Sibelius : Concerto pour violon / Rossini : Ouverture de Sémiramis / Schumann : Symphonie n° 3 « Rhénane »
Europakonzert : Leonidas Kavakos, violon. Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Sir Simon Rattle
Un DVD ou un Blu-ray Euroarts
Depuis trente ans, le Philharmonique de Berlin donne un concert annuel, l’Europakonzert, le 1er Mai dans une ville d’Europe. En 2015, l’Europakonzert a eu lieu à Athènes (comme onze ans plus tôt pour le concert joué à l’Odéon d’Hérode Atticus commenté ici en décembre 2007, déjà dirigé par Sir Simon Rattle).
Rossini en hors‑d’œuvre
Ce concert, dans la célèbre salle du Megaron d’Athènes, débute par la vive ouverture de l’opéra Sémiramis (1823) de Gioacchino Rossini. Ce dernier opéra italien de Rossini (il écrira désormais pour Paris) d’après la pièce de Voltaire, qui a la reine de Babylone comme héroïne, n’est plus guère connu que pour l’ouverture et deux airs magnifiques. Il s’agit d’un opera seria, comme Tancrède ou La Donna del lago, de style belcantiste mais bien sûr moins enlevé que les opéras célèbres de Rossini comme Le Barbier de Séville ou La Cenerentola. Pourtant l’ouverture est pleine d’humour, voire d’espièglerie, parfaitement rendus par les magnifiques instrumentistes de Berlin. Notamment les vents (dont un piccolo souverain) font rayonner cette ouverture, qui devient un superbe hors‑d’œuvre pour ce concert marquant.
Sibelius en plat de résistance
Le plat de résistance de la première partie de ce concert est naturellement l’incroyable Concerto pour violon écrit par Jean Sibelius en 1905, seul concerto du compositeur finlandais. Simon Rattle adore Sibelius, nous en avons commenté ici en juin 2017 l’intégrale des symphonies avec ce même orchestre. Et le soliste violoniste « local » Leonidas Kavakos est un grand spécialiste de ce concerto. Il en joue d’ailleurs souvent la très rare version originale (1904), qu’il a interprétée à la Philharmonie de Paris il y a quelques années, nous y étions, et il l’a enregistrée (label Bis, disque très très intéressant et récompensé de nombreuses fois). Mais, ce soir-là, c’est la version bien connue de 1905, créée sous la direction de Richard Strauss, qui est interprétée par Rattle et Kavakos, et son violon lumineux (un stradivarius de 1724).
Schumann en seconde partie
En seconde partie, Rattle rappelle aux auditeurs athéniens l’origine et la spécialité de son orchestre, peut-être le plus beau du monde, avec la Troisième Symphonie de Robert Schumann. On le sait, les quatre symphonies de Schumann sont souvent dénigrées, au motif qu’elles seraient faiblement orchestrées (c’est faux) et que Schumann a donné le meilleur de son génie dans son œuvre pour piano (c’est vrai). Jugez vous-mêmes avec cette brillante Symphonie rhénane, curieuse-ment en cinq mouvements.
Hommage au Rhin, dans lequel Schumann à la fin de sa vie se jettera.