Épreuves du premier jour à l’European Girls’ Mathematical Olympiad (EGMO) 2022.

Après les JO de Paris 2024 : l’European Girls’ Mathematical Olympiad de Bordeaux 2026

Dossier : Environnement & sociétéMagazine N°799 Novembre 2024
Par Aline CAHUZAC (X19)
Par Rémi LESBATS (X19)

La France accueille en avril 2026 l’European Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad, une com­pé­ti­tion inter­na­tio­nale exclu­si­ve­ment fémi­nine, qui encou­rage nombre de jeunes filles à se lan­cer et per­sé­vé­rer dans les mathé­ma­tiques de haut niveau. L’AX et l’X sou­tiennent cette ini­tia­tive qui répond à l’ambition scien­ti­fique et socié­tale de notre pays. Les par­rai­nages sont atten­dus nom­breux par ailleurs !

Peut-être connais­sez-vous l’Inter­national Mathe­ma­ti­cal Olym­piad (IMO) : c’est depuis 1959 la plus pres­ti­gieuse com­pé­ti­tion mathé­matique pour les lycéens (par­fois col­lé­giens) au monde.

European Girls’ Mathematical Olympiad 2023
Euro­pean Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad 2023

Qu’est-ce que l’EGMO ?

Aujourd’hui, chaque IMO réunit plus de 600 par­ti­ci­pants d’environ 110 pays, mais encore très peu de filles – de 10 à 15 % selon les années. En 2012, 19 pays ont créé une com­pé­ti­tion qui leur serait dédiée, sur le modèle de l’IMO (for­mat des épreuves, orga­ni­sa­tion de la semaine) : l’Euro­pean Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad (EGMO). L’expérience a pros­pé­ré : d’année en année, l’EGMO est deve­nue une des prin­ci­pales olym­piades inter­na­tio­nales de mathé­ma­tiques, et la plus grande qui soit 100 % féminine.

Pour envi­ron 220 par­ti­ci­pantes de plus de 50 pays, c’est une semaine de ren­contres, de décou­vertes, de pas­sion, où il est autant ques­tion de per­for­mance que de par­tage, de com­pé­ti­tion que d’amitié, des réus­sites d’aujourd’hui que des rêves d’avenir, comme en témoigne Han­nah Fau­cheu (X24), qui y a par­ti­ci­pé en 2021 et en 2022 : « L’EGMO est une expé­rience incroyable. À tra­vers cette com­pé­ti­tion, j’ai eu la chance de ren­con­trer de nom­breuses femmes scien­ti­fiques ambi­tieuses et ins­pi­rantes. Cela m’a construite, me pous­sant à pour­suivre des études scien­ti­fiques avec confiance. » Se qua­li­fier pour une telle com­pé­ti­tion est, pour beau­coup, déjà un accom­plis­se­ment en soi, un objec­tif moti­vant pen­dant des années de pré­pa­ra­tion intensive.

En France, c’est l’association Ani­math qui pilote la pré­pa­ra­tion olym­pique fran­çaise de mathé­ma­tiques (POFM), accueillant chaque année envi­ron 200 jeunes, dont cer­tains repré­sen­te­ront un jour le pays à l’IMO, l’EGMO ou d’autres com­pé­ti­tions. Ani­math coor­donne en outre une dizaine d’actions en France et en Afrique fran­co­phone, dont deux dédiées aux filles : les Jour­nées « filles, maths et infor­ma­tique, une équa­tion lumi­neuse » (avec l’École poly­tech­nique) et les Ren­dez-vous des jeunes mathé­ma­ti­ciennes et informaticiennes.

Visite de Portoroz à l’European Girls’ Mathematical Olympiad 2023.
Visite de Por­to­roz à l’European Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad 2023.

Comment en arrive-t-on à Bordeaux 2026 ?

Aline : « J’ai eu la chance de par­ti­ci­per à l’EGMO 2017, dont j’ai gar­dé une médaille et sur­tout d’impérissables sou­ve­nirs : la ville-hôte, Zürich, m’a tel­le­ment plu que j’y suis retour­née en 4A. Deve­nue béné­vole à la POFM en fin de ter­mi­nale, j’ai décou­vert le rôle de lea­der lors de l’EGMO (vir­tuel) 2021 puis celui de 2023 (Slo­vé­nie). Cette même année, en fin de 4A jus­te­ment, avec le goût pour les pro­jets un peu fous que m’a don­né l’X, j’ai sai­si au vol une idée : et si la France (donc nous, Ani­math) orga­ni­sait une pro­chaine EGMO ? »

Rémi : « Comme Aline, je suis béné­vole pour la POFM depuis fin 2017. Je m’y suis décou­vert une pas­sion pour l’organisation d’événements tou­jours plus ambi­tieux : coor­don­ner les béné­voles pen­dant l’année, contac­ter divers centres de stage, orga­ni­ser l’Olympiade fran­co­phone 2025, etc. L’accueil de l’EGMO en 2026 sera pour moi l’aboutissement de toutes ces expé­riences, et je suis ravi et fier que nous ayons enfin trou­vé la moti­va­tion et les res­sources béné­voles pour nous lancer ! »

Depuis main­te­nant un an donc, les contours se pré­cisent : la date (du 9 au 15 avril 2026), le lieu (Bor­deaux), des sou­tiens (uni­ver­si­té de Bor­deaux, CNRS-maths), le logo, le pro­gramme. Clô­tu­rant l’EGMO 2024 en Géor­gie, un vote du jury nous a offi­ciel­le­ment attri­bué l’organisation de l’édition 2026 : à nous main­te­nant de nous mon­trer à la hau­teur de leurs espoirs !

