En finir avec le « mal logement »
La Région Île-de-France concentre une bonne partie des élites de ce pays et de sa richesse patrimoniale. Elle concentre les situations d’exclusion, notamment du logement. C’est une crise du vivre ensemble qui gangrène notre société urbaine. Savoir la surmonter dépend de notre capacité à retisser un lien social autour de nous, de notre logement, dans notre quartier.
Plus des deux tiers des polytechniciens habitent en Région parisienne, ou plus précisément dans l’un des huit départements qui composent la Région Île-de-France. Plus des deux tiers des problèmes d’accès à un logement décent sont concentrés sur la Région Île-de- France.
Simple hasard des chiffres ? La solution des problèmes du » mal logement » ne relève-t-elle pas des politiques publiques, de l’amélioration des mécanismes du marché du logement, ou d’une combinaison des deux ?
Une région duale
Si nous approfondissons l’analyse, on s’aperçoit que la Région Île-de- France est devenue une région « duale » : d’un côté, elle concentre une bonne partie des élites de ce pays, mais aussi de sa richesse patrimoniale (plus des deux tiers des redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune résident en Île-de- France), d’un autre côté, elle concentre les situations d’exclusion, notamment du logement, favorisées par l’explosion des valeurs immobilières de cette dernière décennie.
Si nous regardons de plus près, nous voyons que cette dualité recouvre en fait des situations d’évitement.
Comme la géographie polytechnicienne, les plus favorisés se concentrent sur quelques quartiers de Paris, certaines villes des Hauts-de- Seine et des Yvelines, alors que les plus fragiles se concentrent dans la Seine-Saint-Denis et d’autres villes d’Île-de-France où se focalise le « logement social « . Il ne s’agit pas du résultat du hasard, mais comme l’a bien montré Éric Maurin (81), d’une stratégie de « ghettoïsation » profondément à l’œuvre au sein des élites ainsi que des classes moyennes qui aspirent à leur ressembler.
Agir concrètement
Chacun peut donc être acteur de la lutte contre le » mal logement », et nous spécialement, polytechniciens habitant en majorité des villes et des quartiers équilibrés d’Île-de- France, nous pouvons agir concrètement pour rendre plus accueillant notre environnement proche aux plus fragiles.
Chacun peut être acteur de la lutte contre le » mal logement »
Nous pouvons, par exemple : favoriser les initiatives des maires en faveur de la création de petites unités de logement social en centre-ville, plutôt que de s’associer au traditionnel comité de défense qui accompagne ce type de projet ; confier un logement vacant à notre Association qui s’engage, avec toutes les garanties nécessaires, à faire fructifier le bien, tout en lui conférant rapidement une utilité sociale ; consacrer un peu de temps à mettre nos talents à disposition de ceux qui n’ont pas eu les mêmes opportunités ; etc.
Retisser le lien social
En Île-de-France, comme dans la plupart des grandes métropoles, plus qu’une crise du logement, c’est une crise du vivre ensemble qui gangrène notre société urbaine. Le caractère durable de celle-ci, outre les enjeux environnementaux largement médiatisés, dépend surtout de notre capacité à retisser ce lien social autour de nous, de notre logement, dans notre quartier.
Habitat et Humanisme Île-de-France :
Ile-de-France@habitat-humanisme.org
www.habitat-humanisme.org
Habitat et Humanisme a été fondé, il y a vingt-cinq ans. Son action consiste à loger les plus fragiles au sein de quartiers équilibrés ; mettre en pratique une solidarité de voisinage ; mettre l’économie et la finance au service de l’accès à un logement décent au travers de l’utilisation de produits de partage (actionnariat, fonds communs de placement, livrets d’épargne, épargne salariale, etc.), construisant ainsi un partenariat public privé pour le financement de la politique sociale du logement.