Etymologie :
Les Jeux olympiques et le sport
Le mont Olympe (en grec, Olumpos) culmine à près de 3 000 mètres d’altitude dans le nord de la Grèce. Selon Homère, son sommet était le séjour des dieux. Zeus, roi de l’Olympe, détenait l’éclair de la foudre. En effet, son nom grec, Zeus, se décline en Dios « de Zeus », d’où dios « divin », et se relie à la racine indo-européenne *deiw- signifiant « briller », « ciel lumineux », comme le latin dies « lumière du jour » et deus « dieu (céleste) ».
Olympie (Olympia), dans l’ouest du Péloponnèse, est le site très ancien d’un sanctuaire dédié à Zeus et c’est là qu’ont été fondés les Jeux olympiques (Olumpiakoi Agônes), des concours sportifs entre les cités grecques, tenus tous les quatre ans à partir de 776 avant J.-C.
On ne s’étendra pas sur l’étymologie très incertaine d’Olympe, pour s’intéresser plutôt aux noms du jeu aussi bien en grec qu’en latin et dans les langues modernes.
Toutes sortes de jeux
En grec, le jeu pouvait se dire paidia ou agôn, pluriel agônes. Dérivé de pais, paidos « enfant », paidia signifiait « jeu d’enfant », d’où « divertissement, amusement », alors qu’agôn désignait d’abord une assemblée comme celle qui se tenait pour un concours public. En effet, agôn dérive du verbe agein « mener, conduire », de même racine indo-européenne que le latin agere « conduire ». Le grec agôn désigne donc un jeu en action, tel que les jeux du cirque ou les Jeux olympiques et autres jeux sportifs. Considérant ces Jeux comme païens, l’empereur chrétien Théodose Ier les a interdits en 393.
« Ces Jeux, ressuscités en 1896 à Athènes, glorifient le sport. »
En latin, le jeu pouvait se dire jocus ou ludus. Alors que jocus désignait le jeu de mots, la plaisanterie, ludus désignait le jeu en action et, au pluriel, ludi nommait les jeux à caractère officiel ou religieux, par exemple ludi Olympiae pour les Jeux olympiques chez Cicéron. Cependant, la différence entre jocus et ludus s’est effacée en latin tardif, et finalement ludus est sorti d’usage, d’autant plus à la suite de l’interdiction des jeux publics. Le sens de jocus s’est alors élargi pour aboutir au français jeu (ainsi que l’italien gioco, l’espagnol juego) désignant toute forme de divertissement, dont les Jeux olympiques. Toutefois, ludus a subsisté dans de nombreux mots français venus du latin comme ludion, prélude, éluder, allusion (de adludere), illusion (de illudere), collusion (de colludere) ou créés plus tard comme ludique.
En anglais, le jeu a plusieurs noms : joke, du latin jocus, ainsi que game pour les jeux d’action, dont Olympic games, et gamble (dérivé de game) pour le jeu d’argent, ou encore play pour le jeu théâtral, musical ou sportif.
En allemand, Spiel, comme jeu en français, a un sens étendu et s’applique en particulier aux Jeux olympiques, Olympische Spiele.
Ces Jeux, ressuscités en 1896 à Athènes, glorifient le sport, un mot qui reste à expliquer.
Épilogue
Du verbe latin portare « transporter » dérive deportare signifiant « déplacer », puis au sens figuré en bas latin « divertir », d’où l’ancien français (se) deporter « (se) divertir » et deport « amusement », dont la variante desport est empruntée par le vieil anglais disport (vers 1300) au sens de « divertissement ». Ce mot s’abrège en sport (vers 1425) et prend en anglais au XVIe siècle son sens moderne. Enfin, au début du XIXe siècle, le mot sport est emprunté en français et dans la plupart des autres langues européennes, dont le grec moderne (σπορ) et les langues slaves (sport ou спорт), mais pas en espagnol, deporte, ni en portugais, desporto, qui sont restés proches du latin et ont résisté à l’anglais.
En illustration : Les athlètes parcourent les rues d’Olympie pour se rendre au stade. Conformément à la tradition antique, ils sont nus. À ce propos, du grec gumnos « peu vêtu, nu » viennent les mots gymnastique, gymnaste, gymnase…