Étymologie :
À propos de la Covid-19
L’acronyme COVID-19 désigne la maladie à coronavirus apparue en 2019, et devenue une pandémie (du grec pan « tout » et dêmos « peuple ») en 2020. C’est à la base un terme anglais formé de COronaVIrus Disease 2019, où disease signifie « maladie », d’où le genre féminin en français prôné par l’Académie pour COVID, dont par ailleurs les trois composantes, corona, virus et disease, sont d’origine latine.
Virus
Commençons par virus, qui est emprunté tel quel au latin et qui est au centre de l’acronyme, d’où le genre masculin donné par certains à COVID. En latin, virus a désigné d’abord tout liquide d’origine naturelle, comme le suc d’une plante, qu’il soit bon ou mauvais, ou la sécrétion d’un animal telle que par exemple sa semence, ou encore son venin (nommé aussi en latin venenum, d’où viennent venin, vénéneux, venimeux). C’est de là que le latin virus a pris le sens général de poison, d’infection, voire d’odeur infecte. Ce sens est passé au français où, dès le XVe siècle, virus a désigné tout agent transmetteur de maladie, virus étant alors plus ou moins synonyme de germe ou de microbe, puis de bactérie… Enfin au XXe siècle les biologistes ont défini ce qu’est un virus (appelé d’abord virus-filtrant, car passant à travers certains filtres calibrés) et une bactérie (arrêtée par ces filtres). On connaît aujourd’hui des milliers d’espèces de virus, qui infectent les humains (environ 130 sont pathogènes, les mauvais virus), les animaux, les plantes… et les bactéries, et dans ce cas ils peuvent être de bons virus. On retrouve ainsi en biologie un virus bon ou mauvais selon les cas, comme le virus au premier sens en latin.
Il y a d’autres exemples de telles évolutions de sens entre le bon et le mauvais. « Tout est poison, rien n’est poison ; c’est la dose qui fait le poison », disait Paracelse au XVIe siècle. La dose fait aussi le remède. Ainsi le latin potio « boisson » devient en français potion, pour un médicament, et aboutit d’autre part à poison. En grec ancien, pharmakon désignait tantôt un poison, tantôt un remède, sens qui l’emporte dans la pharmacie. Mais les plus inattendus peut-être sont ces faux amis : en anglais gift « cadeau » et en allemand Gift « poison »… ce qui se donne, de bon ou de mauvais (on parle aussi de cadeau empoisonné !).
Corona
Le terme coronavirus apparaît en 1968 dans une publication en anglais de Nature, où les auteurs comparent ce type de virus sphérique, avec des excroissances arrondies un peu comme des pétales, au Soleil et ses protubérances situées dans la couronne solaire, en anglais solar corona. En anglais en effet, le latin corona « couronne, halo » est utilisé tel quel en astronomie alors que corona aboutit à crown dans le langage courant. Le mot coronavirus est donc du latin, mais passé par l’anglais.
Disease
Quant à l’anglais ease « aise », et son opposé disease « maladie », ils viennent de aise, desaise « malaise, maladie » en ancien français, où aise, aisance proviennent, par suite d’une étonnante évolution phonétique, du latin adjacens, adjacentia (formes du verbe adjacere « se situer à côté, être adjacent ») désignant de l’espace libre à proximité, comme les terrains libres autour d’une maison, où l’on installe les dépendances qui apportent des commodités, donc l’aisance matérielle, d’où l’aise, l’aisance en général, à l’opposé du malaise.
Épilogue
Le comble, c’est que la menace de la Covid-19 nous interdit d’être trop adjacents, et que cela ne nous met pas plus à l’aise pour autant !
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Article Le covid 19 ou La covid 19 sur le site de l’Académie française