Entreprise et environnement : histoire d’une longue intégration
Bien qu’elle soit issue d’une longue histoire, c’est seulement ces toutes dernières années que l’entreprise française ou occidentale semble avoir intégré la dimension environnement dans ses choix microéconomiques. Il est vrai qu’elle vient de loin et que, pour l’industrie, l’environnement était davantage un moyen de production qu’un bien à protéger. Cela reste vrai aujourd’hui, et si la demande sociale envers les entreprises est très importante pour la protection de la nature, il ne faut jamais oublier que la finalité première de l’entreprise est la production.
On peut fixer schématiquement quatre périodes pour cette intégration de la préoccupation environnementale, qui correspondent chacune à des comportements, des attitudes de l’entreprise envers les écosystèmes. Elles regroupent tout à la fois des événements écologiques, un type d’opinion publique et un mode de réglementation similaires.
Les quatre étapes clés
1. Exploiter
La première période dure près de deux siècles, et démarre vers 1780, date de ce que l’on a coutume d’appeler la révolution industrielle. C’est le moment où sous l’effet de la généralisation de la machine à vapeur, des premiers chemins de fer, des premiers fours industriels, l’entreprise commence à prendre son essor. L’Angleterre est le premier pays à connaître cette évolution ; la France ne débuta sa révolution industrielle qu’une quarantaine d’années plus tard, vers 1820. L’environnement est une notion totalement absente des préoccupations de l’époque.
La révolution industrielle coïncide avec l’apogée de la philosophie des Lumières, un mouvement intellectuel qui pense que l’histoire a un sens et que le progrès est constant. Condorcet (1743−1794), persuadé de la perfectibilité infinie de l’homme, est l’un des représentants emblématiques de ce courant de pensée.
Cette philosophie des Lumières inspire la science économique qui prend alors son essor, dont Adam Smith (1723−1790) est l’un des pères fondateurs. Dans La richesse des nations, écrit en 1767, il distingue trois facteurs de production : le travail, le capital et la terre. C’est de leur utilisation combinée que les richesses peuvent être produites.
Toute l’école classique qui en est issue (Ricardo, Stuart Mill) ainsi que les physiocrates regroupés autour de leur chef de file Quesnay ont ceci en commun que l’environnement, qu’ils appellent la Terre, est toujours perçu exclusivement comme une ressource à exploiter. Ils s’interrogeront certes sur les dangers des processus de production qui aboutissent à une raréfaction des ressources naturelles et donc à une diminution de la rente foncière et du taux de profit. Cette idée d’une limite naturelle à la croissance et d’un stock limité de ressources naturelles développée surtout par Ricardo (1772−1823) et sous une forme différente par Marx (1818−1883) a été principalement popularisée par Malthus (1766−1834).
Toutefois, si l’on analyse l’ensemble des théories économiques, il apparaît clairement que l’environnement est toujours perçu comme un facteur de production, jamais comme une ressource naturelle à sauvegarder. Seuls quelques rares auteurs comme Antoine-Augustin Cournot (1801−1871), qui publie Les principes de la théorie des richesses en 1838, relèvent le décalage entre maximalisation immédiate du profit et rentabilité à long terme au travers de l’extinction des ressources non renouvelables et la disparition de certaines espèces animales.
Les théories économiques, même plus récentes comme le keynésianisme, qui se concentre sur la recherche du plein emploi par une politique économique axée sur la demande, sont totalement silencieuses sur l’environnement. La théorie monétariste, développée par Milton Friedman, prix Nobel d’économie, illustre jusqu’à la caricature cette conception minimale : » Il existe peu de courants plus dangereux pour les fondements mêmes de notre société libre que l’acceptation par les dirigeants d’entreprise d’une conception de la responsabilité sociale autre que de servir du mieux possible les intérêts de leurs actionnaires. » (Capitalisme et liberté, Chicago Press, 1962).
