ments… nous savons aujourd’hui pro­po­ser des solutions.

Dans tout cela, quelle place pour le digital ?

L’Open Data a été per­çue comme béné­fique à l’échelle d’un ter­ri­toire : quand bien même les retom­bées finan­cières étaient a prio­ri dif­fi­ciles à éva­luer, on pou­vait faire l’hypothèse que l’ouverture de don­nées (publiques et pri­vées) pro­dui­rait des exter­na­li­tés posi­tives, ne serait-ce qu’au plan de l’innovation avec la créa­tion de nou­veaux ser­vices et appli­ca­tions par des start-up de l’écosystème.

Cette vision posi­tive a été quelque peu démen­tie par les faits : beau­coup de col­lec­ti­vi­tés disent ne pas per­ce­voir ces retom­bées. Des exemples existent cepen­dant de ser­vices inno­vants conçus par des start-up (à Rennes, Tou­louse, Lyon…) à par­tir des don­nées mises à dis­po­si­tion par la collectivité.

Pour nous, l’usage des don­nées doit, tout à la fois, res­pec­ter les règles en vigueur concer­nant le RGPD et per­mettre des pro­po­si­tions de ser­vices aux usagers.

Urban plan­ning, moni­to­ring ou data visua­li­sa­tion faci­litent la prise de déci­sion aux déci­deurs locaux et per­mettent de meilleurs ou de nou­veaux ser­vices : smart home, inser­tion des ENR, ges­tion des bornes de recharge, de l’éclairage public, du sta­tion­ne­ment intel­li­gent, des déchets… et de réduire ain­si les consom­ma­tions d’énergies. Ils per­mettent éga­le­ment de pré­fi­gu­rer l’avenir d’un ter­ri­toire… et donnent, dans notre envi­ron­ne­ment com­plexe et connec­té, un sens nou­veau à cet adage bien connu : “gou­ver­ner, c’est prévoir”.


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