Eurogerm

Eurogerm : « Accompagner la transition alimentaire par l’innovation, le goût et la durabilité »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°797 Septembre 2024
Par Gabriel GENDREAU (X00)

Spé­cia­li­sée dans les solu­tions tech­no­lo­giques pour la filière blé-farine-pain, Euro­germ est une socié­té en pleine expan­sion qui s’appuie sur une connais­sance fine des ingré­dients et de la for­mu­la­tion des recettes pour amé­lio­rer les pro­duits de l’industrie agroa­li­men­taire. Entre­tien avec Gabriel Gen­dreau (X00), direc­teur géné­ral France d’Eurogerm.


https://www.eurogerm.com/


Décrivez-nous le cœur de métier d’Eurogerm…

Il est assez peu connu du grand public. La socié­té est spé­cia­li­sée dans la four­ni­ture d’ingrédients et de solu­tions tech­no­lo­giques, issues le plus sou­vent des filières céréales, pour l’agroalimentaire. Elle déve­loppe des mix pour com­plé­ter, har­mo­ni­ser et enri­chir les pro­prié­tés des farines uti­li­sées en meu­ne­rie ou par les bou­lan­ge­ries et pâtis­se­ries indus­trielles. Ces adju­vants vont ain­si amé­lio­rer, selon le besoin et le cahier des charges des clients, la durée de conser­va­tion, l’homogénéité, le moel­leux, le crous­tillant, la cou­leur des pains et des vien­noi­se­ries. Ils agissent sur la sen­so­ria­li­té, l’impact car­bone ou la natu­ra­li­té des pro­duits finaux, l’un des objec­tifs prin­ci­paux étant la pro­mo­tion des ingré­dients natu­rels, dans une démarche de « clean label ». Ain­si, nous sommes pla­cés au cœur de la filière car nous trai­tons avec presque l’ensemble de ses acteurs, auprès des­quels nous jouons un rôle de pres­crip­teur et de tiers de confiance.

Quelle est l’origine de l’entreprise ?

Euro­germ a été fon­dée en 1989 à Dijon, par Jean-Phi­lippe Girard, meu­nier de for­ma­tion qui a lan­cé son propre labo­ra­toire d’analyses pour livrer des recom­man­da­tions des­ti­nées à l’utilisation des farines. En effet, d’une année à l’autre, ou plu­tôt d’une récolte sur l’autre, la com­po­si­tion des céréales change et il faut « cor­ri­ger » les farines de manière à faci­li­ter leur uti­li­sa­tion par les meu­niers ou les indus­triels. Sans cette cor­rec­tion, la qua­li­té des pro­duits serait gran­de­ment impac­tée, à com­men­cer par les pains de toutes sortes, pétris chaque jour dans quelques 30 000 bou­lan­ge­ries arti­sa­nales françaises.

Comment s’est-elle développée ?

Trente ans après sa créa­tion, l’entreprise attei­gnait les 100 mil­lions de chiffre d’affaires, avec une posi­tion unique sur le mar­ché ain­si qu’une cré­di­bi­li­té tech­nique recon­nue par tous les acteurs. En 2021, le fon­da­teur a cédé l’entreprise à un groupe de sala­riés ados­sés au fonds d’investissement NAXICAP, dans le cadre d’un LMBO. Depuis ce rachat, la socié­té a mul­ti­plié sa taille par 2,5, grâce à une stra­té­gie d’acquisitions et de crois­sance externe sur les deux conti­nents amé­ri­cains et plus récem­ment, en Europe.

L’entreprise s’est, par ailleurs, for­te­ment diver­si­fiée. À l’origine fran­co-fran­çaise et foca­li­sée sur la meu­ne­rie ; elle a pro­gres­si­ve­ment conquis des parts de mar­ché à l’international, en bou­lan­ge­rie arti­sa­nale puis en pâtis­se­rie, avec d’autres déve­lop­pe­ments pos­sibles en bis­cui­te­rie ou en pâtes ali­men­taires. Nous ven­dons nos pro­duits aux indus­triels du BtoC, aux trans­for­ma­teurs inter­mé­diaires, ain­si qu’aux chaînes de la grande dis­tri­bu­tion qui dis­posent de leurs propres bou­lan­ge­ries. La grande diver­si­té de clients, tant par la taille que par la typo­lo­gie, et la connais­sance très pré­cise de leurs pro­duits, consti­tuent les grandes forces d’Eurogerm.

Sur quoi votre expertise repose-t-elle ?

Nos pro­duits sont de savants cock­tails de farines spé­ciales, graines, pro­téines de blé, ami­dons, sucres, ovo­pro­duits et autres matières lai­tières, mais aus­si et sur­tout d’enzymes, dont nous maî­tri­sons par­fai­te­ment les appli­ca­tions. De ce point de vue, nous scru­tons les légis­la­tions euro­péennes ou locales, qui évo­luent à grande vitesse et imposent un éti­que­tage très strict, notam­ment sur les addi­tifs. Ain­si nous pro­po­sons à nos clients, dans la mesure du pos­sible, des solu­tions de sub­sti­tu­tion avec des ingré­dients d’origine naturelle.