Principales dispositions concernant l’environnement édictées avant 1965 | |
1289 | Création de la maîtrise des eaux et forêts. |
1669 | Ordonnance sur les eaux et forêts. |
1810 | Décret (15.10.1810) relatif aux manufactures et ateliers insalubres, incommodes ou dangereux. |
1845 | Loi (25.07.1845) sur les substances vénéneuses. |
1917 | Loi (19.12.1917) relative aux établissements dangereux, insalubres ou incommodes. |
1961 | Loi (02.08.1961) relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les odeurs |
1964 | Loi (16.12.1964) relative à la lutte contre la pollution des eaux. |
On peut postuler que la science économique classique a fait autant de bien au développement industriel qu’elle a fait de mal à l’environnement. Il paraît certain, que, conjuguée aux idées philosophiques de l’époque basées sur une croyance infinie en l’homme et en la technique, l’économie politique a jeté les premières bases d’une théorisation de la destruction de la nature. Elle s’est aperçue de la limitation des ressources naturelles mais, à aucun moment, elle n’en a tiré de conséquences positives pour la protection de l’environnement.
Ces idées d’un homme dominateur et exploiteur de la nature se retrouvent aujourd’hui dans les États du tiers-monde. Les bases philosophiques et religieuses sont certes totalement opposées, et les philosophies orientales, par exemple, postulent une insertion totale de l’homme dans la nature avec laquelle il ne fait qu’un. Toutefois, elles se retrouvent autour d’une évidence qui est que la protection de l’environnement ne passe qu’après la protection de soi-même et de sa famille. Dans les États du tiers-monde, tout comme dans les pays occidentaux du siècle précédent, l’impératif industriel est plus fort que la protection de l’environnement.
C’est une notion essentielle pour la compréhension des grands débats mondiaux sur l’environnement. Chicco Testa, parlementaire italien, avait coutume d’expliquer ceci : » Comment pouvons-nous faire comprendre aux habitants du tiers-monde qu’il faut protéger l’environnement pour sauver les futures générations qui viendront sur terre dans cinquante ou cent ans, alors qu’ils ont un problème immédiat et urgent, qui est de se nourrir eux-mêmes et si possible leurs enfants ? »
Durant toute cette période, qui s’étend jusque vers la fin des années soixante, les voix de l’opinion publique ne se font quasiment pas entendre sur l’environnement. Les Français d’après-guerre ont d’autres centres d’intérêt : les craintes budgétaires, puis de logement, et surtout le désengagement de l’Afrique du Nord les préoccupent bien plus que la protection de l’environnement.
Il est aussi intéressant de constater qu’au cours de cette période les Français sont plutôt fiers de leur industrie et des grandes réussites techniques. C’est ainsi que les premières centrales nucléaires, qui naissent dans les années 1950, sont saluées comme des réussites techniques, et ne se heurtent à aucune opposition.
Parallèlement à cette absence de demande sociale envers la protection de l’environnement, les réglementations sont peu nombreuses et peu contraignantes. Il y a eu plus de règlements sur la protection de la nature durant les vingt dernières années que durant toute l’histoire qui a précédé.
Au sein des entreprises, l’environnement apparaissait comme une donnée absente des stratégies à long terme : si le progrès technique pouvait apporter des nuisances, il pouvait également les faire disparaître.
Absent des préoccupations, il était également absent des organigrammes où il n’était envisagé que sous l’angle des risques potentiels. Cette activité de prévention des pollutions était alors gérée soit par le service concerné, soit par un délégué à la sécurité. Pour le reste, des rejets extérieurs limités et l’absence de réelle connaissance du fonctionnement des écosystèmes ne nécessitaient pas de la part de l’entreprise d’autre préoccupation que la gestion des risques immédiats.
2. Gérer
La seconde époque s’échelonne entre les années 1967–1968 et 1973–1974. Elle représente l’émergence de l’environnement sur la scène politique, sociale et industrielle.
Le 18 mars 1967, le super-tanker Torrey-Canyon s’échoue en Cornouailles. 12 000 tonnes de pétrole brut s’échappent des soutes et se répandent sur près de 400 kilomètres de côtes. On comptera 35 000 tonnes d’animaux exterminés, dont 1 500 pingouins et 4 000 macareux.
