Des athlètes à Olypie dont le nom vient du mont Olympe

Etymologie :
Les Jeux olympiques et le sport

Dossier : Jeux olympiques et sportMagazine N°796 Juin 2024
Par Pierre AVENAS (X65)

Le mont Olympe (en grec, Olum­pos) culmine à près de 3 000 mètres d’altitude dans le nord de la Grèce. Selon Homère, son som­met était le séjour des dieux. Zeus, roi de l’Olympe, déte­nait l’éclair de la foudre. En effet, son nom grec, Zeus, se décline en Dios « de Zeus », d’où dios « divin », et se relie à la racine indo-euro­péenne *deiw- signi­fiant « briller », « ciel lumi­neux », comme le latin dies « lumière du jour » et deus « dieu (céleste) ».

Olym­pie (Olym­pia), dans l’ouest du Pélo­pon­nèse, est le site très ancien d’un sanc­tuaire dédié à Zeus et c’est là qu’ont été fon­dés les Jeux olym­piques (Olum­pia­koi Agônes), des concours spor­tifs entre les cités grecques, tenus tous les quatre ans à par­tir de 776 avant J.-C.

On ne s’étendra pas sur l’étymologie très incer­taine d’Olympe, pour s’intéresser plu­tôt aux noms du jeu aus­si bien en grec qu’en latin et dans les langues modernes.

Toutes sortes de jeux

En grec, le jeu pou­vait se dire pai­dia ou agôn, plu­riel agônes. Déri­vé de pais, pai­dos « enfant », pai­dia signi­fiait « jeu d’enfant », d’où « diver­tis­se­ment, amu­se­ment », alors qu’agôn dési­gnait d’abord une assem­blée comme celle qui se tenait pour un concours public. En effet, agôn dérive du verbe agein « mener, conduire », de même racine indo-euro­péenne que le latin agere « conduire ». Le grec agôn désigne donc un jeu en action, tel que les jeux du cirque ou les Jeux olym­piques et autres jeux spor­tifs. Consi­dé­rant ces Jeux comme païens, l’empereur chré­tien Théo­dose Ier les a inter­dits en 393.

« L’empereur chrétien Théodose Ier a interdit ces Jeux en 393. »

En latin, le jeu pou­vait se dire jocus ou ludus. Alors que jocus dési­gnait le jeu de mots, la plai­san­te­rie, ludus dési­gnait le jeu en action et, au plu­riel, ludi nom­mait les jeux à carac­tère offi­ciel ou reli­gieux, par exemple ludi Olym­piae pour les Jeux olym­piques chez Cicé­ron. Cepen­dant, la dif­fé­rence entre jocus et ludus s’est effa­cée en latin tar­dif, et fina­le­ment ludus est sor­ti d’usage, d’autant plus à la suite de l’interdiction des jeux publics. Le sens de jocus s’est alors élar­gi pour abou­tir au fran­çais jeu (ain­si que l’italien gio­co, l’espagnol jue­go) dési­gnant toute forme de diver­tis­se­ment, dont les Jeux olym­piques. Tou­te­fois, ludus a sub­sis­té dans de nom­breux mots fran­çais venus du latin comme ludion, pré­lude, élu­der, allu­sion (de adlu­dere), illu­sion (de illu­dere), col­lu­sion (de col­lu­dere) ou créés plus tard comme ludique.

En anglais, le jeu a plu­sieurs noms : joke, du latin jocus, ain­si que game pour les jeux d’action, dont Olym­pic games, et gamble (déri­vé de game) pour le jeu d’argent, ou encore play pour le jeu théâ­tral, musi­cal ou sportif.

En alle­mand, Spiel, comme jeu en fran­çais, a un sens éten­du et s’applique en par­ti­cu­lier aux Jeux olym­piques, Olym­pische Spiele.

Ces Jeux, res­sus­ci­tés en 1896 à Athènes, glo­ri­fient le sport, un mot qui reste à expliquer.

Épilogue

Du verbe latin por­tare « trans­por­ter » dérive depor­tare signi­fiant « dépla­cer », puis au sens figu­ré en bas latin « diver­tir », d’où l’ancien fran­çais (se) depor­ter « (se) diver­tir » et deport « amu­se­ment », dont la variante desport est emprun­tée par le vieil anglais disport (vers 1300) au sens de « diver­tis­se­ment ». Ce mot s’abrège en sport (vers 1425) et prend en anglais au XVIe siècle son sens moderne. Enfin, au début du XIXe siècle, le mot sport est emprun­té en fran­çais et dans la plu­part des autres langues euro­péennes, dont le grec moderne (σπορ) et les langues slaves (sport ou спорт), mais pas en espa­gnol, deporte, ni en por­tu­gais, despor­to, qui sont res­tés proches du latin et ont résis­té à l’anglais. 


En illus­tra­tion : Les ath­lètes par­courent les rues d’O­lym­pie pour se rendre au stade. Confor­mé­ment à la tra­di­tion antique, ils sont nus. À ce pro­pos, du grec gum­nos « peu vêtu, nu » viennent les mots gym­nas­tiquegym­nastegym­nase

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