Ensemble, pour construire le réseau du futur !
Le THD élargit le champ des possibles et permet de tirer profit du digital pour monter en compétitivité, performance, agilité et compétence. Soucieux de promouvoir la numérisation des territoires, la vocation d’InfraNum est de réunir les acteurs de l’écosystème des entreprises partenaires des territoires connectés. Rencontre avec Hervé Rasclard, délégué général d’InfraNum.
InfraNum est la Fédération des entreprises partenaires des territoires connectés. Pouvez-vous nous rappeler vos missions, votre périmètre d’action et vos principaux membres ?
Lancée en 2013 dans le cadre du plan France Très Haut Débit, InfraNum rassemble l’ensemble des entreprises qui participent à l’aménagement et au développement numérique des territoires, et ce, pour le compte des opérateurs et des collectivités.
Aujourd’hui, nous comptons environ 200 entreprises adhérentes de toutes tailles, issues de secteurs d’activités divers et variés. La particularité de notre fédération est de rassembler tout l’écosystème des infrastructures numériques notamment :
- Les bureaux d’études, AMO juridiques ;
- L’ensemble des opérateurs d’infrastructure et les opérateurs alternatifs grand public et entreprises ;
- Les équipementiers et les acteurs en charge de la construction du réseau très haut débit ;
- Les centres de formation pour pourvoir aux besoins de l’ensemble des acteurs de la filière ;
- Les constructeurs ou les intégrateurs, des ETI, des grands groupes, des PME qui construisent ce réseau du futur et mettent en œuvre le plus grand chantier d’infrastructures de France, qui représente un investissement d’environ 30 milliards d’euros, et près de 30 000 emplois.
“Notre vocation est de soutenir l’aménagement numérique des régions
mais également le développement des usages sur les territoires.”
Quelles sont vos missions et votre périmètre d’action ?
En tant que fédération nationale, notre périmètre d’action est vaste, sachant que notre vocation est de soutenir l’aménagement numérique des régions mais également le développement des usages sur les territoires. Pour cela, nous les accompagnons dans la mise en place d’une infrastructure neutre, ouverte et mutualisée.
C’est d’ailleurs pour cette raison que nous privilégions les partenariats publics/privés (PPP).
L’objectif est de donner les meilleurs atouts aux collectivités pour développer les usages des citoyens, valoriser leur économie locale et mettre en avant les avantages propres à chaque territoire.
Depuis la création d’InfraNum en 2013, nous avons développé notre rôle d’influence et nous établissons un véritable lien entre les acteurs industriels impliqués dans le plan France Très Haut Débit et l’ensemble des pouvoirs publics : gouvernement, ANCT, ARCEP, Commission supérieure du numérique et des postes, DGE…
Nous travaillons également avec les associations d’élus, comme l’AVICCA qui regroupe l’ensemble des porteurs de projets d’aménagement numérique, l’Association des Maires de France, la FNCCR, Régions de France, l’ADF, l’Association Nationale des Élus de Montagne… C’est ce réseau collaboratif et complet qui nous permet d’être le véritable « partenaire des territoires connectés ».
Nous sommes également présents sur le marché des entreprises. Nous nous sommes engagés auprès des TPE-PME afin de les sensibiliser et les accompagner dans leur transformation numérique.
Dans ce cadre, nous avons mis au point un guide de bonnes pratiques en collaboration avec nos partenaires de la FFT, l’ARCEP et le Medef, sur la digitalisation des entreprises.
Dans le domaine des smart territoires, nous travaillons actuellement sur un guide pratique sur les datacenters de proximité, et nous menons plusieurs actions en termes de référentiels techniques.
À ce niveau, nous collaborons régulièrement avec l’ARCEP et le gouvernement pour la mise en place de tous les référentiels techniques visant à standardiser et industrialiser les process de production.
Enfin, l’export fait partie des enjeux clés de nos entreprises. Nous menons des actions concrètes afin de les accompagner dans leur développement à l’international.
La création d’InfraNum est reliée au plan France Très Haut Débit, qui vise le déploiement du très haut débit (THD) sur l’ensemble du territoire français d’ici 2022. Pouvez-vous nous rappeler le contexte autour de cette initiative gouvernementale ?
Lancé en 2013, le plan France Très Haut débit a été repris par le président Emmanuel Macron avec une nouvelle ambition intégrant deux caps majeurs : le bon débit pour tous à fin 2020 et le très haut débit pour tous en 2022.
Concrètement, nous comptons aujourd’hui en France environ 37 millions de locaux publics ou privés (foyers ou entreprises), à équiper en fibre optique. Ils sont répartis en 3 zones :
La zone très dense (ZTD) qui représente un peu plus de 6 millions et demi de locaux sur une centaine de communes, où les opérateurs s’engagent à déployer leurs propres réseaux ;
La zone AMII qui couvre plus de 3600 communes (13,7 millions de foyers à équiper). Orange et SFR s’engagent à déployer sur fonds propres des réseaux mutualisés, mis à disposition de l’ensemble des opérateurs qui souhaitent les utiliser ;
Les zones RIP, (réseaux d’initiative publique) qui représentent 33 000 communes situées pour la plupart dans les zones rurales, soit 17 millions de foyers à équiper. Dans ce cas, les collectivités en tant que maîtres d’ouvrage ont la responsabilité de la mise en place des réseaux publics internet à très haut débit sur leurs territoires. Les opérateurs exploitent ces réseaux sous forme de contrat de concession et les fournisseurs d’accès Internet proposent des offres équivalentes à celles des grandes villes.
