Étymologie :
À propos de la donnée au service de l’environnement
Le mot environnement est construit autour de l’ancien français viron, désignant le pays d’alentour, et remontant au verbe latin vibrare « agiter », d’où vibrer, virer (cf. ÉtymologiX d’avril 2019). Quant au mot donnée, c’est une forme de donner, du verbe latin donare « faire un don », lui-même de dare « donner », dont le participe passé devient datum « don », au pluriel data emprunté tel quel en anglais, data « données », comme dans data base, open data, big data…
Il reste à expliquer le mot service.
Le service porte le lourd passé de l’esclavage
Le point de départ est le latin servus, désignant d’abord l’esclave, par opposition à l’homme libre, puis aussi en bas latin l’adorateur de Dieu. De servus vient le verbe servire « être esclave », puis au sens figuré « être dévoué à, adorer », d’où servitium « condition d’esclave, sujétion, dépendance », en bas latin servitor « qui se dévoue à Dieu ». Ces mots sont passés en français, à commencer par servus devenant serf, le nom du paysan inféodé au seigneur dans le système du servage, une forme à peine atténuée de l’esclavage qui a prévalu en Europe au Moyen Âge. De servire, servitium, servitor viennent servir, service, serviteur, dont l’usage s’est banalisé en s’éloignant de l’esclavage, tout en gardant un sens d’engagement fort dans des cas comme ceux du service religieux ou du service militaire. Du latin viennent aussi servile, servitude ou asservir, dont l’usage s’étend à la technique : un asservissement, par exemple avec un servomécanisme (élément servo- du latin servus). Enfin, le français a créé servante et servant (militaire), ainsi que son doublet, sergent (du latin serviens), serveuse et serveur (au café ou en informatique) et même serviette (de table, de bain, en cuir…) !
Certains auteurs ont tenté de rapprocher le latin servus de servare « être attentif, garder », un verbe d’origine indo-européenne (cf. en français, observer, conserver, préserver), en supposant que les premiers gardiens de troupeaux au service des propriétaires aient été leurs esclaves. Cela n’est pas démontré, et servus reste d’origine incertaine, aucune racine indo-européenne spécifique à l’esclavage n’étant connue. Ainsi le grec doulos « esclave » semble être un emprunt oriental. Enfin, la mère de Servius Tullius, roi étrusque de Rome au VIe siècle avant J.-C., avait été mise en esclavage. Est-ce le signe d’une origine étrusque pour servus ?
Et à propos, d’où vient le mot esclave ?
Les vicissitudes du mot Slave
Le mot Slave vient du vieux slave (cf. le russe slava « gloire » ou slovo « mot, parole » ?) par le latin Slavus, qui a pris la forme Sclavus en latin médiéval. Puis, à cause du grand nombre de Slaves réduits en esclavage par les Germains et les Byzantins au Moyen Âge, sclavus a désigné l’esclave en général, devenant en italien schiavo, en français esclave, en espagnol esclavo, en anglais slave, en allemand Sklave.
Dans les langues slaves, l’esclave est désigné autrement : ainsi en russe, rab « esclave » est lié à une racine indo-européenne exprimant la privation, le dénuement. De là vient le russe rabota « travail » (à l’origine « travail forcé »), et le nom du robot (par le tchèque, cf. ÉtymologiX de déc. 2019), qui est en quelque sorte un esclave artificiel.
Épilogue
En France, certains disent service ! pour merci. En Autriche et dans le sud de l’Allemagne, on se salue en disant Servus ! alors que le service se dit en allemand der Dienst, d’une racine germanique signifiant « esclave », et d’ailleurs en italien, de schiavo vient ciao !
En illustration : Un serveur informatique, dont le nom trouve son origine dans le latin servus, esclave.