Énergie, politique fédératrice pour l’Europe

Dossier : Europe et énergieMagazine N°629 Novembre 2007
Par Daniel REYDELLET (64)

Sans éner­gie, pas de développement !
Mais les res­sources fos­siles sont inéga­le­ment répar­ties ; pire : l’u­ti­li­sa­tion des res­sources pro­bables mène­rait la pla­nète à la catastrophe.
Il faut donc à la fois se sou­cier de la sécu­ri­té d’ap­pro­vi­sion­ne­ment de l’Eu­rope, ce que nous n’ob­tien­drons que grou­pés, et déve­lop­per rapi­de­ment éner­gies propres et éco­no­mies d’éner­gie par des efforts à toutes les échelles : or celle de l’Eu­rope est essentielle.

L’U­nion Euro­péenne doit pro­mou­voir une poli­tique éner­gé­tique com­mune prag­ma­tique et volontaire.

Energie = guerre ou paix

Quand le char­bon était la source prin­ci­pale de l’éner­gie et le coke, la clef de l’a­cier, donc de l’ar­me­ment, les pères de l’Eu­rope avaient pro­je­té la dis­pa­ri­tion des conflits par une com­mu­nau­té charbon/acier, pierre fon­da­trice de notre Union actuelle. Si le contexte a chan­gé, le fond des choses reste : ingré­dient indis­pen­sable à la paix, l’éner­gie d’o­ri­gine fos­sile est aus­si un explo­sif géostratégique.

En accord avec ses valeurs fon­da­trices, l’UE, dont l’é­chelle est indis­pen­sable pour agir avec force, doit comme en 1951 défi­nir puis pro­mou­voir une poli­tique éner­gé­tique com­mune, volon­taire et pragmatique.

Une assurance, un devoir et un levier

D’a­bord il s’a­git d’as­su­rer dura­ble­ment à cha­cun des pays de l’U­nion les appro­vi­sion­ne­ments dont il a un besoin vital. Une poli­tique com­mune est, de ce seul point de vue, une néces­si­té : abor­der cette ques­tion en ordre dis­per­sé condam­ne­rait cha­cun à l’impuissance.

Ensuite frei­ner for­te­ment les rejets de GES dans la haute atmo­sphère est deve­nu un devoir. Si, à toutes les échelles, les éco­no­mies de com­bus­tibles fos­siles et les éner­gies propres doivent être pro­mues, l’é­chelle euro­péenne est la bonne sur des points déci­sifs comme recherche, pro­jets inter­con­ti­nen­taux, uti­li­sa­tions des éner­gies nucléaires (donc retrai­te­ments), coopé­ra­tions élec­triques transfrontalières.

Enfin, par l’in­no­va­tion dans le domaine de l’éner­gie, l’Eu­rope, aux faibles res­sources fos­siles, tient un fan­tas­tique levier de développement.

Haute Autorité et Agence de régulation

Dans le cadre plus effi­cace, mais encore assez lourd, du « mini-trai­té » la poli­tique éner­gé­tique euro­péenne ne pour­rait-elle pas être défi­nie et conti­nû­ment adap­tée par une « Haute Auto­ri­té de l’éner­gie », per­met­tant de réagir rapi­de­ment aux évo­lu­tions externes ? Cette sug­ges­tion de l’Ins­ti­tut Mon­taigne mérite de rete­nir l’attention.

Et puis­qu’on ne pour­ra pas comp­ter uni­que­ment sur les lois du mar­ché pour res­treindre l’u­sage des com­bus­tibles fos­siles alors même que les efforts de tous en abais­se­ront les prix, la créa­tion d’une Agence de régu­la­tion au niveau de l’U­nion semble éga­le­ment nécessaire.

Une « fenêtre » pour la présidence française de 2008

Avec la pré­si­dence de l’U­nion au 2e semestre 2008, la France dis­pose d’une excel­lente mais courte fenêtre pour pro­mou­voir à nou­veau une poli­tique éner­gé­tique com­mune, pré­vue par le pro­jet de Consti­tu­tion mais dis­pa­rue avec lui. Pré­pa­rons dès main­te­nant cette ques­tion avec nos par­te­naires, selon la méthode effi­cace du « mini-traité ».

Un grand mer­ci aux auteurs qui ont accep­té de par­ti­ci­per à la rédac­tion du pré­sent numé­ro, et en par­ti­cu­lier à David Col­li­quet, coor­don­na­teur du pro­jet et à Michel Gérard, ani­ma­teur de nos débats. Ils témoignent de la moti­va­tion qui anime la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne face aux pro­blèmes européens.

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