Environnement et responsabilité
Les anciens élèves de l’X exercent leurs talents dans des lieux et des métiers très divers . Certains s’attachent â maintenir un lien malgré la distance et la variété des préoccupations. L’A.X. leur en fournit le cadre et la légitimité. Une cinquantaine de groupes sont créés en son sein. Plaisir d’échanger entre amis, les plus nombreux des groupes sont régionaux ou par pays. Volonté d’efficacité collective, les seconds sont professionnels. Les » Autres groupes » sont les plus rares. Sont-ils qualifiables ? « X‑Action » précède » Arplastix ». « X‑Golf » est encadre par » X‑Europe » et « X‑Histoire et Archeologie « . « X‑Environnement » est parmi ce « non-ensemble ».
© Sylvie PIERRE/ADEME |
Dès le départ, Jean Brugidou et les promoteurs de ce groupe ont voulu créer un forum transversal , entre métiers, entre secteurs public, industriel et associatif (la « société civile »). Permettre à des constructeurs de voies ferrées de débattre avec des élus locaux. Des producteurs de normes et de règles juridiques avec des épidémiologistes, des industriels ou des assureurs. Des scientifiques, souvent polytechniciens, avec des femmes et des hommes maniant d’autres disciplines.
Nos réunions sont des moments de débat ouvert. Ce sot aussi des moments pour une information détaillée et des propos nuancés car, dans l’assistance, composée pour l’essentiel de non-spécialistes, des connaisseurs reprennent les intervenants et apportent leur témoignage.
Nous nous efforçons de faire partager ensuite la précision des interventions et la richesse du débat à travers des comptes rendus et des articles que vous lisez régulièrement dans ces colonnes.
Pour la quatrième année consécutive, X‑Environnement présente un dossier spécial dans notre revue. Celui-ci signe un pas supplémentaire dans notre fonctionnement et notre activité.
Les premières années nous avons abordé les sujets les plus divers dans des réunions fréquentes où les qualités des intervenants et leur niveau de responsabilité étaient le gage d’intérêt et d’accès à une information » à la source » pour de nombreux camarades.
Les dossiers dans La Jaune et la Rouge constituent une construction collective plus élaborée. lls permettent de focaliser l’attention.
En 1996, le groupe a jugé nécessaire de s’appuyer sur la déclaration de Jean-René Fourtou au nom d’Entreprises pour l’Environnement. Un colloque au Sénat en est résulté sur le thème : » Mieux gérer l’environnement ; de l’expertise à la formation des hommes » (dont les actes sont toujours disponibles).
Depuis deux ans également, certaines voix nous poussent dans le groupe il une action plus persévérante et à un travail plus approfondi sur quelques sujets essentiels avec production de documents écrits et cycles de réunions. Dans la même période nous nous sommes rapprochés de groupes issus d’autres formations d’ingénieurs mais également des sciences politiques et nous mettons en commun certaines activités.
Typiquement le présent dossier sur la fiscalité est l’aboutissement d’une telle démarche. A l’heure où le gouvernement se penche sur cette question, les polytechniciens auront un solide document entre les mains. Michel Cohen de Lara en a été le moteur. Je tiens il lui témoigner toute notre reconnaissance.
En prolongation du dossier sur la fiscalité de ce numéro, le groupe X‑Environnement tient à la disposition de ses membres intéressés le compte rendu des trois soirées débats qui se sont déroulées à l’automne sur ce thème. Par ailleurs, si la demande lui était faite par un nombre suffisant, il pourrait accepter d’organiser une soirée de synthèse. Et à tous nos camarades sensibles à notre environnement. Rejoignez-nous. Venez débattre avec les acteurs intervenants au cours des soirées organisées. Entreprenez des travaux sur de nouveaux sujets. Disposez de documents de référence. Adressez votre adhésion à X‑Environnement avec votre cotisation de 100 F. Président : André-Jean GUÉRIN (69), Secrétaire : Pierre-Yves SAINT (78), Trésorier : Paul WORBE (51), |
D’autres camarades consacrent de l’énergie à d’autres sujets tels » Concepts de la protection de la nature », « Justice et environnement » avec nos amis de Science-Po, OGM (Organismes génétiquement modifiés) et santé. Un tel travail demande un fort engagement de quelques-uns et la participation, parfois la mobilisation, du plus grand nombre. Mon propos a donc aussi valeur d’appel. Appel à un soutien . d’adhésion bien sûr. Mais aussi appel il participer aux activités. Appel à la prise en charge de certains sujets ou travaux. Appel à l’animation et la responsabilité dans la vie du groupe. Les jeunes énergies et les apports variés doivent régulièrement renouveler les forces et les imaginations.
Ils devraient ne pas manquer car les polytechniciens sont sensibles à titre personnel aux facteurs de sécurité et de qualité de la vie. Leurs responsabilités les amènent souvent à y prendre une pan active. Mais beaucoup sont gênés par le manque de rigueur avec lequel les questions sont abordées. L’environnement apparaît trop souvent comme un cheval de Troie permettant les intrusions les plus diverses. Et il faut reconnaître que c’est une notion bien floue, une enveloppe fourre-tout. Notre groupe n’ignore pas la polysémie du terme, et nous craignons la dilution des concepts sur les plans scientifiques, techniques et juridiques. Malgré tout, les débats qui se nouent autour du thème de l’environnement mobilisent fortement l’opinion, touchent des sujets particulièrement sensibles, et atteignent aux fondements de l’exercice de nos compétences scientifiques. Il y aurait un risque bien plus grand à les ignorer au motif d’une apparence de prolifération anarchique.
Après tout la vision du progrès et de son outil technico-scientifique est en jeu à travers les débats sur l’environnement. Pierre Thuiller pose le problème en des termes sans ambiguïté dans son ouvrage La grande implosion. En définitive l’un des enjeux de l’époque est bien de reconstruire en partie l’humanisme. Luc Ferry ne s’y trompe pas qui, dans son ouvrage L’Homme-Dieu, donne le dernier mot à Hans Jonas dans son appel à un » principe de responsabilité » selon lequel il nous reviendrait de préserver à tout prix les conditions d’une existence digne de ce nom pour les générations futures.
Les scientifiques et les cadres techniques ont une responsabilité particulière à faciliter une appropriation des débats environnementaux par le public et à permettre une efficacité de la démocratie y compris dans ces domaines difficiles et complexes. Notre groupe et ceux de nos camarades issus d’autres formations sont de bons outils pour aider à exercer cette responsabilité dans le même esprit que la récente collection de la revue des Annales des Mines dont j’ai inversé les termes pour titrer cet article.