Emmanuel CALEF (98) : Chef d’orchestre
Emmanuel Calef (98) a choisi sa carrière pendant l’École. Il a suivi ses études musicales au Conservatoire de Paris en parallèle à l’X puis à Télécom ParisTech, et est aujourd’hui un chef d’orchestre reconnu et surchargé.
À peine sorti de l’école d’application, Emmanuel est le directeur musical en 2004 d’un véritable événement culturel dont il reste un enregistrement filmé, la (re-)création d’un opéra de Georges Bizet, Noé.
Depuis plus de dix ans, le Théâtre impérial de Compiègne avait rouvert ses portes (inachevé sous Napoléon III, il fut achevé et ouvert au public en 1991) et le regretté metteur en scène Pierre Jourdan montait chaque année une œuvre trop méconnue du répertoire français.
Après des œuvres rares mais parfois jouées occasionnellement (Henry VIII de Saint-Saëns, chef‑d’œuvre, Une Éducation manquée de Chabrier, impayable, Dinorah de Meyerbeer, Gustave III ou le Bal masqué et Le Domino noir d’Auber, etc.), Pierre Jourdan monte Noé.
Cet opéra est composé par Bizet bien que commencé par son beau-père Fromental Halévy, le compositeur de La Juive, « Rachel, quand du seigneur… », l’oncle de Ludovic Halévy, librettiste de Carmen et de La Belle Hélène. Noé avait été joué pour la première fois, en version de concert (et incomplète), en Allemagne en 1881, et plus jamais rejoué depuis.
Un DVD disponible chez Cascavelle permet de voir encore aujourd’hui le fruit de cette initiative courageuse menée en 2004 par Pierre Jourdan et Emmanuel Calef, la première fois que la partition était jouée intégralement, et la première fois que l’opéra était monté en version scénique.
L’histoire biblique des chagrins causés à Noé (chanté par la figure patriarcale de Jean-Philippe Courtis) par les problèmes de couples de ses fils, se terminant en apothéose par le déluge, a donné prétexte à Bizet de construire une œuvre monumentale dont la production hollywoodienne dernièrement sur les écrans avec Russell Crowe n’est qu’une pâle imitation.
Et la musique de Bizet est bien là, avec ses mélodies marquées et prenantes, et surtout son orchestration qui maintient constamment l’attention, y compris lors des récitatifs et des scènes entre les airs. On retrouve le style d’Ivan IV, de Djamileh, autres œuvres méconnues de Bizet.
Comme toujours, la mise en scène de Pierre Jourdan et les costumes de Compiègne sont explicites, donc simples et faciles d’accès.
On retrouve Emmanuel Calef dans une autre production filmée, Don Giovanni de Mozart, enregistrée avec l’Orchestre baroque Capriccio de Bâle (qu’Emmanuel Calef dirige toujours régulièrement) en 2007.
L’orchestre est sur scène, ce qui permet d’assister à un vrai spectacle musical, et surtout de voir constamment l’orchestre, qui joue sur instrument d’époque (bois magnifiques), et son chef.
Les recherches faites par Emmanuel Calef pour préparer cette production ont été approfondies, comme le montre le texte de présentation détaillé du DVD, mais aussi et surtout les choix musicaux originaux de cette production : tout d’abord le rapide tempo de l’ouverture, et de la scène de la mort de Don Giovanni trois heures plus tard qui y répond, vraiment surprenants mais très étudiés.
Puis un piano-forte pour accompagner les récitatifs et jouant avec l’orchestre. Original également le choix de la version originale de Prague, qui alterne mieux passages sérieux et comiques dans l’acte II et permet ainsi d’éviter la monotonie.
Les chanteurs sont de très bon niveau. C’est pourtant un opéra difficile à distribuer, car il faut quatre barytons- basses, deux sopranos, une mezzo, un ténor, tous très exposés.
L’ensemble est de surcroît très bien enregistré. Standing ovation après la scène finale.
Emmanuel a dirigé de nombreux orchestres, en Angleterre (le célèbre Orchestra of the Age of Enlightement), en France, en Suisse, en Chine (pendant un an, Emmanuel parle le mandarin), en Roumanie, en Italie, etc. Il a assisté les plus grands (Haitink, Koopman, Masur, Gatti, Salonen, Myung-Whun Chung, etc.).
Habitué de l’opéra de Lyon, il y a préparé les productions de Peter Grimes et du Tour d’écrou de Britten cette année.
Il tient au contact avec le public, il aspire à faire apprécier, parfois découvrir, la musique à ceux qui considéreraient que la musique classique est loin d’eux.
Actif auprès des jeunes, il prend la peine de diriger à ce titre depuis deux ans l’Orchestre du Plateau de Saclay, étudiants des grandes écoles du plateau qui jouent trois concerts par an.
Espérons voir rapidement d’autres témoignages de ce jeune chef.
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répétition du 22 Mars de l’Oiseau de feu
Une soirée étonnante, dans cette église de Notre Dame du Liban dont l’acoustique est très fine. Cela nous a permis d’entendre la délicatesse et la sauvagerie de l’oiseau de feu, remis plusieurs fois en musique entre les mesures 42 et suivantes, puis 133 et suivantes. C’était une répétition, nous permettant d’entendre les traits fins des bois plus raffinés, plus timbrés, les interventions solides des timbaliers, la douceur subite des cordes.
Les percussionnistes dansaient. Il leur manquait les ailes colorées des aras, l’envol pressé des oiseaux de la forêt.
Nul doute que les concerts à venir plairont au public que nous souhaitons nombreux.
Que ces musiciens, très bons amateurs, aient l’occasion de jouer cette œuvre éclatante de Stravinsky est merveilleux !
L’Oiseau de feu, concert du 26 mars 2017
Mail destiné à M. Emmanuel CALEF, Chef d’orchestre.
Cher Monsieur,
Juste un mot pour vous dire combien mon épouse et moi particulièrement apprécié les quelques mots pédagogiques, empreintes d’humour, et votre magnifique talent dans l’interprétation de l’Oiseau de feu, difficile à en faire sortir la substantifique moelle… Un grand bravo !
Dominique CANH