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Nous proposons également ci-dessous un ensemble d’ouvrages sur Les pays de France. Les recensions ont été réalisées par Pierre Laszlo et Loïc Vieillard-Baron.
Pascal Chareille, Xavier Rodier et Élisabeth Zadora-Rio. « Analyse des transformations du maillage paroissial et communal en Touraine à l’aide d’un Sig ». Histoire & Mesure XIX, n° S 3⁄4 (2004) : 317–43.
La confrontation de maillages théoriques fondés sur la distance, le relief et l’hydrographie avec les limites réelles des communes lors de leur création, en 1791, et en 1999 (date de la BD-Carto de l’Ign), indique la prédominance de la distance entre les chefs-lieux dans le maillage. Contrairement aux hypothèses admises jusque-là, ni le potentiel agricole, ni l’ancienneté des chefs-lieux, ni même leur poids hiérarchique ne jouent un rôle déterminant dans les variations de superficie des communes.
Florent Hautefeuille, « La délimitation des territoires paroissiaux dans les pays de Moyenne Garonne (Xe-XVe siècle) ». Médiévales, n° 49, 73–88 (2005).
Dans l’aire de la confluence Tarn-Aveyron-Garonne, la documentation fait apparaître plusieurs types de paroisses, attachées à différents types d’églises, de l’église annexe au prieuré.
Ces différences paraissent plus juridiques ou fiscales que réelles dans le fonctionnement quotidien de la paroisse des paroissiens. Par ailleurs, le processus de territorialisation des paroisses semble tardif et lent à se généraliser. Il s’explique par trois phénomènes qui se mêlent : l’influence de structures issues du passé, la contrainte géographique et les aléas de l’histoire contemporaine du processus de formation.
Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, L’Invention de la France Hachette collection Pluriel, 1981, 1992, 512 p. (épuisé en librairie).
Ce livre est un classique. Se situant dans la longue durée braudélienne, les auteurs analysent des comportements très divers. Par exemple, le vote communiste reflétait davantage des pratiques successorales séculaires qu’une carte récente de l’industrialisation ou de la répartition de la classe ouvrière. La France du Nord, celle de familles nucléaires, est celle où l’on hérite. Celle du Sud-Ouest, à structure de famille-souche, se caractérise par un héritage inégalitaire. Bref, le territoire national est une mosaïque de systèmes de parenté régissant la religiosité, les pratiques politiques, les modes de vie et de pensée.
Ce livre fit voir d’un nouvel œil la sociologie électorale. Devant des forces centrifuges proprement explosives, la Convention imposa une centralisation unificatrice forte, l’invention de la France.
Samuel Leturcq, « Territoires agraires et limites paroissiales ». Médiévales n°49,89–104 (2005).
Le « terroir », territoire de compétence agraire d’une communauté paysanne, en même temps que réalité des campagnes médiévales et modernes, reste difficile à cerner. En l’absence de sources définissant précisément cette entité spatiale, les historiens tendent volontiers à confondre territoire agraire et territoire paroissial.
De nombreux exemples, répartis sur l’ensemble du territoire français, montrent toutefois que cette confusion est nocive : le territoire agraire a une cohérence issue d’une logique d’exploitation foncière étrangère aux préoccupations religieuses ou fiscales de la paroisse. Une paroisse peut être morcelée en plusieurs territoires agraires, ou alors être intégrée tout entière, ou en partie, dans un territoire dont l’existence juridique est fondée sur des ententes intercommunautaires.
Élisabeth Zadora-Rio, « Territoires paroissiaux et construction de l’espace vernaculaire ». Médiévales, n° 49 (2005).
La nouveauté radicale du réseau paroissial, par rapport aux découpages administratifs de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, tient à son échelle : c’est le premier maillage administratif à l’échelle de l’espace vernaculaire dans lequel s’inscrivent les pratiques religieuses et sociales. Si la volonté d’enraciner la communauté paroissiale dans un territoire cohérent et précisément circonscrit est bien attestée aux XIIe-XIIIe siècles, et si ses origines peuvent être retracées jusqu’au IXe siècle, son implantation s’est heurtée à de nombreux obstacles. En particulier, les droits paroissiaux n’étaient ni coextensifs, ni précisément délimités. Les superpositions étaient nombreuses. Elles prirent fin seulement avec la cartographie moderne, lors de la création des communes en 1790.
The World of Atget (4 vol.). Vol. 1, Old France. Museum of Modern Art, New York, 1982.
Cet album montre une France inhabitée, semble-t-il. Eugène Atget le constitua durant le premier quart du vingtième siècle. Églises et maisons, photographiées dans des villages et des bourgs, des villes parfois, en Île-de-France le plus souvent, sont des squelettes externes. La pierre est une coquille, protectrice d’une vie se déroulant à l’intérieur des édifices seulement, que la photographie ne permet même pas d’imaginer. Antérieurs à la circulation automobile généralisée, les reportages d’Atget enregistrent l’appauvrissement de la vie publique ainsi que l’enfouissement de la vie privée dans le secret du logis.