Quels sont les travaux menés par le pôle R&D de l’entreprise ?

Les 15 sala­riés de notre labo­ra­toire fran­çais tra­vaillent actuel­le­ment sur dif­fé­rents axes de recherche fon­da­men­tale, à tra­vers le déve­lop­pe­ment de micro-orga­nismes, en vue d’utiliser les pro­prié­tés des céréales bio­fer­men­tées. Dans le cadre du pro­gramme France 2030, nous avons inves­ti 20 mil­lions d’euros dans une nou­velle usine, dédiée à ces tech­no­lo­gies, non loin du siège dijon­nais de l’entreprise. En paral­lèle, nous par­ti­ci­pons au consor­tium « Fer­ments du futur » qui réunit de nom­breux acteurs de l’agroalimentaire, publics et pri­vés, labo­ra­toires, star­tups et grands groupes, autour d’un pro­jet public de mise en com­mun des moyens pour finan­cer des pro­grammes de recherche et faire pro­gres­ser l’ensemble de la filière. Le poten­tiel de la bio­fer­men­ta­tion est encore lar­ge­ment à découvrir !

Comment ces recherches vont-elles se concrétiser ?

Ces nou­veaux ingré­dients nous per­met­tront de nom­breux déve­lop­pe­ments, dans une optique de « clean label », ain­si que dans le domaine sen­so­riel : nou­velles saveurs, tex­tures, cou­leurs, durée de vie des pro­duits. Dans d’autres domaines de R&D, comme la décar­bo­na­tion, nous aidons nos clients à réduire leur empreinte car­bone en déve­lop­pe­ment des alter­na­tives aux matières pre­mières lai­tières et aux œufs, qui sont des ingré­dients à fort impact car­bone. Nous avons ain­si éla­bo­ré des solu­tions pour brioches, buns, muf­fins et crèmes pâtis­sières au goût bluf­fant ! Nous nous inté­res­sons éga­le­ment aux sché­mas d’économie cir­cu­laire, avec l’upcycling des co-pro­duits de l’industrie agroa­li­men­taire. Par exemple, la drêche, rési­du de la fer­men­ta­tion du malt, en bras­se­rie, qui peut être trans­for­mée et micro­ni­sée en farine, ce qui per­met­trait d’écouler des matières encore peu ou pas valorisées.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Euro­germ est aujourd’hui une ETI en pleine muta­tion. Au-delà du pro­jet finan­cier, il s’agit avant tout d’une aven­ture humaine, qui a ses racines en Bour­gogne et reste très atta­chée à la filière céréales, tout en se pro­je­tant vers l’international et les nou­veaux mar­chés. À la recherche per­ma­nente du bon com­pro­mis entre ses valeurs, sa capa­ci­té à inno­ver, les attentes de nos par­ties pre­nantes, et notam­ment de nos action­naires, l’entreprise veut entre­te­nir l’engagement et la pas­sion de ses col­la­bo­ra­teurs. Cela passe par une poli­tique RSE effi­cace et visible. 

“ Eurogerm est avant tout une aventure humaine, qui a ses racines en Bourgogne et reste très attachée à la filière céréales, tout en se projetant vers l’international. ”

Les sala­riés s’engagent au quo­ti­dien dans des actions de mécé­nat, des ini­tia­tives « zéro gas­pi » ou contre les pra­tiques pol­luantes. Et cela se tra­duit bien sûr dans les pro­duits et solu­tions que nous appor­tons au mar­ché. Nous ne vou­lons jamais céder à la faci­li­té de solu­tions dont les impacts seraient néfastes pour les consom­ma­teurs et l’environnement. Nous vou­lons, dans ce sens, être une entre­prise à impact, très inno­vante et au ser­vice de filières alimentaires. 

Un dernier mot pour les lecteurs de la J&R…

Euro­germ affiche de grandes ambi­tions de crois­sance et de déve­lop­pe­ment, à l’échelle mon­diale. Nous sommes en phase active de recru­te­ment, en par­ti­cu­lier dans les fonc­tions tech­niques et R&D. Les ingé­nieurs inté­res­sés par la for­mu­la­tion et les nou­veaux ingré­dients ali­men­taires pour­ront trou­ver chez nous des par­cours pas­sion­nants et du sens dans leur tra­vail ! 


En bref

Euro­germ est une ETI ras­sem­blant une quin­zaine de filiales pré­sentes sur trois conti­nents : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Spé­cia­li­sée dans les amé­lio­rants et solu­tions tech­niques dédiées à la filière céréales (farine, pain et vien­noi­se­rie), la socié­té, en pleine expan­sion, réa­lise un chiffre d’affaires annuel de 240 mil­lions d’euros.

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