Cet accident aura un profond retentissement dans l’opinion publique. Il s’agit du premier accident industriel de cette importance et, surtout, il est largement médiatisé. La télévision montre des images d’oiseaux englués, de poissons flottant ventre en l’air, l’émotionnel est atteint.
Mai 1968 n’est pas un événement écologique stricto sensu. Il exprime des idées anti-industrielles, mais est davantage dirigé contre la société de consommation que pour l’environnement.
Les slogans de l’époque » Sous les pavés la plage « , » On ne fait pas l’amour avec un taux de croissance » traduisent plutôt des préoccupations contre que pour un idéal. En ce sens, il est un mouvement de révolte qui, s’il paraît avoir échoué en juin 1968, aura certainement été un des événements majeurs de l’écologie française.
Si Mai 1968 ne prônait pas le respect de la nature, voire le retour à la terre, il aura été le déclencheur de comportements en ce sens qui s’exprimeront quelques années plus tard.
En 1969 paraît en France Quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? de l’Américain Barry Commoner. Ce livre, paru en 1963 aux États-Unis, interpelle la communauté scientifique sur les déviances possibles du progrès technologique et relaye un autre grand classique paru l’année précédente, Le printemps silencieux de l’Américaine Rachel Carson. L’ouvrage Avant que nature ne meure, du responsable du Muséum d’histoire naturelle, Jean Dorst (1924−2001) eut également un grand retentissement. Paru en 1965 et traduit en 17 langues, ce livre s’élevait contre l’exploitation destructrice de l’environnement et appelait à la sauvegarde de la biodiversité. Une version abrégée La nature dénaturée parut cinq ans plus tard.
L’affaire du Larzac, à la même époque, prend figure, notamment pour les associations écologiques, d’un véritable symbole. L’armée souhaitait l’extension d’un camp militaire, ce qui nécessitait l’expulsion d’une quarantaine de fermes. » Les chars contre les charrues « , » Des brebis, pas des bombes « …, le Larzac aura fortement marqué toute une génération de militants écologiques ou antimondialistes. La charge émotionnelle fut telle que la première décision présidentielle après le 10 mai 1981 sera d’annuler le projet d’extension du camp.
En 1972 se déroule sous l’égide des Nations unies la première conférence internationale sur l’environnement à Stockholm. Elle marque pour la première fois la prise de conscience des problèmes d’environnement, et souligne surtout que ceux-ci sont planétaires.
La même année paraît le premier rapport du Club de Rome, maladroitement traduit en français sous le titre Halte à la croissance ? (le titre anglais est The limits to growth). Ce travail, qui réactualisait d’anciennes thèses économiques sur l’incompatibilité entre une croissance économique et démographique illimitée et des ressources naturelles limitées, se basait sur des modèles économétriques très sophistiqués. Son retentissement fut d’autant plus important que ses commanditaires étaient des responsables d’entreprises comme Aurélio Peccei (vice-président d’Olivetti) ou Giovanni Agnelli (président de Fiat), ses auteurs des chercheurs du MIT, et que son contenu n’était pas une charge idéologique mais une étude quantitative détaillée.
Parmi les événements qui illustrent cette époque, il faut signaler également la naissance des premières grandes associations de protection de la nature.
En 1969, elles se regroupent au sein de la Fédération française des sociétés de protection de la nature (qui deviendra France Nature Environnement).
L’année suivante est créée l’association » Les Amis de la Terre » qui s’organise immédiatement en réseau pour s’implanter dans la plupart des grandes villes. Une presse spécialisée relaya ces débuts du mouvement écologique, notamment Combat Nature, lancé en 1971, et surtout Le Sauvage (1973) dirigé par Alain Hervé, trimestriel de réflexion écologique qui eut une grande influence sur les mouvements de protection de la nature.
L’écologie commence à s’institutionnaliser. Jacques Chaban-Delmas sera à l’origine, en 1971, du premier ministère de l’Environnement, confié à Robert Poujade. Elle commence aussi à pénétrer les entreprises qui se dotent d’embryons de service environnement, comme Elf Aquitaine qui crée en 1971 son Centre d’information et de recherche sur les nuisances.