Equipe de France à l'European Girls’ Mathematical Olympiad 2024
Equipe de France à l’Eu­ro­pean Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad 2024

Une ambition inédite

À l’instar de ses homo­logues étran­gers, la POFM s’implique dans les jurys et comi­tés orga­ni­sa­teurs de nom­breuses com­pé­ti­tions inter­na­tio­nales, en plus d’y concou­rir. Nous avons lan­cé en 2020 l’Olympiade fran­co­phone de mathé­ma­tiques, deve­nue une com­pé­ti­tion annuelle (à dis­tance). Ani­math a par ailleurs orga­ni­sé (en pré­sen­tiel) l’Inter­na­tio­nal Tour­na­ment of Young Mathe­ma­ti­cians (ITYM) 2019, puis créé l’Euro­pean Tour­na­ment of Enthu­sias­tic Appren­tice Mathe­ma­ti­cians (ETEAM) cette année. Pour­tant, la France n’a accueilli qu’une seule olym­piade inter­na­tio­nale sur son sol : l’IMO 1983 (32 pays, 196 com­pé­ti­teurs, logés au lycée Louis-le-Grand !). L’Euro­pean Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad 2026 sera donc la plus grande olym­piade inter­na­tio­nale de mathé­ma­tiques jamais orga­ni­sée dans notre pays, qui détient plu­sieurs médailles Fields, a don­né de grands noms à l’histoire des sciences et rayonne par la qua­li­té de sa recherche et ses écoles.

Motiver les filles !

L’EGMO n’est pas qu’une expé­rience pour ses par­ti­ci­pantes directes, c’est une moti­va­tion pour des cen­taines de jeunes filles à se lan­cer et per­sé­vé­rer dans les mathé­ma­tiques de haut niveau, comme Elsa Lubek (X22, par­ti­ci­pante à l’EGMO en 2020) : « Lorsque j’ai com­men­cé les mathé­ma­tiques olym­piques, l’EGMO a for­te­ment contri­bué à me moti­ver pour suivre sérieu­se­ment la pré­pa­ra­tion olym­pique, même si j’aimais déjà faire des maths par simple plai­sir. Je pense que ma par­ti­ci­pa­tion et ma médaille m’ont mise en confiance pour la suite de mes études. »

Les pays par­ti­ci­pants tra­vaillent à la fémi­ni­sa­tion de leurs pré­pa­ra­tions olym­piques et s’attaquent à la sous-repré­sen­ta­tion des femmes dans les acti­vi­tés scien­ti­fiques, dès le col­lège. Si la prise de conscience n’est plus à faire en France, la réforme du lycée accen­tue un déca­lage : en 2020, 44 % des filles en ter­mi­nale y pré­pa­raient un « bac scien­ti­fique » (12 heures de sciences et 5,5 de mathé­ma­tiques par semaine) ; elles sont 17 % en 2022. Chez les gar­çons, le taux passe de 63 % à 41 %. Alors que les défis d’aujourd’hui font appel à tou­jours plus d’ingénieurs et cher­cheurs pour créer le monde de demain, l’enjeu de l’attractivité des domaines scien­ti­fiques pour les jeunes femmes n’a jamais été autant d’actualité.

European Girls’ Mathematical Olympiad de Bordeaux 2026

Parrainez, parrainez, il en restera toujours quelque chose !

En avril 2026, l’Euro­pean Girls’ Mathe­ma­ti­cal Olym­piad accueille­ra autour de 500 per­sonnes, gra­tui­te­ment pour la plu­part. Le bud­get, équi­valent à plu­sieurs années de fonc­tion­ne­ment stan­dard d’Animath toutes actions incluses, repo­se­ra essen­tiel­le­ment sur la géné­ro­si­té de spon­sors et mécènes.

Par­rai­ner l’EGMO est une occa­sion unique de mettre en avant pour les dix-huit mois qui viennent, auprès d’un public inter­na­tio­nal, un véri­table enga­ge­ment, une vision des mathé­ma­tiques comme lan­gage uni­ver­sel et espace d’épanouissement pour tous. C’est un moyen concret d’affirmer la légi­ti­mi­té des jeunes femmes dans les sciences, de récom­pen­ser l’effort et l’excellence, de pro­mou­voir la curio­si­té intel­lec­tuelle. Ces valeurs se retrouvent dans l’esprit de l’École poly­tech­nique et c’est un hon­neur (et une fier­té) pour nous d’avoir le sou­tien de l’AX et du Pôle éga­li­té des chances de l’X dans ce projet.

Comme le dit Elsa : « Notre nation entre­tient un lien pri­vi­lé­gié avec les mathé­ma­tiques pures, mais le milieu reste mal­heu­reu­se­ment très gen­ré. Ce sera vrai­ment un hon­neur et un beau sym­bole pour la France d’accueillir l’EGMO 2026. »


Références

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