Eurogerm : « Accompagner la transition alimentaire par l’innovation, le goût et la durabilité »
Spécialisée dans les solutions technologiques pour la filière blé-farine-pain, Eurogerm est une société en pleine expansion qui s’appuie sur une connaissance fine des ingrédients et de la formulation des recettes pour améliorer les produits de l’industrie agroalimentaire. Entretien avec Gabriel Gendreau (X00), directeur général France d’Eurogerm.
Décrivez-nous le cœur de métier d’Eurogerm…
Il est assez peu connu du grand public. La société est spécialisée dans la fourniture d’ingrédients et de solutions technologiques, issues le plus souvent des filières céréales, pour l’agroalimentaire. Elle développe des mix pour compléter, harmoniser et enrichir les propriétés des farines utilisées en meunerie ou par les boulangeries et pâtisseries industrielles. Ces adjuvants vont ainsi améliorer, selon le besoin et le cahier des charges des clients, la durée de conservation, l’homogénéité, le moelleux, le croustillant, la couleur des pains et des viennoiseries. Ils agissent sur la sensorialité, l’impact carbone ou la naturalité des produits finaux, l’un des objectifs principaux étant la promotion des ingrédients naturels, dans une démarche de « clean label ». Ainsi, nous sommes placés au cœur de la filière car nous traitons avec presque l’ensemble de ses acteurs, auprès desquels nous jouons un rôle de prescripteur et de tiers de confiance.
Quelle est l’origine de l’entreprise ?
Eurogerm a été fondée en 1989 à Dijon, par Jean-Philippe Girard, meunier de formation qui a lancé son propre laboratoire d’analyses pour livrer des recommandations destinées à l’utilisation des farines. En effet, d’une année à l’autre, ou plutôt d’une récolte sur l’autre, la composition des céréales change et il faut « corriger » les farines de manière à faciliter leur utilisation par les meuniers ou les industriels. Sans cette correction, la qualité des produits serait grandement impactée, à commencer par les pains de toutes sortes, pétris chaque jour dans quelques 30 000 boulangeries artisanales françaises.
Comment s’est-elle développée ?
Trente ans après sa création, l’entreprise atteignait les 100 millions de chiffre d’affaires, avec une position unique sur le marché ainsi qu’une crédibilité technique reconnue par tous les acteurs. En 2021, le fondateur a cédé l’entreprise à un groupe de salariés adossés au fonds d’investissement NAXICAP, dans le cadre d’un LMBO. Depuis ce rachat, la société a multiplié sa taille par 2,5, grâce à une stratégie d’acquisitions et de croissance externe sur les deux continents américains et plus récemment, en Europe.
L’entreprise s’est, par ailleurs, fortement diversifiée. À l’origine franco-française et focalisée sur la meunerie ; elle a progressivement conquis des parts de marché à l’international, en boulangerie artisanale puis en pâtisserie, avec d’autres développements possibles en biscuiterie ou en pâtes alimentaires. Nous vendons nos produits aux industriels du BtoC, aux transformateurs intermédiaires, ainsi qu’aux chaînes de la grande distribution qui disposent de leurs propres boulangeries. La grande diversité de clients, tant par la taille que par la typologie, et la connaissance très précise de leurs produits, constituent les grandes forces d’Eurogerm.
Sur quoi votre expertise repose-t-elle ?
Nos produits sont de savants cocktails de farines spéciales, graines, protéines de blé, amidons, sucres, ovoproduits et autres matières laitières, mais aussi et surtout d’enzymes, dont nous maîtrisons parfaitement les applications. De ce point de vue, nous scrutons les législations européennes ou locales, qui évoluent à grande vitesse et imposent un étiquetage très strict, notamment sur les additifs. Ainsi nous proposons à nos clients, dans la mesure du possible, des solutions de substitution avec des ingrédients d’origine naturelle.
Quels sont les travaux menés par le pôle R&D de l’entreprise ?
Les 15 salariés de notre laboratoire français travaillent actuellement sur différents axes de recherche fondamentale, à travers le développement de micro-organismes, en vue d’utiliser les propriétés des céréales biofermentées. Dans le cadre du programme France 2030, nous avons investi 20 millions d’euros dans une nouvelle usine, dédiée à ces technologies, non loin du siège dijonnais de l’entreprise. En parallèle, nous participons au consortium « Ferments du futur » qui réunit de nombreux acteurs de l’agroalimentaire, publics et privés, laboratoires, startups et grands groupes, autour d’un projet public de mise en commun des moyens pour financer des programmes de recherche et faire progresser l’ensemble de la filière. Le potentiel de la biofermentation est encore largement à découvrir !
Comment ces recherches vont-elles se concrétiser ?
Ces nouveaux ingrédients nous permettront de nombreux développements, dans une optique de « clean label », ainsi que dans le domaine sensoriel : nouvelles saveurs, textures, couleurs, durée de vie des produits. Dans d’autres domaines de R&D, comme la décarbonation, nous aidons nos clients à réduire leur empreinte carbone en développement des alternatives aux matières premières laitières et aux œufs, qui sont des ingrédients à fort impact carbone. Nous avons ainsi élaboré des solutions pour brioches, buns, muffins et crèmes pâtissières au goût bluffant ! Nous nous intéressons également aux schémas d’économie circulaire, avec l’upcycling des co-produits de l’industrie agroalimentaire. Par exemple, la drêche, résidu de la fermentation du malt, en brasserie, qui peut être transformée et micronisée en farine, ce qui permettrait d’écouler des matières encore peu ou pas valorisées.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Eurogerm est aujourd’hui une ETI en pleine mutation. Au-delà du projet financier, il s’agit avant tout d’une aventure humaine, qui a ses racines en Bourgogne et reste très attachée à la filière céréales, tout en se projetant vers l’international et les nouveaux marchés. À la recherche permanente du bon compromis entre ses valeurs, sa capacité à innover, les attentes de nos parties prenantes, et notamment de nos actionnaires, l’entreprise veut entretenir l’engagement et la passion de ses collaborateurs. Cela passe par une politique RSE efficace et visible.
“ Eurogerm est avant tout une aventure humaine, qui a ses racines en Bourgogne et reste très attachée à la filière céréales, tout en se projetant vers l’international. ”
Les salariés s’engagent au quotidien dans des actions de mécénat, des initiatives « zéro gaspi » ou contre les pratiques polluantes. Et cela se traduit bien sûr dans les produits et solutions que nous apportons au marché. Nous ne voulons jamais céder à la facilité de solutions dont les impacts seraient néfastes pour les consommateurs et l’environnement. Nous voulons, dans ce sens, être une entreprise à impact, très innovante et au service de filières alimentaires.
Un dernier mot pour les lecteurs de la J&R…
Eurogerm affiche de grandes ambitions de croissance et de développement, à l’échelle mondiale. Nous sommes en phase active de recrutement, en particulier dans les fonctions techniques et R&D. Les ingénieurs intéressés par la formulation et les nouveaux ingrédients alimentaires pourront trouver chez nous des parcours passionnants et du sens dans leur travail !
En bref
Eurogerm est une ETI rassemblant une quinzaine de filiales présentes sur trois continents : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Spécialisée dans les améliorants et solutions techniques dédiées à la filière céréales (farine, pain et viennoiserie), la société, en pleine expansion, réalise un chiffre d’affaires annuel de 240 millions d’euros.