La sensibilité de l’opinion publique à l’égard de l’environnement commence également à être perceptible dans les sondages. C’est vers 1970 que ceux-ci deviennent ciblés sur des questions plus spécifiquement écologiques (pollution, qualité de vie, protection de la nature), alors que, quelques années auparavant, les questionnements portaient davantage sur des thèmes d’aménagement du territoire ou d’urbanisme.
En mars 1973, une enquête de Publimétrie réalisée pour la 2e chaîne de télévision indique que 77 % des Français estiment que les dangers de la pollution sont sous-estimés. Selon le même sondage, 46 % de Français se déclarent prêts à payer plus cher des produits dont la fabrication est non polluante : en 1973, l’écolo-marketing était déjà en germe.
3. Répondre aux attentes du public
La période suivante, que l’on peut situer entre 1974 et 1985, correspond avant tout à ce qui fut appelé « crise économique », mais qui n’est peut-être qu’une période de croissance « normale » après l’euphorie des trente glorieuses.
Cette crise a eu des effets décisifs sur l’écologie et son rapport au monde industriel. Elle a ruiné toute idée de croissance zéro, mis le chômage au premier plan des préoccupations des Français, et entraîné une reconnaissance de l’entreprise, surtout après 1981, comme acteur essentiel de la vie économique.
Quelques catastrophes marquantes | |
10 juillet 1976 | Accident chimique à Seveso. |
24 janvier 1976 | Naufrage de l’Olympic Bravery au large d’Ouessant. |
13 octobre 1976 | Naufrage du Boehlen au large de l’île de Sein. |
16 mars 1978 | Naufrage de l’Amoco Cadiz au large des côtes bretonnes |
28 mars 1979 | Accident nucléaire à Three Mile Island en Pennsylvanie. |
3 décembre 1984 | Catastrophe chimique à Bhopal en Inde. |
Toutefois de nombreux accidents, largement médiatisés, émaillèrent cette période. Toutes ces catastrophes, qui trouvèrent un très fort écho dans l’opinion publique, ont eu des incidences fortes sur le développement du mouvement écologique et sur la réglementation des activités industrielles.
Un autre événement, purement français, aura marqué cette époque : il s’agit du lancement, le 5 mai 1974, d’un ambitieux programme de développement de l’énergie nucléaire. Le plan Messmer, adopté en Conseil des Ministres, prévoit l’engagement de 50 tranches nucléaires de 1 000 mégawatts à l’horizon 1980. L’argument avancé est la reconquête de l’indépendance nationale après le premier choc pétrolier.
La maturité institutionnelle et industrielle
La période 1974–1985, si elle marque un certain essoufflement du mouvement » vert « , aura paradoxalement été propice au niveau gouvernemental et industriel.
Au niveau gouvernemental, on constate surtout l’apparition d’une réelle réglementation concernant la protection de la nature. Une loi est particulièrement importante, celle du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement, qui subordonne toute implantation nouvelle à une autorisation préalable. Cette dernière, soumise à une enquête publique, doit contenir entre autres une étude d’impact sur l’environnement et les éventuels risques présentés par l’exploitation. Cette loi sera renforcée par la loi du 12 juillet 1983 (loi Bouchardeau) relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement.
Devant cette réglementation stricte, assortie de sanctions très lourdes, l’industrie a dû intégrer l’environnement dans ses choix économiques.
Les entreprises se sont dotées de services environnement à part entière, voire de Directions spécifiques, comme Elf Aquitaine en 1982.
La moitié des cent premières entreprises françaises possédaient en 1986 leur propre service environnement. Cette fonction environnement, historiquement issue des directions qualité-sécurité, n’était généralement constituée que de quelques personnes.
C’est aussi le début de l’environnement comme élément d’une stratégie de positionnement d’image, et l’on voit quelques entreprises sortir les premières campagnes sur ce thème, comme Total qui, dès 1978, placardait des affiches représentant un paysage de campagne avec pour accroche « C’est beau chez nous ».
