Aguaro aide les entreprises à réduire leur empreinte carbone avec des solutions numériques bas carbone et responsables.

« En finir avec l’ébriété numérique »

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Matthieu POULARD

Si le numé­rique peut contri­buer à faire bais­ser l’empreinte car­bone et envi­ron­ne­men­tale des entre­prises, l’explosion des usages numé­riques contri­bue néan­moins à la crois­sance dras­tique de l’empreinte du sec­teur venant même à en occul­ter les effets posi­tifs. Pour aider les entre­prises à trou­ver un juste équi­libre, Agua­ro les aide à déve­lop­per leur sobrié­té numé­rique. Expli­ca­tions de Mat­thieu Pou­lard, cofon­da­teur d’Aguaro

Quels sont les constats qui ont mené à la création d’Aguaro ?

Dès 2018, nous avons fait le constat que les grandes entre­prises et orga­ni­sa­tions n’arrivaient pas à sor­tir des logiques de repor­ting RSE, et aujourd’hui ESG, afin de s’inscrire dans une démarche de trans­for­ma­tion essen­tielle à la réus­site des tran­si­tions, notam­ment envi­ron­ne­men­tale et éner­gé­tique, et à la lutte contre le réchauf­fe­ment climatique. 

Cette situa­tion s’explique notam­ment par l’absence d’outils leur per­met­tant de pilo­ter et de gérer leur empreinte car­bone et envi­ron­ne­men­tale à chaque niveau de leur orga­ni­sa­tion, alors que les opé­ra­tion­nels sont les mieux pla­cés pour opti­mi­ser, pilo­ter et réduire cette empreinte. Par ailleurs, les rares outils dis­po­nibles sur le mar­ché ne couvrent pas ce niveau opé­ra­tion­nel qui est pour­tant moteur dans une démarche de trans­for­ma­tion des pratiques. 

À par­tir de là, nous avons fait le choix de déve­lop­per une solu­tion des­ti­née aux grandes entre­prises et orga­ni­sa­tions qui ont la capa­ci­té à entraî­ner avec elles, dans cette trans­for­ma­tion, leur éco­sys­tème et toutes leurs dif­fé­rentes par­ties pre­nantes. Au-delà, il s’agit aus­si de rendre chaque dépar­te­ment de l’organisation auto­nome dans la ges­tion et le pilo­tage de leurs coûts envi­ron­ne­men­taux, comme ils le sont déjà pour leurs coûts financiers ! 

Enfin, nous avons éga­le­ment fait le choix de nous concen­trer, d’abord, sur la DSI et les ser­vices infor­ma­tiques au regard de l’impact envi­ron­ne­men­tal crois­sant du numé­rique et de la prise en compte tar­dive des enjeux envi­ron­ne­men­taux par ce secteur. 

Au-delà, Aguaro est aussi le fruit de la rencontre de 4 associés aux compétences et savoir-faire complémentaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, Agua­ro est avant tout une aven­ture humaine, mais aus­si la ren­contre for­tuite entre deux uni­vers : le numé­rique et l’environnement. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, avec Thi­baut Hag, nous avons une expé­rience de plus de 15 ans dans l’accompagnement de la trans­for­ma­tion numé­rique des entre­prises. Boris Bailly a, quant à lui, un par­cours d’une dizaine d’années à l’ADEME. Et, il est aus­si le cofon­da­teur de I Care, une socié­té de conseil spé­cia­li­sée dans l’environnement qui a été acquise par Bea­ring­Point en 2022. Et enfin, Too­va­lu qui est un édi­teur spé­cia­li­sé dans l’ESG et la stra­té­gie cli­mat sur le mar­ché des PME et des ETI.

Depuis, Agua­ro pour­suit son déve­lop­pe­ment grâce aux nom­breuses per­sonnes qui nous ont rejoints et contri­buent au quo­ti­dien au déve­lop­pe­ment de nos solutions. 

Au cœur de votre positionnement, on retrouve donc la volonté de mettre à la disposition des entreprises des services numériques bas carbone et plus responsables. Qu’est-ce que cela implique en termes de métiers et d’expertise ?

Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, nous sommes à la croi­sée du numé­rique et de l’environnement, mais aus­si un acteur de la conduite du chan­ge­ment et de la trans­for­ma­tion des entre­prises grâce à notre solu­tion qui leur per­met de mieux pilo­ter, gérer et opti­mi­ser leur empreinte car­bone et envi­ron­ne­men­tale. À date, nous avons, d’ailleurs, sous contrôle 800 000 tCO2 eq.

Depuis le début de la com­mer­cia­li­sa­tion de notre solu­tion, mi-2021, nous accom­pa­gnons de nom­breuses entre­prises opé­rant dans dif­fé­rents sec­teurs (grande dis­tri­bu­tion, finance, banque, assu­rance, indus­tries…) dans leur démarche de sobrié­té numé­rique. Aujourd’hui, nous comp­tons notam­ment par­mi nos clients, Bor­deaux Métro­pole, La Banque Pos­tale, le Cré­dit Agri­cole, BNP Pari­bas ou encore Miche­lin que nous accom­pa­gnons dans 170 pays. Enfin, actuel­le­ment, nous ren­for­çons notre posi­tion­ne­ment en France et nous nous déve­lop­pons en Europe, notam­ment en Bel­gique, mais aus­si en Suisse et au Royaume-Uni. 

Concrètement, qu’est-ce que votre solution permet d’accomplir en termes de sobriété numérique ?

