Étymologie des mathématiques

Étymologie :
À propos des mathématiques

Dossier : MathématiquesMagazine N°782 Février 2023
Par Pierre AVENAS (X65)

Le nom des mathé­ma­tiques vient du grec.

La notion de mathématiques en grec

Le mot mathê­ma­ti­kos appar­tient à la famille du verbe grec man­tha­nein, signi­fiant d’abord « apprendre par l’expérience, apprendre à faire », puis sans plus de pré­ci­sion, « étu­dier, apprendre », d’où aus­si « com­prendre ». Ce verbe avait donc un sens très géné­ral, tout comme les mots mathos « connais­sance » (d’où ama­thês « igno­rant » et polu­ma­thês « très savant, poly­mathe »), mathê­sis « appren­tis­sage », mathê­ma, atos « dis­ci­pline ensei­gnée, science », au plu­riel, mathê­ma­ta, d’où enfin mathê­ma­ti­kos « qui s’adonne à l’étude ».

Cepen­dant, mathê­ma­ta, mathê­ma­ti­kos prennent un sens plus res­treint chez les phi­lo­sophes clas­siques. Ain­si, Pla­ton dans les Lois asso­cie « trois dis­ci­plines », en grec tria mathê­ma­ta : celle « des nombres et du cal­cul », « celle qui mesure la lon­gueur, la sur­face et la pro­fon­deur » et « celle qui nous ins­truit des révo­lu­tions des astres », c’est-à-dire l’arithmétique, la géo­mé­trie et l’astronomie. Il rap­pelle d’autre part dans la Répu­blique que « l’astronomie et la musique sont sœurs, comme disent les Pytha­go­ri­ciens », qui consi­dé­raient en effet ces quatre dis­ci­plines, de l’arithmétique à la musique, comme un tout.

Plus tard, dans la Phy­sique, Aris­tote écrit à pro­pos des scien­ti­fiques qu’il nomme mathê­ma­ti­kos et phu­si­kos : « Il convient d’examiner par quoi le mathé­ma­ti­cien se dis­tingue du phy­si­cien ; en effet appar­tiennent aux corps phy­siques les sur­faces, solides, gran­deurs et points qui font l’objet des études mathé­ma­tiques. » Ain­si Aris­tote res­treint le terme géné­ral mathê­ma­ti­kos au sens de celui dont les études per­mettent d’expliquer les phé­no­mènes phy­siques, ce qui est encore aujourd’hui la pre­mière fina­li­té des mathé­ma­tiques. 

La musique et l’astronomie dans les mathématiques

Le son émis par une corde vibrante fait le lien entre musique et mathé­ma­tiques. Ain­si, Pytha­gore mon­trait qu’une corde deux fois plus courte qu’une autre émet la même note mais une octave au-des­sus, et que si les lon­gueurs de deux cordes sont dans un rap­port de nombres entiers, alors les sons émis sont en har­mo­nie (du grec har­mo­nia « ajus­te­ment, har­mo­nie » lié à la racine indo-euro­péenne *ar- « joindre, adap­ter », cf. Éty­mo­lo­giX d’avril 2018). Cette obser­va­tion est à la base de la construc­tion d’une gamme musi­cale, et inver­se­ment cela explique les termes mathé­ma­tiques de divi­sion har­mo­nique d’un seg­ment, ou de moyenne har­mo­nique de deux gran­deurs. En outre les 7 notes de musique étaient reliées aux orbites des 7 astres « errants » selon l’har­mo­nie des sphères de Pytha­gore. Ce rôle de la musique et de l’astronomie s’est affir­mé dans la mathé­ma­tique médié­vale, et le phi­lo­sophe Boèce ins­tau­rait au début du VIe siècle le qua­dri­vium : l’arithmétique, la musique, la géo­mé­trie et l’astronomie, les quatre com­po­santes de la mathé­ma­tique, puis des mathé­ma­tiques à par­tir du XVIIe siècle. Le Prin­ci­pia mathe­ma­ti­ca (1687 à 1726) de New­ton est bien un monu­ment de l’astronomie autant que des mathé­ma­tiques, et New­ton asso­ciait par ailleurs les 7 cou­leurs de l’arc-en-ciel aux 7 notes de musique. Le dic­tion­naire de l’Académie incluait encore la musique dans les mathé­ma­tiques jusqu’à sa 5e édi­tion (1798), ain­si que l’astronomie jusqu’à sa 7e édi­tion (1878).

Épilogue

Les mathé­ma­tiques, main­te­nant sépa­rées de la musique et de l’astronomie, ont retrou­vé une struc­ture qua­ter­naire avec l’analyse et les pro­ba­bi­li­tés, venues com­plé­ter l’algèbre (issue de l’arithmétique) et la géo­mé­trie. 

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