Élargir l’ouverture internationale

Dossier : La Fondation de l'XMagazine N°634 Avril 2008

Jean-Ber­nard Lar­tigue, père de trois enfants, dont un jeune poly­tech­ni­cien, deux fois grand-père, gol­feur, ten­nis­man de bon niveau, ancien joueur de rug­by à l’X, aime la lec­ture, les voyages et l’o­pé­ra. Il a effec­tué toute sa car­rière dans les pétroles (SNPA, Elf, Total). Ancien direc­teur géné­ral de la Pétro­chi­mie de Total, il s’est impli­qué à la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique depuis treize ans.Il en assure depuis dix-huit mois la délé­ga­tion géné­rale, sous la pré­si­dence de Thier­ry Des­ma­rest (64), lui-même pré­sident du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de Total.

» La retraite pas­sive, ce n’est pas pour moi « , affiche d’emblée Jean-Ber­nard Lar­tigue. » Je me sens très concer­né par les pro­blèmes d’é­du­ca­tion. » C’est ain­si qu’il a accep­té, » par plai­sir « , la sol­li­ci­ta­tion de Jean-Mar­tin Folz, alors pré­sident de la Fon­da­tion, d’en prendre la Délé­ga­tion géné­rale au jour (pré­vu) de sa retraite. » La Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, rap­pelle-t-il, est née en 1987, à l’i­ni­tia­tive de Ber­nard Esam­bert, dans un contexte de concur­rence alors natio­nale, mais bien­tôt mon­diale, des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur. Une ving­taine d’en­tre­prises ont contri­bué à sa constitution. »

Une évo­lu­tion signi­fi­ca­tive de l’enseignement
Dans le cadre de la réforme » X 2000 « , enga­gée à l’i­ni­tia­tive de Pierre Faurre, et aujourd’­hui plei­ne­ment opé­ra­tion­nelle, » l’en­sei­gne­ment a connu une évo­lu­tion majeure « . » Le plus signi­fi­ca­tif a été l’in­té­gra­tion de la qua­trième année dans le cur­sus. Au-delà, un nombre crois­sant d’é­lèves est inci­té à accé­der au doc­to­rat en pour­sui­vant leurs études par la recherche, à l’É­cole ou en entre­prises. » Le pro­gramme est ain­si deve­nu conforme aux normes inter­na­tio­nales, le diplôme de l’X cor­res­pon­dant à une fin de mas­tère, pré­cé­dant un éven­tuel doctorat.

Cent élèves étrangers par an

Davan­tage de pro­fes­seurs étrangers
Paral­lè­le­ment à l’accueil de cent élèves étran­gers, un tiers des élèves fran­çais effec­tue sa qua­trième année d’études dans d’autres pays. Cette ouver­ture reste insuf­fi­sante aux yeux de Jean-Ber­nard Lar­tigue : on compte peu d’élèves étran­gers issus des pays de l’Ouest euro­péen ; de même, peu de pro­fes­seurs étran­gers viennent aujourd’hui ensei­gner à l’École polytechnique.

» Les trois objec­tifs fixés il y a vingt ans res­tent tou­jours très valables sur le fond, sou­ligne Jean-Ber­nard Lar­tigue : accueillir des élèves étran­gers (ils étaient trente en 1987, ils sont cent par pro­mo­tion aujourd’­hui) ; valo­ri­ser les tra­vaux de recherche de l’É­cole ; faire évo­luer le cur­sus de for­ma­tion pour l’a­dap­ter aux besoins des entre­prises. » De nom­breux contrats ont été signés entre entre­prises et labo­ra­toires de recherche, ren­for­çant le lien entre recherche uni­ver­si­taire et accès aux mar­chés. En 2008, quinze chaires d’en­sei­gne­ment sont finan­cées par des entre­prises, dans le cadre de conven­tions de mécé­nat. » Quant au cur­sus de for­ma­tion, Jean-Ber­nard Lar­tigue n’hé­site pas à com­pa­rer les élèves à des » pro­duits » qu’il faut adap­ter aux » besoins » des entre­prises, tant en France qu’à l’é­tran­ger, dans un contexte de concur­rence inter­na­tio­nale crois­sante. » » L’ac­tion de l’en­ca­dre­ment mili­taire est déter­mi­nante pour mieux pré­pa­rer les élèves à leur vie pro­fes­sion­nelle. Dès la troi­sième année, les orien­ta­tions se font plus pré­cises et les pro­jets per­son­nels de car­rière des élèves sont mieux éla­bo­rés grâce à un tra­vail d’au­toé­va­lua­tion » enca­drée » lan­cé dès leur arrivée.