Notre solu­tion per­met à une DSI de pilo­ter toute la chaîne de valeur de la sobrié­té numé­rique grâce à un sys­tème inté­gré qui couvre :

  • La mesure dans la durée et de manière régu­lière et auto­ma­ti­sée de leur empreinte envi­ron­ne­men­tale : cette démarche de quan­ti­fi­ca­tion est glo­bale et couvre tout le péri­mètre d’action de la DSI (équi­pe­ments, trans­ports, ser­vices…). Cer­ti­fiés Méthode Bilan Car­bone, nous four­nis­sons ain­si aux DSI des rap­ports conformes et sous dif­fé­rents for­mats (BEGES, Bilan Car­bone, GHG Pro­to­col…). Ces livrables sont aus­si action­nables, audi­tables et peuvent être inté­grés dans les outils de repor­ting uti­li­sés par l’entreprise ;
  • La modé­li­sa­tion et la simu­la­tion afin de pou­voir com­pa­rer dif­fé­rents scé­na­rios et, in fine, déter­mi­ner la stra­té­gie et les objec­tifs les plus pertinents ;
  • Les actions : notre solu­tion inclut un moteur de recom­man­da­tions auto­ma­tique en mesure de pro­po­ser des actions quantifiées ;
  • La décli­nai­son et le sui­vi du plan d’action au niveau de chaque équipe opérationnelle ;
  • La com­mu­ni­ca­tion per­son­na­li­sée autour de la démarche de sobrié­té numé­rique et des résul­tats obte­nus aus­si bien en interne que vis-à-vis des par­ties pre­nantes extérieures.

Notre solu­tion est dis­po­nible en ver­sion SaaS et en ver­sion Add-on Ser­vi­ce­Now. La démarche peut être faci­le­ment décli­née à tous les niveaux de l’organisation, mais aus­si par pays, pro­jets, four­nis­seur ou appli­ca­tion afin d’avoir un pilo­tage le plus fin pos­sible, alors que notre solu­tion per­met aus­si de conso­li­der l’ensemble dans des tableaux de bord per­son­na­li­sés par persona.

Quels en sont les bénéfices et le ROI pour les entreprises ?

Ils sont mul­tiples. Notre sys­tème contri­bue à limi­ter signi­fi­ca­ti­ve­ment les risques régle­men­taires, fia­bi­lise l’empreinte des entre­prises et assure son audi­ta­bi­li­té. Il per­met aus­si de limi­ter le risque répu­ta­tion­nel en interne et en externe.

Grâce à l’automatisation de plu­sieurs maillons de la chaîne de valeur, dont la mesure régu­lière de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale, notre solu­tion per­met aux entre­prises de gagner du temps et de recen­trer leurs équipes sur des tâches à plus forte valeur ajou­tée. Au-delà, elle donne les moyens aux entre­prises de sécu­ri­ser l’atteinte de leurs objec­tifs et de ter­nir leur tra­jec­toire. Enfin, elle per­met aus­si de faire de la sobrié­té éner­gé­tique un vec­teur de gain finan­cier. Cette démarche per­met, en effet, à l’entreprise de s’inscrire dans une logique de ratio­na­li­sa­tion voire de baisse des achats et de leur consom­ma­tion d’électricité.

Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché ?

Dans un contexte mar­qué par une régle­men­ta­tion plus stricte en matière d’ESG avec notam­ment l’entrée en vigueur de la CSRD, de plus en plus de grands et nou­veaux acteurs du digi­tal se posi­tionnent sur le mar­ché de la sobrié­té numérique.

Agua­ro reste fidèle à sa voca­tion pre­mière : pro­po­ser des solu­tions qui vont au-delà du repor­ting et qui vont per­mettre aux entre­prises de véri­ta­ble­ment prendre en compte les enjeux envi­ron­ne­men­taux dans leurs pra­tiques quo­ti­diennes afin de pou­voir se trans­for­mer et péren­ni­ser leur acti­vi­té. Aujourd’hui, nous sommes confor­tés dans notre choix par les retours et les témoi­gnages de nos clients, mais aus­si par la recon­nais­sance de cer­tains acteurs comme IDC.

Néan­moins, nous res­tons pru­dents et modestes, car le che­min est long et l’enjeu auquel nous nous atta­quons nous dépasse largement !

En matière de sobriété numérique, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?

Né dans les années 80, jusque-là, j’avais une vision assez roman­tique de l’informatique et des « geeks » qui allaient révo­lu­tion­ner le monde.

Aujourd’hui, si la réa­li­té dépasse par­fois tout ce que j’avais pu ima­gi­ner enfant, il me semble impor­tant de ques­tion­ner les impacts sociaux, socié­taux et envi­ron­ne­men­taux de toutes ces dis­rup­tions qui se sont suc­cé­dé. Nous vivons dans un monde où l’accès à la connais­sance s’est noyé dans un océan de don­nées et de fake news. En outre, ber­cés par l’illusion de la déma­té­ria­li­sa­tion et de la vir­tua­li­sa­tion, l’informatique et le sec­teur du numé­rique ne sont pas réel­le­ment pré­oc­cu­pés de leurs impacts envi­ron­ne­men­taux, alors qu’il s’agit du sec­teur qui enre­gistre la plus grosse crois­sance de gaz à effet de serre !

La sobrié­té numé­rique, qui se défi­nit par anta­go­nisme à l’ébriété actuelle en matière de consom­ma­tion et de déve­lop­pe­ment de pro­duits et de ser­vices numé­riques, nous pousse donc à nous recon­cen­trer sur ce qui compte vrai­ment en tant qu’individu, entre­prise et socié­té. Ce constat est encore plus criant dans un contexte où l’accélération du déve­lop­pe­ment de l’IA pose des enjeux envi­ron­ne­men­taux et humains.

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