Être une fille en prépa scientifique
Le problème est celui de la motivation des filles pour s’orienter vers des études supérieures scientifiques. Il peut y avoir des freins psychologiques, les femmes doivent toujours en faire davantage que les hommes pour se sentir à la hauteur, comme des freins matériels, par exemple l’existence d’internat dans les prépas.
Des progrès ont été faits sur le terrain de l’ouverture des internats aux filles en prépa. En 2015, le portail Admission postbac permet de vérifier que presque tous les internats de lycées à prépa proposent des places aux filles. Tous, sauf trois : Stanislas à Paris, Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand et Jean-Perrin à Lyon.
REPÈRES
Avant d’y enseigner, j’ai été une fille en prépa scientifique. Après avoir été la seule de ma Terminale C (aujourd’hui S), j’ai suivi ma prépa dans des classes où les filles étaient majoritaires et où les professeurs de sciences étaient tous des femmes. Au moins, je n’avais pas à chercher loin pour trouver des figures de femmes inspirantes.
Mais ce lycée était une exception dans le paysage des prépas scientifiques. J’étais arrivée là parce que le proviseur de mon lycée de province avait cherché un lycée parisien qui offre des places d’internat aux filles en prépa. Or, tous les lycées, sauf un, n’offraient d’internat qu’aux garçons.
Et celui qui avait répondu positivement n’avait en fait pas d’internat du tout. Il envoyait ses filles internes au Foyer des lycéennes de la rue du Docteur-Blanche, à l’autre bout de Paris.
En 2015, le problème n’est pas tant celui de la parité que du maintien d’une offre globale suffisante. La demande de places d’internat de la part des familles d’élèves de lycée est très forte. Les régions, qui doivent arbitrer entre les différents besoins, tendent à privilégier ces derniers.
Un choix justifié par le fait qu’en prépa, les jeunes sont étudiants et que l’enseignement supérieur ne relève pas de leur responsabilité.
Parallèlement, le dispositif des internats d’excellence n’a pas été accompagné de la construction de nouvelles places d’internat. Les établissements cherchent des solutions pour élargir leur offre d’hébergement, mais le contexte de restrictions budgétaires ne favorise pas le déploiement d’une politique ambitieuse de logement étudiant pour les prépas.
Une relative parité
Et le corps professoral ? En maths et physique-chimie, sa composition a évolué.
“ Les femmes représentent quelque 30 % des professeurs de disciplines scientifiques ”
Les femmes représentent actuellement quelque 30 % des professeurs de disciplines scientifiques. Les étudiants sont donc témoins d’une relative parité, même si les femmes sont plus représentées dans les disciplines expérimentales qu’en mathématiques, et d’autant moins que les estrades sont prestigieuses.
La distillation qui fait passer le pourcentage de femmes professeurs de mathématiques de 20 % toutes prépas confondues à 9 % en MP* relève des mêmes mécanismes que ceux qui régissent l’ensemble de l’enseignement supérieur scientifique.
Toujours la médecine
30 %, c’est aussi le pourcentage de filles en prépa scientifique, alors que les bacheliers S qui alimentent ces classes sont à parité filles et garçons. Ce faible pourcentage dérange. Où vont les bachelières S ?
On les trouve massivement en médecine. Pourquoi cette dissymétrie ? Le plafond de verre a‑t-il explosé dans les hôpitaux ? L’équilibre vie privée-vie professionnelle y est-il plus facile à trouver ? Les femmes y seraient-elles plus à leur place que dans l’entreprise ?
Les femmes sont plus représentées dans les disciplines expérimentales qu’en mathématiques.