Étymologie :
À propos de la géopolitique de l’Afrique
La géopolitique traite des interactions entre l’espace géographique, les populations qui y vivent et les rivalités qui s’y exercent. Ce mot rivalité porte en germe tous les conflits, dont ceux liés à la ressource en eau, importants depuis toujours comme le montre l’étymologie.
La rivalité
Le mot rivalité remonte en effet au latin rivus « petit cours d’eau », par opposition au latin flumen « gros cours d’eau, fleuve ». L’idée initiale est concrète : sont rivaux ceux qui vivent le long du même cours d’eau car ils se disputent l’usage de la même eau, d’autant plus que ce cours d’eau est petit. La rivalité la plus étymologique oppose les paysans qui doivent irriguer, les naturalistes qui défendent les zones humides et les habitants qui ont besoin d’eau potable.
Du latin rivus, relié à la racine indo-européenne *rei-, viennent en français ru, ruisseau, en espagnol rio… En latin, de rivus dérive rivalis « riverain » et aussi, chez le poète comique latin Térence, « rival en amour », sens qui se prolonge en latin, rivalitas « rivalité amoureuse ». De là, le français rivalité a pris le sens actuel, le plus général.
Remarque : malgré les apparences, il n’y a pas de rapport en latin entre rivus et ripa « rive », d’où viennent rive, rivage, arriver, dériver, rivière et… riverain.
L’accès à l’eau est un problème dans beaucoup de territoires, y compris en Afrique.
Le nom de l’Afrique, du latin Africa
En latin, Africa désignait d’abord la région de Carthage, puis la province romaine établie tout autour de Carthage après sa chute et finalement, au Ier siècle, Pline l’Ancien nomme Africa la partie du continent située au nord du fleuve Niger (du latin Nigris) et Aethiopia celle située au sud. Le latin Afer, pluriel Afri, désignait les habitants de la région Africa.
L’étymologie du latin Africa a fait l’objet de nombreuses hypothèses dont aucune n’a conduit à une certitude. La plus probable sans doute remonte au nom autochtone du peuple berbère des Afridi ou Afers ou Ifren, présent dans la région de Carthage avant sa fondation.
Une autre hypothèse part du latin Africus ventus, d’un latin ancien africus « pluvieux », qui désignait le vent de sud-ouest venant de la région de Carthage, chargé d’humidité par la traversée de la Méditerranée.
Le mot géopolitique, chargé d’une lourde histoire
Le mot géopolitique ne s’est popularisé que vers 1890, du suédois geopolitik, mot-valise entre geografi et politik, employé par Rudolf Kjellén, professeur de science politique à Göteborg. Le concept s’est développé en particulier en Allemagne, où Friedrich Ratzel, d’abord pharmacien et zoologiste, puis professeur de géographie à Leipzig, publia en 1897 Politische Geographie oder die Geographie der Staaten, des Verkehres und des Krieges, c’est-à-dire la géographie des États, de la circulation (des populations, des biens économiques et des idées) et de la guerre.
Cette géopolitique a été un support idéologique de l’expansionnisme allemand. À cause de cela, le mot géopolitique a été évité après 1945 et même banni des enseignements en France et en Allemagne. Puis les journalistes et les chercheurs l’ont peu à peu réutilisé depuis la fin des années 1970 et aujourd’hui la géopolitique est présente dans les médias et l’enseignement, par exemple à propos de l’Afrique.
Épilogue
L’étymologie se réfère au passé historique de l’Afrique, de ses ethnies et de ses relations avec les autres continents. Au contraire, on attend de la géopolitique qu’elle s’intéresse à l’avenir du continent, à ses défis et ses opportunités.