Éthique et pratique sportive
La pratique sportive organise la rencontre d’individus qui vont s’opposer en observant des règles et en se conformant à certaines valeurs morales. Ces règles et cette morale organisent le sport, en fixent les limites et transcendent le comportement du pratiquant.
L’émergence du sport moderne dans les colleges anglo-saxons au XIXe siècle est liée à la volonté de « grands éducateurs » de former des élites dotées de capacités comportementales et de valeurs morales élevées : celles-ci sont parfois évoquées sous le terme de fair-play.
Celui-ci se voit d’emblée confronté au respect de ces règles et de ses adversaires. Dans sa recherche personnelle d’excellence, il fait appel à ses qualités et à sa volonté. Les dirigeants sportifs et les enseignants s’emploient à inscrire sa démarche de progrès dans l’esprit du jeu, dans la maîtrise de soi, dans la loyauté envers les autres, dans la dignité lors des défaites et dans l’humilité lors des victoires.
La confrontation sportive amène les participants à une coopération qui se situe entre concurrence et entraide. Cette coopération, qui fait naître tolérance et compréhension mutuelle, permet de découvrir la notion de fraternité.
Ne pas céder à l’adversité
Au-delà de la morale sportive, destinée à s’épanouir ultérieurement dans la vie sociale, le pratiquant peut trouver une possibilité d’aller plus loin et d’élaborer une éthique personnelle. Celle-ci prend différents aspects selon la sensibilité de chacun. Le pratiquant apprend que, pour réussir, il ne doit pas céder à la difficulté ou à l’adversité. Il doit vouloir ce qu’il désire. Ce vouloir doit être suffisamment affermi pour qu’il ne se laisse pas détourner de son désir. Jacques Lacan, psychiatre et psychanalyste bien connu, formule cette démarche éthique personnelle en un aphorisme : « Ne pas céder sur son désir. »
Répondre de ses actes
La confrontation sportive amène à une coopération qui se situe entre concurrence et entraide
Le pratiquant peut aussi privilégier une éthique tournée vers l’autre. Max Weber, sociologue et économiste allemand, l’un des fondateurs de la sociologie moderne, évoque la nécessité d’une éthique de responsabilité qui repose sur l’acceptation de répondre de ses actes. Ainsi le pratiquant, tout entier tourné vers l’action, apprend à mesurer ce qu’il fait et à en assumer les conséquences.
Au-delà de ces exemples, d’autres démarches éthiques personnelles peuvent s’élaborer dans le cadre de la pratique sportive, quelles que soient les disciplines concernées, des plus collectives aux plus individuelles.
Un contexte éducatif
À l’École polytechnique, la formation sportive, une des composantes de la formation humaine et militaire, porte dans ses projets pédagogiques la volonté de transmettre les valeurs du sport et s’efforce d’offrir à l’ensemble des élèves du cycle ingénieur, mais également à des masters, des programmes internationaux, voire des doctorants, un contexte éducatif dans lequel chacun peut continuer à construire son éthique personnelle. Cette ambition de contribuer à la réflexion sur l’éthique des décideurs de demain repose sur un idéal : transmettre, par la pratique et l’échange, nos valeurs humaines et sportives au plus grand nombre.
Commentaire
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fascinant
le niveau intellectuel de la jaune et la rouge ne cesse de s’élever…