Être prêt à l’heure du numérique
Comment la Banque de France est-elle impactée par les nouvelles technologies ?
Notre Banque centrale intervient à plusieurs niveaux :
- La fabrication des billets et la gestion du circuit de distribution auprès des banques ;
- Les interventions de politique monétaire ;
- La gestion des systèmes de paiement ;
- La fourniture de statistiques sur les données monétaires en tant qu’institut statistique ;
- Les services à l’économie à destination des particuliers et des entreprises ;
- La réglementation et la supervision des banques et des assurances.
Chacun de ces métiers est impacté aussi bien par les nouvelles technologies que l’évolution de l’ensemble de son écosystème (les banques, les entreprises, les particuliers).
Pour faire face à ce défi, nous avons lancé en 2016 un vaste programme stratégique de transformation, dans lequel le digital a une part prépondérante. En tant que Chief Digital Officer, je pilote les actions digitales au sein de la Banque de France.
Quels sont les sujets ou les technologies qui vous intéressent actuellement ?
Nous avons ouvert un laboratoire d’innovation, le Lab, pour expérimenter les nouvelles technologies, étudier les opportunités et les risques qu’elles peuvent présenter pour nos métiers.
Ainsi, nous avons par exemple initié un projet autour de la Blockchain : nous avons réalisé un prototype qui s’est avéré concluant et avons poursuivi avec le développement d’une application Blockchain dans un cadre interbancaire.
Depuis décembre 2017, nous utilisons cette application pour délivrer aux banques les identifiants créanciers SEPA dont les entreprises ont besoin pour faire un prélèvement direct.
Autrefois traitées par nos équipes en backoffice, ces demandes sont maintenant gérées automatiquement via les smart contracts intégrés dans la blockchain.
Résultat : les délais ont considérablement raccourci et sont passés de plusieurs jours, voire semaines, à quelques secondes !
Ce projet nous a non seulement permis de mieux maîtriser cette technologie et d’anticiper d’éventuels usages complémentaires, mais aussi de monter en compétence et faire évoluer nos métiers pour nous projeter sur de nouveaux cas d’usages autour de cette technologie très prometteuse.
Qu’en est-il des relations que vous entretenez avec le monde de l’innovation ?
Notre Lab est ouvert à tous les acteurs innovants : start-ups, incubateurs, universitaires, chercheurs…
En misant sur des appels à projets, nous les sollicitons sur des sujets qui concernent nos métiers et leurs évolutions. Nous n’avons pas vocation à être un incubateur, le Lab est plutôt un accélérateur de projets.
C’est aussi un outil de transformation culturelle qui nous permet d’apprendre à travailler avec les différentes parties prenantes de l’innovation.
Et pour conclure, quels sont vos enjeux et axes de développement ?
Nous sommes face à des enjeux de transformation culturelle avec l’adoption de nouveaux modes de travail impulsés par le digital et les nouvelles technologies.
Cela implique de casser les silos pour plus de transversalité au sein de notre organisation et d’optimiser les échanges entre les différents métiers et domaines de la Banque. À cela s’ajoute un enjeu de transformation des processus : comment faire évoluer nos métiers et nos activités ?
La gestion des données est au cœur de ces questions : nous collectons ces données auprès du Système financier, des banques, des assurances, des entreprises… L’enjeu est donc de pouvoir capitaliser sur ce volume considérable de données pour en tirer tous les bénéfices possibles pour nos métiers.
Enfin, il y a le défi de l’innovation : repousser les limites, faire évoluer nos métiers et compétences et s’approprier les nouvelles technologies.