4. Construire une image durable
La dernière période débute en 1986. Elle se traduit par un remodelage de « l’idée écologique » dû à trois facteurs :
1) de nouvelles catastrophes : Tchernobyl, Bâle, Exxon Valdez ;
2) l’émergence de problèmes mondiaux : CFC et couches d’ozone, CO2 et effet de serre, destruction de la forêt amazonienne, pluies acides ;
3) le retour transitoire à la croissance à partir des années 1986–1987.
Une prise en compte décisive au niveau gouvernemental et industriel
À partir de 1988–1989, toute une série de mesures sont prises sur le plan institutionnel. Les plus originales concernent certainement le développement de la coopération internationale. Ainsi, 1989, année européenne de l’environnement, voit tout à la fois la création de l’Agence européenne de l’environnement, le Sommet international de La Haye sur l’environnement, la Conférence internationale sur la couche d’ozone à Londres, le Sommet du G7 à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française qui fait une large place aux questions d’environnement, la première réunion à Paris des États signataires du traité de l’Antarctique…
Au niveau international commence à émerger une série de projets gouvernementaux sur les écobilans, les audits environnement, la taxation pollueurs-payeurs, des encouragements fiscaux à la dépollution. Le ministère de l’Environnement tâche, davantage par des procédés incitatifs que réglementaires, d’agir malgré une marge de manœuvre assez étroite.
Quant aux entreprises, elles paraissent définitivement intégrer l’environnement dans leur stratégie. 40 % des 130 premières entreprises ont créé leur propre service environnement depuis 1987. Parallèlement, elles mettent en place des indicateurs de suivi de l’environnement et s’engagent sur des objectifs précis. Certaines entreprises s’aperçoivent du créneau et décident de porter leurs efforts sur l’environnement. Ainsi, la Lyonnaise des Eaux qui écrit dans son rapport d’activité 1988 : « le futur est l’environnement ».
En fait, c’est le rôle assigné à l’entreprise qui a considérablement évolué. De simple producteur, elle apparaît de plus en plus comme un acteur social aux multiples activités. L’entreprise cherche à devenir « citoyenne », et d’elle-même, sans demande extérieure, agit et essaye d’anticiper les évolutions.
La prise en compte de l’environnement à tous les stades de la vie de l’entreprise apparaît alors comme pouvant entraîner des effets positifs, comme celui de mobiliser son personnel, de réduire ses coûts, ou de conquérir de nouveaux marchés grâce au positionnement écologique des produits, comme l’illustrèrent dès 1989 les actions marketing des entreprises Henkel (Le Chat Machine) ou Reckitt et Coleman (Maison Verte).
Quant à l’avenir – le développement durable est-il durable ? – plusieurs paramètres militent dans le sens de l’amplification de l’intégration environnementale dans l’entreprise : sa place dans la normalisation commerciale, les enjeux financiers associés à l’orientation des flux boursiers, la valorisation du consommateur qu’elle permet, le poids des interlocuteurs externes, ONG et associations, l’amplification du droit de l’environnement, la demande sociale et politique et bien sûr le constat d’une nature perçue comme de plus en plus fragile.
Les Français, l’environnement et l’entreprise
Si les Français se déclarent préoccupés des problèmes d’environnement, ils éprouvent quelques difficultés à cerner les enjeux et la réalité de ces problèmes.
Ils ne sont ainsi que 26 % à déclarer connaître le terme de « développement durable ». Ils sont près de 2⁄3 à estimer que le progrès technique ne résoudra pas ces problèmes alors qu’ils n’étaient que la moitié dix ans auparavant. Les entreprises restent le principal accusé concernant la dégradation de l’environnement, puisque 47 % des Français estiment qu’elles en portent la responsabilité majeure, loin devant les gouvernements, les consommateurs ou les agriculteurs. Quatre Français sur dix vont jusqu’à s’accorder à qualifier le discours des entreprises sur l’environnement de « bidon » (Source : Baromètre Environnement EDF – R & D 2002).
Déjà en 1995, un sondage publié par l’Institut français de l’environnement enseignait qu’à la question « Quelles sources d’information, à votre avis, disent la vérité en ce qui concerne la protection de l’environnement ? » l’industrie avait recueilli 0 %. Pour être positif, on peut conclure que cela lui laisse une belle marge de progression.