LA FONDATION DE l’X

7, rue Saint-Domi­nique, 75007 Paris
tél. : 01 53 85 40 10

cour­riel : combeaufondation@fondationX.org

Béné­volesPré­sident : Thier­ry Desmarest

Direc­teur géné­ral : Jean-Ber­nard Lartigue

Char­gés de mis­sion : Gérard Bon­tron, Jacques Burillon, Phi­lippe Cas­tillon, Paul Com­beau, , Georges Douin, Gérard Dréan, Chris­tian Mal­di­dier, Charles-Hen­ri Pin, Phi­lippe Rau­lin, Fran­çois Vulliod

Conseil finan­cier : Oli­vier de Conihout

Un nouveau plan pluriannuel

» Une nou­velle étape a été concré­ti­sée, rap­pelle Jean-Ber­nard Lar­tigue, par la signa­ture d’un nou­veau plan plu­ri­an­nuel (2007−2011) par le ministre des Armées, plan qui fixe de nou­velles ambi­tions à l’É­cole pour se pla­cer au niveau des meilleures à l’é­chelle inter­na­tio­nale : accueil d’é­tu­diants étran­gers à divers stades d’en­sei­gne­ment, recru­te­ment d’en­sei­gnants et cher­cheurs inter­na­tio­naux de très haut niveau, etc. » » C’est ici que le rôle de la Fon­da­tion prend tout son sens, car si l’É­tat encou­rage ces objec­tifs, il n’en­tend pas aug­men­ter pour autant sa contri­bu­tion finan­cière, de l’ordre de 80 mil­lions d’eu­ros par an. »

Des structures de mécénat

À l’é­tran­ger aussi
Deux autres struc­tures de mécé­nat com­plètent désor­mais l’ac­tion de la Fon­da­tion à l’é­tran­ger : » The Ecole Poly­tech­nique Cha­ri­table Trust » en Grande-Bre­tagne et » Friends of Ecole Poly­tech­nique » aux États-Unis

Une Fon­da­tion est un orga­nisme de sta­tut pri­vé, recon­nu d’u­ti­li­té publique, dont les sta­tuts pré­cisent les objec­tifs (cultu­rels, édu­ca­tifs, scien­ti­fiques, huma­ni­taires ou autres…), consti­tué par un groupe de fon­da­teurs qui apportent une dota­tion ini­tiale. Ain­si, en 1987, vingt entre­prises ont appor­té 5 mil­lions de francs (envi­ron 0,75 mil­lion d’eu­ros), somme blo­quée des­ti­née à pro­duire des inté­rêts. » Il faut donc ensuite, chaque année, trou­ver des aides et res­sources com­plé­men­taires, recherche théo­ri­que­ment faci­li­tée par le fait que la France est l’un des pays les plus géné­reux en matière d’aide fis­cale aux dona­teurs qui veulent faire oeuvre de mécé­nat. » » C’est ain­si que des per­sonnes phy­siques, en majo­ri­té d’an­ciens élèves, apportent une contri­bu­tion annuelle d’en­vi­ron un mil­lion d’eu­ros (les élèves eux-mêmes viennent en aide à leurs cama­rades étran­gers en ver­sant cha­cun envi­ron 600 euros par an). » » Les entre­prises contri­buent de diverses façons, par des sub­ven­tions (600 000 euros), des bourses ciblées (300 000 euros), ou des conven­tions de chaires d’en­sei­gne­ment (une chaire cor­res­pond à un enga­ge­ment d’en­vi­ron 300 000 euros par an, pen­dant cinq ans). »

Proche des élèves

La Fon­da­tion apporte un sou­tien direct aux élèves. Une large part de ses res­sources per­met de pro­cu­rer des bourses d’é­tudes aux élèves étran­gers ou de finan­cer les inté­rêts des prêts que les élèves fran­çais effec­tuant leur qua­trième année à l’é­tran­ger obtiennent grâce à la cau­tion de Cré­dit X‑Mines. Les béné­voles assurent aus­si une per­ma­nence heb­do­ma­daire à Palai­seau pour répondre aux ques­tions des élèves. Ils s’in­ves­tissent aus­si dans de nom­breux jurys. Enfin, chaque année, la Fon­da­tion attri­bue le Prix Pierre Faurre à un jeune ancien. Proche des élèves, le délé­gué géné­ral de la Fon­da­tion de l’X ne se prive pas de sug­gé­rer des amé­lio­ra­tions à la direc­tion géné­rale de l’É­cole, en par­ti­cu­lier dans la pré­pa­ra­tion des élèves à la vie en entre­prise, » quitte à paraître exi­geant, voire aga­çant. Mais, j’ai aimé l’É­cole, qui m’a beau­coup appor­té. Je lui dois bien quelque chose. »

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