À 3 ans de l’échéance, 18 sur 37 millions de prises ont été construites. Nous sommes à mi-chemin des objectifs fixés avec une très forte accélération du nombre de prises construites chaque année.
Pour la première fois en 2019, nous avons dépassé le cap des 4 millions de prises produites en un an, soit le double de l’année 2017.
Les chiffres en témoignent : sur les zones très denses (Montpellier, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux…), 90 % des déploiements sont terminés. Sur les zones AMII, nous sommes à 65 % de réalisation.
Le principal « reste à faire » concerne les zones RIP qui ont majoritairement lancé leurs appels d’offres il y a seulement 3 ans.
À ce jour, 35 % des foyers sont abonnés à une offre fibre sur les 17 millions raccordés.
S’il reste encore beaucoup à faire, la dynamique collaborative entre tous les acteurs publics et privés est bel et bien enclenchée.
“Le THD mobile ouvrira de nouveaux horizons à échéance
plus lointaine et de façon plus complémentaire.”
En parallèle, l’actualité est aussi marquée par l’arrivée de la 5G. Qu’en est-il et à quel niveau intervenez-vous dans ce cadre ?
Aujourd’hui, la 5G arrive sur l’ensemble des pays européens. Bien que liées l’une à l’autre, la 5G n’est pas un simple prolongement de la 4G.
Il s’agit plutôt d’une technologie du futur qui nous permettra d’aller vers l’industrie 4.0, les véhicules connectés et autonomes, les smart buildings…
Nous sommes aujourd’hui au tout début de l’histoire. En effet, l’attribution de licences n’a pas eu lieu. Pour l’instant, la 5G en France est toujours au stade des expérimentations sur certaines villes.
Ces licences seront mises aux enchères en 2020, pour des déploiements prévus entre 2022 et 2025. Nous croyons fortement que la 5G révolutionnera le monde industriel. Le THD mobile ouvrira de nouveaux horizons à échéance plus lointaine et de façon complémentaire.
Vous avez aussi contribué à la signature du contrat stratégique de la filière infrastructures numériques. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Et quels sont les principaux thèmes et projets au cœur de ce contrat stratégique ?
En décembre dernier, nous avons signé le contrat de filière qui reconnaît que les infrastructures numériques constituent une filière stratégique tout comme le sont l’aéronautique, l’automobile, l’agroalimentaire…
Sur un plan opérationnel, l’objectif de ce contrat de filière est de mettre en place 4 grands projets structurants autour de quatre thématiques. Il s’agit notamment de :
L’emploi : comme pour la fibre optique, le défi est d’imaginer ensemble les métiers de demain : ceux de la ville connectée, de l’IoT, de la 5G… Il s’agit d’identifier ces métiers, de les structurer, de mettre en place de nouvelles filières de formation, d’y intéresser les grandes écoles… Il s’agira également de mettre en place des formations initiales ou professionnalisantes pour que les individus puissent acquérir les compétences nécessaires et se préparer aux métiers de demain ;
Le smart territoire : il s’agit de trouver le moyen de faire émerger en France une plateforme de Smart territoire reproductible sur l’ensemble de l’hexagone et qui soit aussi exportable pour faire rayonner le savoir-faire français ;
L’innovation : la 5G fait partie intégrante de ce contrat de filière, et est l’un des axes centraux en termes de recherche et d’innovation ;
L’export et le développement à l’international : l’enjeu est de se doter des moyens nécessaires pour accompagner cette jeune filière au-delà de nos frontières et d’exporter notre french model à succès.
Dans le cadre du contrat de filière, InfraNum pilote 3 de ces 4 chantiers à savoir : l’emploi, les smart territoires et le développement à l’international.
Quels sont les autres sujets et enjeux qui vous mobilisent actuellement ?
Deux sujets mobilisent particulièrement notre fédération en ce moment.
Le premier concerne la construction des smart territoires avec notamment la mise en place des datacenters de proximité et les sujets liés aux plateformes et à la gouvernance des données.
Le second concerne l’édition 2020 de notre observatoire du très haut débit. Créé il y a 7 ans en partenariat avec l’AVICCA et la Banque des territoires, il est devenu la référence française du secteur pour évaluer l’impact du plan France Très Haut Débit en termes d’emploi, de production de richesse, de commercialisation des réseaux THD et de développement à l’international. Cette année, notre observatoire mettra l’accent sur la situation du marché professionnel du très haut débit. Le taux de connexion en fibre optique des entreprises françaises est en effet encore trop faible. Après avoir co-rédigé un guide pratique pour les accompagner dans leurs démarches et leurs projets THD, nous avons programmé un tour de France avec le Medef national afin de mettre en place des réunions d’information au sein de chaque département. Nous irons donc à la rencontre de l’ensemble des TPE/PME et ETI françaises tout au long de l’année 2020.
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